Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Durant le dernier trimestre 2020, les prix de l’ensemble des matières premières ont connu une forte augmentation. Face à des bilans mondiaux du soja et du maïs qui se tendent et avec une offre de blé sur le bassin européen réduite en cette campagne 2020/21, les marchés sont très réactifs à chaque nouveau facteur d’incertitude (conditions climatiques, restriction d’export, etc.).

Tourteaux : le prix du tourteau de soja au plus haut depuis 2014

Entre début octobre et fin décembre 2020, le tourteau de soja est la matière première qui a connu la plus forte hausse sur le marché français (+ 20%). A 455 €/t début janvier, son cours au départ du port de Montoir est à son plus haut niveau depuis mars 2014. Cette hausse des prix du tourteau intervient dans un contexte de demande chinoise très dynamique, qui contribue à tendre le bilan mondial et tire le prix de la graine à Chicago au plus haut depuis 6 ans. Les disponibilités de soja devraient se faire rares dans les mois à venir, d’ici à ce que la très attendue récolte brésilienne ne soit disponible pour le marché mondial (mars). Le déficit hydrique qui s’installe actuellement dans les zones de production brésiliennes et argentines pourrait conduire à la dégradation du potentiel de récolte, ce qui accentue la nervosité des opérateurs.

Le prix du tourteau de colza agit comme suiveur de celui du tourteau de soja. A la faveur d’un marché mondial des huiles végétales très dynamique, la trituration de colza offre de très bonnes marges aux opérateurs européens. L’offre en tourteau de colza semble donc être plutôt satisfaisante malgré la faible récolte européenne de graine en 2020. Pour la récolte 2021, les surfaces françaises de colza devraient se stabiliser au niveau de 2019 et 2020 selon les premières estimations d’Agreste (+1% /2020). L’assolement reste toutefois très inférieur (-17%) au niveau moyen de la période 2016-2020. Les étés régulièrement secs, couplés au changement de réglementation sur certains produits de protection des cultures, pénalisent toujours les semis de cette culture.

Céréales : certains exportateurs restreignent leurs expéditions

Les prix des céréales poursuivent également leur hausse. Sur le marché français, les cours du blé et du maïs ont augmenté de respectivement +10% et +15% en trois mois, pour renouer avec des niveaux qui n’avaient pas été enregistrés depuis 2013.

La demande à l’importation de la part de la Chine reste inédite. Cela contribue notamment à tendre le marché mondial du maïs, et plus particulièrement le bilan états-unien. Face à la demande chinoise, les Etats-Unis devraient enregistrer des exportations record pendant la campagne de commercialisation 2020/21 (+49% d’une campagne à l’autre) et ainsi terminer la campagne avec un stock au plus bas depuis 2014/15. Comme pour le soja, le déficit hydrique qui se développe en Argentine et au Brésil ajoute de l’incertitude sur les récoltes à venir.

Face à l’inflation des prix des matières premières partout dans le monde, certains pays exportateurs commencent à mettre en place des mesures de restrictions des exports. Fin décembre, l’Argentine (3ème exportateur mondial de maïs) a annoncé la suspension des exportations de maïs jusqu’à fin février afin de garder de la marchandise pour son marché intérieur. Parallèlement, la Russie (1erexportateur mondial de blé) imposera une taxe sur les exportations de blé de l’ordre de 25 €/t entre le 15 février et fin juin prochain sur un volume de 17,5 Mt.

Quant aux perspectives de récolte 2021, Agreste a publié les premières estimations de surfaces françaises de céréales d’hiver. Après les faibles assolements de 2020, les surfaces emblavées rebondiraient  de +11% d’une campagne à l’autre, avec 4,7 Mha de blé tendre d’hiver (+12,4 % /2020). Le climat printanier sera ensuite déterminant pour les rendements.