Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Lait de vache

La collecte laitière française retrouve du dynamisme en 2024

Début 2024, la collecte laitière française renoue avec du dynamisme, porté par une bonne tenue des prix du lait, des fourrages lactogènes récoltés en 2023 (notamment le maïs ensilage) et un coût plus abordable des aliments concentrés. A noter toutefois une mise à l’herbe des vaches retardée par un hiver particulièrement pluvieux.

En 2023, la baisse des prix de la poudre de lait écrémé a stimulé la demande sur le marché international. Les exportations de la Nouvelle Zélande et de l’UE-27 ont augmenté, permettant l’écoulement des stocks constitués en 2022.

Sommaire du numéro 359
Lait de vache

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La collecte laitière retrouve du dynamisme

La collecte de lait affiche une bonne dynamique sur ce début d’année. La mise à l’herbe des vaches a cependant été retardée par un hiver très pluvieux, provoquant des excès d’eau limitant la portance des parcelles. Le prix du lait se tient sur ce début d’année.

La collecte de lait bio, quant à elle, poursuit une tendance baissière.

Regain de dynamisme de la collecte

Le début d’année a commencé favorablement pour la collecte française. Le mois de janvier a affiché une collecte stable (-0,3% /2023) malgré un début de mois perturbé par des chutes de neige, du gel et du verglas dans certaines régions. Les taux poursuivent leur amélioration permettant une progression de collecte de +0,9% /2023 en MSU. Une fois bien acidifié, le maïs récolté en 2023 a permis de bonnes performances de production depuis la fin d’année 2023 et l’effet bonifiant devrait perdurer jusqu’à la prochaine récolte.

Dans les régions, la reprise de collecte en janvier a été marquée en Pays de la Loire (+1,1% /2023) après une année 2023 en fort recul, très impactée par des fourrages de 2022 peu lactogènes. La Bretagne a aussi connu une amélioration de sa collecte de +0,5% /2023. Le Grand Est reste la région la plus dynamique sur ce début d’année avec une progression de collecte de +2,8% /2023. La Normandie a connu un léger recul (-0,6% /2023), affectée par des épisodes de neige qui ont perturbé la collecte. La collecte en Hauts de France a été stable en janvier, malgré les difficultés qu’ont connu les éleveurs du Pas de Calais à l’automne avec les inondations (nombreux bâtiments inondés, moral des éleveurs affecté, déménagements de troupeaux, décès d’animaux…).

D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, la collecte en février 2024 augmenterait de +0,5% /février 2023.  Rappelons que l’année dernière, la mise à l’herbe des vaches s’était déroulée dès février dans de bonnes conditions. Cette année, la situation est toute autre. Les sorties au pâturage pour le déprimage sont particulièrement difficiles en raison des pâturages détrempés, des sols endommagés et des vaches qu’on doit remettre en bâtiment (au risque de saccager les prairies). La mise à l’herbe est donc très tardive et se fait dans des conditions dégradées. De plus, il est à craindre que le déprimage ne puisse plus être effectué car l’herbe est trop avancée en stade, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la qualité des fourrages récoltés.

Mais la collecte de lait bio poursuit son recul

Après une année 2023 de collecte de lait bio en repli, le début d’année a commencé sur une baisse de -5,7% / janvier 2023. En MSU, le recul est moins sévère (-4%). On retrouve le niveau de collecte de janvier 2021. Les reculs sont très appuyés dans le Sud-Ouest et dans l’Est mais se sont atténués en Bretagne (-2%) et en Pays de la Loire (-2,7%). La collecte a même continué à progresser en Normandie (+2,5%).

Les arrêts d’ateliers laitiers bio ont été nombreux en fin d’année 2023. Le nombre de livreurs comptabilisé en janvier 2024 est désormais passé sous la barre des 4 000, en recul de -8,7% / juin 2022, qui a constitué le pic du nombre de livreurs bio. Nous sommes ainsi revenus au nombre de livreurs de fin 2020.

La baisse du cheptel continue de ralentir

Le cheptel de vaches laitières a reculé de -1,5% en février 2024 /2023. Le ralentissement de la baisse du cheptel se poursuit. Les sorties de vaches sont en recul tous les mois. Au mois de janvier, les sorties ont baissé de -2% /janvier 2023. Et on observe une progression des entrées de génisses (+2%).

Une bonne tenue du prix du lait

En janvier 2024, le prix du lait standard (toutes qualités) en France a atteint 451 €/1 000 l dans la continuité du dernier trimestre 2023. En revanche, ce prix est en dessous de -32€ comparé à janvier 2023 (-6,6%). Dans les prochains mois, le prix devrait se tenir à ces mêmes niveaux.

Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production), ont été en léger recul en janvier 2024 comparé à décembre (-0,3%) et en recul de -5,6% / janvier 2023. Le recul des charges alimentaires, des engrais et du poste énergie s’est poursuivi.

À noter que les autres charges, non piégées dans l’Ipampa (fermage, travaux par tiers, les salaires) ont quant à elles tendance à progresser.

La marge MILC, estimée à 149 €/1 000 l en janvier, a progressé de +2,5 € d’un mois sur l’autre sous l’effet d’une amélioration du produit de la vente des animaux (hausse des cotations) et d’un léger recul des charges. Le produit lait s’est stabilisé. La MILC a reculé de -19 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a baissé de -33 €, ainsi que les co-produits viande (-9 €), mais les charges se sont aussi réduites (-23 €).

Ce début d’année s’annonce plus prometteur pour la collecte laitière, porté par une bonne tenue des prix du lait, des fourrages récoltés en 2023 lactogènes et un coût plus abordable des aliments concentrés. Même si, un petit bémol subsiste, avec une mise à l’herbe des vaches retardée par le temps très pluvieux de début d’année. Par ailleurs, la consommation de produits laitiers maintient une bonne dynamique sur ce début d’année avec une hausse des ventes en magasins pour toutes les familles de produits laitiers. Il est à noter une hausse particulièrement forte des ventes de lait entier (+9,6% /P2-2023).

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Des échanges plus importants en poudre maigre en 2023

En 2023, les prix de la poudre de lait écrémé ont baissé depuis les plus hauts de 2022 permettant de retrouver de la demande sur le marché international. Les exports de la Nouvelle-Zélande et de l’UE-27 ont augmenté, permettant la consommation de stocks constitués en 2022.

Baisse globale des prix de la poudre maigre

En 2022, le prix de la poudre maigre avait fortement augmenté pour atteindre 4 027 €/t dans l’UE-27 au printemps. Toutefois, le rebond de la collecte de l’UE au 2nd semestre 2022 a eu raison de ces niveaux de prix très élevés. Les cours de la poudre maigre ont alors enregistré un fort repli à partir du mois d’octobre 2022. La chute de ces cours s’est poursuivie jusqu’au pic laitier en 2023 avant qu‘ils ne se stabilisent autour des 2 400 €/t. Enfin, sur le dernier trimestre 2023, les prix ont légèrement rebondi pour terminer à 2 540 €/t dans l’UE-27. Dans l’ensemble, les prix ont évolué de la même façon chez les autres exportateurs.

En moyenne sur l’année 2023, les cours européens de la poudre maigre ont été ramenés à 2 490 €/t (-32% soit -1 190 €/t /2022).

De meilleurs exports en 2023

La baisse des prix de la poudre maigre sur les marchés internationaux a permis de retrouver de la demande. Aussi, les exportations de l’UE-27 et de la Nouvelle-Zélande ont augmenté.

En Nouvelle-Zélande, les fabrications de poudre maigre étaient estimées par l’USDA stables par rapport à 2022 à 390 000 t. Les exportations néozélandaises ont très nettement progressé à 452 000 t (+26%/2022) probablement grâce à des stocks constitués en 2022.

Dans l’Union européenne, les fabrications de poudre maigre se sont repliées de -4,7% /2022 à 1,4 Mt. Néanmoins, les exports ont continué d’augmenter (+10,3% à 780 000 t soit +73 000 t). Comme pour la Nouvelle-Zélande, probablement grâce à d’importants stocks constitués au 2nd semestre 2022. L’UE-27 a notamment profité de la très forte demande algérienne (+29% à 145 000 t) qui a permis de compenser la moindre présence chinoise (-16% à 69 000 t). Plus largement, les exports ont progressé une nouvelle fois en direction de l’Égypte (+27%), du Maroc (+22%), de l’Arabie Saoudite (+58%) et du Yemen (+12%). En somme, les expéditions vers ces quatre pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont progressé de +35 140 t à 158 300 t.

A l’inverse, les exportations se sont repliées en Australie (-13%/ 2022) et aux États-Unis (-3% /2022).

La chute de la collecte en Australie a fini par se répercuter sur les fabrications en 2022. Elles sont estimées stables en 2023 autour des 138 000 t. Les exports se sont repliés (-13%/2022 à 133 000 t) principalement vers les pays d’Asie du Sud-Est.

Aux États-Unis, les fabrications ont diminué (-7% à 1,1Mt) notamment au 2nd semestre dans le sillage de la collecte. Les exportations ont donc enregistré une baisse, d’autant que les États-Unis étaient soumis à la concurrence de la Nouvelle-Zélande vers les pays d’Asie du Sud-Est. Seuls les exports vers le Mexique sont restés conséquents (+15% à 417 000 t).

Disparités de demande en 2023 selon les importateurs

En Chine, 1er importateur mondial de poudre maigre, les importations ont augmenté légèrement de +3% /2022 à 347 000 t principalement au profit de la Nouvelle-Zélande (+30% /2022 à 157 500 t) et de certains pays européens comme la France (+23% à 15 000 t) et l’Allemagne (x3 à 12 000 t).

Au Mexique, 2ème importateur, la demande en poudre de lait maigre importée est en hausse. Les transformateurs l’utilisent préférentiellement pour créer des produits laitiers innovants, emballés de façon à résister au climat mexicain. En effet, la consommation de lait liquide, local, est en perte de vitesse contrairement aux produits laitiers en croissance. Par ailleurs, les capacités de séchage du Mexique sont insuffisantes pour accroitre la production localement. En 2023, le peso fort et la forte compétitivité de la poudre US ont favorisé les importations.

En Indonésie, les importations ont baissé en 2023 notamment en poudre maigre (-16% à 182 000 t) et en poudres grasses (-16% /2022 à 80 000 t). Bénéficiant d’un accord commercial et d’une certaine proximité géographique, la Nouvelle Zélande, quasiment l’unique fournisseur de poudres grasses, a vu ses parts de marché augmenter en poudre maigre au détriment des États-Unis.

Cette baisse des importations, dans un contexte pourtant de chute de la collecte indonésienne (fièvre aphteuse) est principalement due à une chute de la consommation intérieure. Le pouvoir d’achat des ménages a baissé, l’inflation étant passée de 2% au début 2022 à 6% entre septembre 2022 et mars 2023 avant de diminuer doucement jusqu’à 3% en fin d’année 2023. Par ailleurs, la roupie indonésienne s’est affaiblie face au dollar US renchérissant le prix des produits laitiers importés.

Aux Philippines, les volumes de poudre maigre importée ont baissé de -23% /2022. Les États-Unis demeurent le premier fournisseur de poudre maigre (62% des volumes en 2023) devant l’UE (19%) et la Nouvelle-Zélande (10% des volumes). Tout comme en Malaisie (-13% /2022 à 108 000 t), les prix élevés dans un contexte d’inflation ont pénalisé la demande.

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