Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

La collecte française de lait de chèvre accuse un ralentissement en fin d’année, qui n’a pas pour autant effacé intégralement la croissance accumulée au printemps et à l’été. Simultanément, les importations ont poursuivi leur effondrement. Face à un approvisionnement sous légère tension et à une demande des ménages en repli, les industriels ont limité les fabrications de fromages au lait de chèvre.

Timide hausse de la collecte nationale en 2021

Après un démarrage laborieux au 1er trimestre (-1% /2020), imputable aux fourrages récoltés à l’automne 2020 de qualité médiocre et aux épisodes de froid intense qu’a connu la France pendant l’hiver, la collecte s’est redressée au printemps (+1% au 2ème trimestre). Elle a continué sur cette lancée à l’été (+2% au 3ème trimestre), grâce aux températures clémentes, et à l’incorporation des bons fourrages récoltés au printemps. Cependant, l’automne signe la fin de cette tendance, avec une collecte en recul sur les deux derniers mois de l’année (-1% en novembre et décembre). Cette contreperformance n’a toutefois pas complètement gommé l’effet du sursaut enregistré en octobre, et le bilan reste positif au 4ème trimestre (+1%).

Au final, avec près de 505 millions de litres en 2021, la collecte annuelle de lait de chèvre a progressé de +1% /2020, soit un peu moins de 5 millions de litres supplémentaires, selon FranceAgriMer.

Toujours moins de lait de chèvre importé

Face à une demande des ménages en fromages au lait de chèvre qui marque le pas, les transformateurs ont adapté leur approvisionnement. Exception faite de janvier et juin, lorsqu’elles ont bondi de +21% et +9%, l’évolution des importations mensuelles est restée négative tout au long de l’année (oscillant entre -1% et -53% /2020).  En somme, avec 42,5 millions de litres, le volume cumulé des importations de produits de report caprins en 2021 accuse une chute de -26% d’une année sur l’autre (-43% /2019).

Ainsi, le repli des importations, tendance amorcée depuis 2017, s’est poursuivi pour la 4ème année consécutive. La part des importations dans l’approvisionnement des transformateurs français s’est établie à 8% en 2021, et pourrait reculer davantage dans les années à venir. En effet, les transformateurs français privilégient désormais la ressource laitière française, considérant de plus en plus le lait importé comme une variable d’ajustement de l’approvisionnement.

Au total, avec un peu plus de 547 millions de litres cumulés sur l’année, l’approvisionnement total des transformateurs français (collecte et importations) a reculé de près de 11 millions de litres (soit -2% /2020).

Des fabrications fromagères en léger repli

Avec un approvisionnement en berne et des stocks au plus bas, les fabrications industrielles de fromages de chèvre ont reculé en 2021, avec une évolution en « dents de scie » tout au long de l’année. Ramenées à 97 600 t en 2021, elles ont diminué de 1 300 t d’une année sur l’autre (-1% /2020).

Cette évolution est principalement imputable à celle des bûchettes à la pièce (qui représentent la moitié des fabrications totales). A un peu plus de 48 000 t, leur production a reculé de -1% d’une année sur l’autre, à l’image de celle de fromages à la pièce (-2% /2020), à 11 600 t, et des fromages frais (-1% /2020), à 20 500 t. Seules les fabrications de fromages à la coupe ont vu leurs volumes augmenter (+1%), à 11 200 t en 2021.

D’un autre côté, 14,2 millions de litres de lait de chèvre ont été embouteillés en 2021, soit -4% d’une année sur l’autre. En effet, la demande pour ce type de produit évolue défavorablement, impactée par le phénomène de déconsommation de laits conditionnés. Seules les fabrications d’ultra-frais, yaourts et desserts lactés, ont progressé, avec un rythme de croissance de +3% /2020 sur l’année, s’établissant à 14 600 t.

La demande des ménages pâtit

La baisse des fabrications fromagères est à rapprocher de l’évolution des ventes en libre-service des GMS (qui représentent près de la moitié des fabrications totales de fromages de chèvre). En effet, avec 51 300 t commercialisées en 2021, les volumes ont reculé de -3% d’une année sur l’autre. La réouverture de la RHD a signé la fin du report de la consommation à domicile, phénomène enregistré pendant les épisodes de confinement de 2020 et 2021.

Cependant, boostés par les fromages biologiques et AOP, dont les volumes commercialisés évoluent favorablement, les prix moyens se sont appréciés (+2% /2020, à 12,08 €/kg).

D’autre part, les exportations de 2021 ont bondi après avoir chuté en 2020 (impactées par le ralentissement des échanges en pleine crise sanitaire). Les volumes exportés ont progressé de +5% /2020, à 24 300 t, mais restent toujours en deçà des volumes expédiés en 2019 (-5%).