Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

La Turquie, en manque de viande, a rouvert son marché en 2023 et l’Algérie vient de rouvrir le sien à la viande espagnole. La perspective du début du Ramadan le 10 mars dynamise le marché, alors que l’offre en Europe est plus que limitée.

La Turquie aux achats

En manque de viande et pour faire face à la très forte inflation dans un contexte électoral, le gouvernement turc a rouvert son marché à la viande bovine européenne en 2023. Les flux semblent se tenir en ce début d’année, d’autant que l’approche du Ramadan (qui débutera le 10 mars) fait grimper la demande et les prix.

La Turquie a importé 38 000 téc de viande bovine en 2023, contre seulement 3 000 en 2022. C’est la Pologne qui a le plus profité de cet appel d’air, avec 28 000 téc expédiées, suivie de la France avec 7 000 téc.

Le pays a par ailleurs importé 725 000 bovins vivants (hors reproducteurs) en 2023, contre 94 000 en 2022. Ces bovins – essentiellement des bovins d’engraissement – provenaient majoritairement d’Amérique du Sud : 391 000 têtes du Brésil et 208 000 têtes d’Uruguay. L’Union européenne a fourni 121 000 têtes (dont 37 000 de République Tchèque, 31 000 de Hongrie, 19 000 de Roumanie et 10 000 d’Irlande). En janvier 2024, le gouvernement turc a décrété un contingent de 600 000 bovins d’engraissement pour l’année, contingent qui pourra être revu éventuellement en fonction de la situation sur le marché intérieur.

ITALIE : les cours toujours sur des niveaux record

En Italie, la faiblesse de l’offre en jeunes bovins finis, liée au recul des envois de broutards français en 2023, permet de maintenir les prix à un niveau record, d’autant que la consommation ne semble pas fléchir. Le mâle limousin cotait 3,80 €/kg vif en semaine 7 (+2% /2023 et +18% /2022), le mâle charolais Extra cotait 3,65 €/kg vif (+1% /2023 et +16% /2022) et le mâle charolais Prima Qualità 3,54 €/kg (+1% /2023 et +16% /2022).

La consommation italienne de viande bovine s’est bien tenue en 2023. Le panel ISMEA-NielsenIQ a enregistré une hausse de +0,6% /2022 des volumes achetés par les ménages. En valeur, les ventes au détail de viande bovine ont progressé de +6,5%.

ALLEMAGNE : marché équilibré

En Allemagne, le marché du jeune bovin est équilibré d’après les experts d’AMI : une demande modérée face à une offre plutôt restreinte. Les sorties de JB devraient diminuer en 2024 compte tenu des faibles effectifs à l’engraissement. L’enquête cheptel de novembre recensait en effet 836 000 mâles de 1 à 2 ans (-1,6% /2022) et 389 000 mâles de 8-12 mois ( -5,5%).

Sur les 6 premières semaines de l’année, les abattages de jeunes bovins en Allemagne étaient en recul par rapport aux années précédentes (-2% /2023 et -3% /2022).

POLOGNE : bonne tenue des cours

En Pologne, la baisse de production et le regain de demande à l’export permet de maintenir les cours à des niveaux supérieurs aux années précédentes.

La cotation polonaise du JB R se situait à 4,84 €/kg de carcasse en semaine 6 (+2%/2023 et +8% /2022) et celle du JB O à 4,70 €/kg (+3% /2023 ; +8% /2022).

ESPAGNE : réouverture du marché algérien et hausse des cours

Exclue des fournisseurs de l’Algérie en juin 2022 en raison d’un différend diplomatique au sujet du Sahara occidental opposant les 2 pays, l’Espagne est de nouveau autorisée à exporter ses carcasses réfrigérées. Il faut dire que la demande est ferme en Algérie à l’approche du Ramadan, dans un contexte de fermeture des importations de broutards français. Le seul facteur limitant semble être les capacités logistiques en termes de véhicules réfrigérés .

Après un fléchissement au second semestre 2023 (descente en gamme de la demande espagnole en raison du contexte économique et concurrence des viandes d’import), les prix des bovins finis espagnols repartent à la hausse. La cotation du JB U atteignait 5,22 €/kg de carcasse en semaine 6 (-5% /2023 mais +16% /2022) et celle du JB R 5,12 €/kg (-6% /2023 lais +15% /2022).

Les conditions extrêmement sèches en Catalogne inquiètent toutefois la filière et pourraient limiter les mises en place à l’engraissement en 2024 (lire l’article sur les jeunes veaux laitiers).