Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Entre les prévisions d’une économie mondiale peu dynamique en 2024, et donc d’une demande modérée, et une offre stable, les cours des céréales, et dans une moindre mesure des tourteaux, sont baissiers. La révision à la hausse mi-janvier par l’USDA de ses prévisions de stocks de blé et de production de maïs a encore accentué cette dynamique.

Les exportateurs européens peinent à sortir leur épingle du jeu face aux céréales russes et ukrainiennes, très compétitives. Les récents achats du Maroc et de la Chine leur ont redonné quelques couleurs ces dernières semaines.

Le blé sous la barre des 200 €/t

Le cours du blé est passé sous la barre symbolique des 200 euros tonnes depuis quelques semaines, à 172 €/t mi févier, pour le blé disponible Eure et Loire. Le maïs suit la même évolution et affiche 154 €/t. Ils retrouvent ainsi leurs niveaux de 2020.

Pour la prochaine récolte, les observateurs s’inquiètent des conditions de semis et de culture dégradées en France et en Europe, avec des surfaces semées en recul pour les céréales d’hiver et des conditions de cultures dégradées dans un certain nombre de régions, entre excès et absence d’eau.

Les tourteaux évoluent à un niveau élevé

Les cours des tourteaux de colza et soja sont plus volatils que les céréales et se maintiennent à des niveaux élevés : 464 €/t pour le tourteau de soja rendu Montoir mi-février, soit près de 150 €/t supérieur à son niveau du printemps 2020, et 290 €/t pour le tourteau de colza rendu Rouen.

L’Ipampa aliments achetés toujours très au-dessus de ses niveaux de 2020 et 2021

Cette baisse régulière des cours des céréales depuis plusieurs mois s’est traduite progressivement dans l’indicateur aliments achetés de l’Ipampa.

L’indice aliments achetés lait de vache, par exemple, avait ainsi atteint un pic en février 2023 à 151 (base 100 en 2015), avant de descendre progressivement à 135 en décembre, pour une moyenne 2023 à 142, soit quasiment le même niveau que 2022. Il reste toujours très au-dessus des niveaux 2021, moyenne de 114, et 2020, moyenne à 102. Les cours des tourteaux qui restent élevés maintiennent cet indicateur à un niveau haut.

Réduction de l’écart de prix entre tourteau de soja standard et non OGM

En 2021, l’écart de prix entre le tourteau de soja standard et le non OGM s’était envolé. D’une différence de prix d’un peu plus de 80 €/t en moyenne en 2020, on était passé à 150 €/t en 2021 et même à plus de 227 €/t en moyenne en 2022. Cette « explosion » s’explique par différents facteurs, notamment une forte baisse des disponibilités. L’Inde, producteur important avait fait défaut à la suite de mauvaises récoltes. Dans le même temps, les agriculteurs brésiliens avaient moins semé, estimant la prime non OGM trop faible, et le soja provenant de la mer Noire était bloqué. En parallèle, la demande s’était développée en France.
En 2023, un retour à un différentiel de prix plus « normal » a été observé, 84 €/t en moyenne sur le premier semestre et 53 €/t sur la seconde partie de l’année. La situation semble revenue à la normale, avec un retour des disponibilités et moins de tensions sur la demande (report du passage de l’alimentation des volailles Label Rouge en non OGM par exemple).