Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

L’offre réduite de broutards, due à la décapitalisation du cheptel allaitant, maintient le marché du broutard dans une situation tendue. En recul de 13% en janvier par rapport à 2023, les exportations de la France se maintiennent tout de même avec ses partenaires européens. Cette situation continue de tirer les cours à la hausse en mars 2024.

L’offre réduite tire les prix à la hausse

Avec une offre réduite et une demande toujours élevée pour l’engraissement en France, en Espagne et en Italie, les cotations des broutards sont en croissance ou stables. La cotation du Charolais U de 350 kg vif a pris 12 centimes en quatre semaines, l’amenant à 3,61 €/kg vif en semaine 11 (+8ct /2023 et +11% /2022). Le Charolais U de 450 kg a augmenté de 10 cts ces quatre dernières semaines, l’amenant à 3,48 €/kg vif en semaine 11 (+3 ct/2023 cts ou +1%).

Le prix du Limousin E de 350 kg augmente aussi depuis le début de l’année 2024, avec une hausse de 5 cts depuis la semaine 7 pour s’établir à 3,90 €/kg vif en semaine 11 (+4% /2023 ou +15 cts et +22% /2022). Le prix du broutard croisé R de 300 kg a ralenti sa croissance, avec +4 cts ces quatre dernières semaines, à 3,35 €/kg (+5% /2023 ou +17 cts et +15% /2022).

La forte demande en broutardes en Italie et la faiblesse de l’offre soutiennent les prix de ces dernières. Le cours de la Limousine E de 270 kg a augmenté de +5 cts entre les semaines 7 et 11, à 3,60 €/kg, poursuivant la dynamique de croissance de ce début d’année (+9% /2023 ou +30 cts). La Charolaise U de 270 kg se stabilisait à 3,40 €/kg (+3%/2023 ou +10 cts).

Effectifs en baisse pour les bovins de 6-12 mois en ferme

Les effectifs de broutards sont réduits pour les mâles allaitants de 6-12 mois par rapport à 2023 (-2%/2023 à 556 000 têtes au 1er février), de même que les effectifs de moins de 6 mois (-2%/2023). La baisse touche les Charolais de 6-12 mois en particulier, qui connaissent un recul de -5% au 1er février 2024 par rapport à 2023.

Érosion du pic des naissances

Les naissances étaient toujours en baisse en janvier par rapport aux années précédentes, à cause de la décapitalisation du cheptel allaitant, laissant présager une érosion du pic des naissances du premier semestre. Janvier a compté 341 000 naissances, soit -14 000 têtes /2023 ou -4,5%.

Exportations en baisse

D’après les données SPIE-BDNI, 72 000 bovins de type viande de 4 à 15 mois ont été expédiés lors des semaines 1 à 4 (-13% ou -11 000 têtes /2023). Ce fort recul, constaté sur un mois, est lié à un effet hebdomadaire de la semaine 1 en 2024, comprise entre le 1er janvier (férié) et le 6 janvier (Epiphanie, férié en Italie et Espagne) et a correspondu à une semaine de fermeture des entreprises en Italie et de vacances. Pour rappel, moins d’un million de broutards avaient été exportés sur l’année 2023, niveau le plus bas depuis 2014.

Dans le détail des races, les exports de mâles charolais reculaient de 8%, tandis que les exports en Limousin s’érodaient de seulement 3%. La tension du marché pour l’engraissement français explique le report d’animaux Charolais vers le marché intérieur, où cette race est traditionnellement davantage engraissée.

La part des femelles dans les exportations est stable, avec 35% de femelles parmi les 147 000 têtes exportées sur les semaines 1 à 7 selon les données SPIE-BDNI.

Selon les Douanes, 8 000 broutards français ont été exportés vers l’Espagne en janvier 2024, soit une hausse de +10% /2023 (1 000 têtes supplémentaires). Les envois de broutards mâles de plus de 300kg et de bovins de160-300kg (tous sexes confondus) sont en légère hausse, tandis que l’export de femelles de plus de 300 kg a bondi par rapport à 2023, tout en restant sur des volumes modestes (850 têtes, +173%).

Flux interrompu vers les pays tiers

En janvier, les envois de broutards vers les pays tiers sont quasi inexistants, avec 112 broutards exportés aux émirats arabes unis. Les pays tiers, qui ont représenté une part non négligeable de l’exportation française ces dernières années (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye) n’ont pas importé en janvier. Les cotations toujours hautes indiquent que, à la suite du renforcement de l’engraissement sur le territoire national, la demande de broutard en France, en Italie et en Espagne absorbe déjà la majorité de la production française, ce qui rend difficile les exports vers les pays tiers. Par ailleurs, l’Algérie reste fermée aux bovins français, du fait de la présence de la MHE.

Ralentissement des envois vers l’Italie et l’Espagne

Début 2024, les exports de bovins ont été ralentis vers les 2 plus gros importateurs que sont l’Italie et l’Espagne. Avec une offre toujours en baisse, les envois ont diminué de -8% /2023 pour l’Italie et –7% pour l’Espagne sur les semaines 5 à 10 pour les bovins vifs (de tous types, âges et sexes) d’après les données TRACES.