Croissance ralentie dans les principaux bassins exportateurs
La dynamique de production de lait s’est essoufflée aux États-Unis cet été, tandis que dans l’UE elle parvenait à se maintenir légèrement au-dessus de l’an passé. En Nouvelle-Zélande, la météo est actuellement propice à la collecte printanière, mais des craintes pèsent sur le début d’année 2024. En somme, la collecte est stable et ne progresse que de +59 000 t entre les 6 principaux exportateurs présentés ci-dessous.
Poursuite de la légère croissance dans l’UE-27
La collecte laitière européenne a continué de croître légèrement en juillet 2023 de +0,5% /2022 et de +0,7% en cumul depuis le début de l’année. la météo, plutôt fraîche et pluvieuse pour un mois de juillet, a favorisé la production fourragère laitière.
Au mois d’août, les chaleurs pourraient avoir entrainé des baisses de production. Quant au reste du second semestre, les pourcentages d’évaluation devraient être plus modestes voire négatifs car en 2022, les volumes avaient beaucoup augmenté au 4ème trimestre.
En Allemagne, la baisse saisonnière de production laitière semble plus marquée cette année. Au cours de la semaine 34, elle a même baissé de -1,9% par rapport à la semaine précédente, légèrement sous le niveau de 2022 selon ZMB. Toutefois, elle reste en hausse de +2,3% en cumul sur sept mois en volume et de +3,4% en Matière Solide Utile (MSU).
Aux Pays-Bas, en attendant l’entrée en vigueur des mesures politiques de réduction du cheptel laitier, la production est en nette hausse de +1,8% au mois de juillet et +2,9% en cumul sur sept mois /2022 en volume et +4,7% en MSU.
En Irlande, la collecte a presque retrouvé en juillet son niveau de 2022, après avoir légèrement reculé au 1er semestre. Ainsi le volume cumulé sur 7 mois a reculé de -0,8% /2022. Les taux de matières grasses très élevés au mois de juillet ont ainsi permis une hausse de +1,1% de la MSU (-0,7% en cumul) et des fabrications de beurre. Outre le fort recul de la production laitière française, la production italienne a aussi marqué le pas de -1,1% en cumul sur les sept mois de 2023 /2022.
Fin de la croissance aux Etats-Unis
À l’international, le changement vient des États-Unis. Après avoir été la dynamique au 1er semestre (+0,7% /2022) au sein des principaux exportateurs, la collecte laitière a reculé en juillet (-0,5% /2022), pour la première fois depuis le début de l’année. La conjoncture y est morose, les prix du lait ont fortement chuté depuis le début de 2023. De plus la météo très sèche et caniculaire a affecté les rendements par vache dans le Midwest. À l’échelle nationale, le rendement moyen a baissé au mois de juillet de -0,4% /2022. La collecte dans le Wisconsin parvient à se maintenir (+0,9% /2022), mais elle a chuté fortement en Californie de -5,5% /juillet 2022.
Dans ce contexte, l’USDA a abaissé son estimation de production nationale annuelle à seulement +0,4% de lait par rapport à 2022. Par ailleurs, le cheptel national est également attendu en baisse jusqu’à la mi-2024. Au mois de juillet, il a reculé de -3 000 vaches en un mois et de -13 000 têtes en un an à 9,4 M de têtes.
Fin d’année attendue propice en Nouvelle-Zélande
Par ailleurs, à partir du mois de septembre, les regards se tournent vers l’Océanie et notamment la Nouvelle-Zélande où la moitié de la production sera réalisée d’ici décembre. A l’entrée du printemps, la pousse de l’herbe semble proche de la moyenne quinquennale. Il y a toutefois des disparités entre les deux îles. En effet, le sud du Canterbury semble plus sec que l’ile du Nord. La collecte nationale au mois de juillet était en léger repli, de -0,1 % en MSU et de -0,9% en volume /2022, résultant d’ hausse dans l’île du Nord, de +0,8% selon Fonterra, et d’une baisse de -2% dans l’île du Sud. Les opérateurs locaux attendent une production en très légère hausse sur la fin d’année 2023.
À plus longue échéance, un météorologue de la NIWA suggère que le phénomène El Niño en prévision serait parmi les plus fort enregistrés durant les 80 dernières années. Si le printemps est attendu normal, la sècheresse pourrait prendre le dessus durant l’été austral (début 2024).
Aussi, au second semestre, entre les différents exportateurs, la hausse de production devrait se poursuivre en Biélorussie, seule zone vraiment dynamique. La production étatsunienne est attendue en léger recul, ce qui sera en partie compensé par des volumes supplémentaire dans l’Hémisphère sud. La véritable incertitude réside donc, comme souvent, dans l’évolution de collecte de l’Union européenne.
Érosion préoccupante de la collecte de lait en France
La bonne tenue du prix du lait en France et une année fourragère qui s’annonce très favorable n’enrayent pas le recul de la collecte française.
Depuis le début d’année, les transformateurs laitiers privilégient les fabrications de produits finis, dont laits et crèmes conditionnés, si bien que le recul des fabrications de poudres de lait s’accentue.
Recul persistant de la collecte laitière française malgré des conditions propices
La collecte française a poursuivi un recul appuyé en juillet (-2,9% / 2022). Sur les 7 premiers mois de l’année, la baisse de la collecte a atteint -2,3% /2022. Depuis 2021, la collecte a entamé un repli structurel qui s’accentue en 2023 malgré une très bonne année fourragère 2023 et un prix du lait supérieur à celui de l’an passé. Toutefois, les maïs fourrages récoltés en 2022 et distribués jusqu’à cet été étaient peu lactogènes. D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, le retrait de la collecte aurait été de même ampleur en août (-2,4% / 2022). Malgré des conditions favorables (fourrages, prix du lait), le nombre de livreurs connait un recul qui s’accentue (-4,5% en un an), l’élevage laitier ayant le taux de renouvellement le plus faible en agriculture. La majorité des élevages laitiers disposent de bâtiments et d’équipement saturés. La problématique travail devient très limitante. Seule la Normandie tire son épingle du jeu avec une progression de sa collecte de +0,9% /2022 en cumul jusqu’à juillet ainsi que les Hauts de France (+0,4%).
Avec l’amélioration des taux butyreux et protéiques, la collecte nationale calculée en MSU recule moins nettement sur les sept premiers mois de l’année (-0,8% /2022).
Au 1er août 2023, l’effectif de vaches laitières a enregistré une baisse de -2,2% /2022. Ce repli est moins prononcé que les mois précédents : conséquence de la forte diminution des sorties de vaches de réforme (-4% en août /2022) et nombre d’entrée de génisses est reparti à la hausse (+3% /2022).
Le prix du lait s’est redressé en France en juillet et se maintient
En juillet 2023, le prix du lait standard (toutes qualités) en France est remonté de +8 € en un mois, à 458 €/1 000 l. Il reste toujours plus élevé qu’un an auparavant (+10 € /2022). Dans le même temps, il décroche un peu partout en Europe, depuis janvier 2023, et se retrouve désormais en dessous des prix de l’année dernière, à l’exception de l’Espagne. En août et septembre, le prix du lait en France devrait se maintenir, d’après nos estimations, dans un contexte de forte tension sur la ressource laitière française.
Les charges en élevage poursuivent leur repli d’après l’IPAMPA lait de vache. Cet indicateur, qui n’intègre pas l’ensemble des charges, a diminué faiblement en juillet de -0,3% /juin 2023 avec un poste énergie qui est reparti à la hausse après un an de baisse (+2,3% /juin2023). Le poste engrais amendement poursuit son recul entamé fin 2022 (-38% entre octobre 2022 et juillet 2023). Le prix de l’aliment continue de baisser (-7,7% entre février et juillet 2023), mais cette diminution s’atténue en juillet.
La marge MILC en France, estimée à 144 €/1 000 l en juillet, a augmenté de +7 € d’un mois sur l’autre sous l’effet de la hausse du prix du lait et de la faible réduction des charges. Le produit des ventes d’animaux a légèrement fléchi. Sur un an, la MILC a augmenté de +18 €/1 000 l. Le produit lait a progressé (+10 € /2022) alors que les autres produits se sont réduits (-3 €), mais les charges ont reculé (-10 €).
Des fabrications de laits et crèmes conditionnés dynamiques
En ce début d’année, les industriels ont orienté leurs fabrications vers les laits et crèmes conditionnés tandis qu’ils ont considérablement réduit celles de poudres. En juillet 2023, les fabrications de laits conditionnés ont été très soutenues (+4% /2022). En cumul depuis le début d’année, elles ont progressé de +1% /2022. Les fabrications de crèmes conditionnées ont augmenté quant à elles de +4% sur les 7 premiers mois de l’année. Les fabrications de yaourts et de beurre ont légèrement repris en juillet (+1% /2022) et sont stables en cumul sur le début d’année.
Les fabrications de fromages, tous laits confondus, ont globalement reculé depuis le début d’année (-1% /2022). Les fabrications de fromages à pâte molle résistent mieux (stabilité sur 7 mois) alors que celles de fromages à pâte pressée non cuite reculent sévèrement (-6% /2022) et celles de fromages à pâte pressée cuite légèrement (-2%). La consommation des fromages est affectée par la hausse des prix.
Les fabrications de poudres maigre et grasses ont accentué leur repli en juillet (-13% / 2022). En cumul depuis le début d’année, la baisse est marquée pour les fabrications de poudre maigre (-6% /2022) et de poudres grasses (-3%).