Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 364 Septembre 2024 Mise en ligne le 16/09/2024

France

Bon maintien de la consommation de viande bovine en juillet

L’inflation alimentaire continue de se réduire, permettant à la consommation par bilan de viande bovine de résister en juillet, avec l’aide de la fréquentation touristique. Les exports de viande bovine ont été particulièrement dynamiques, du fait d’une meilleure demande en Europe et sur le marché turc.  

L’inflation sur les produits alimentaires frais ralentit 

En août d’après la publication provisoire de l’INSEE, l’inflation a poursuivi son ralentissement entamé depuis mars 2023 en France. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) s’est établi à +2,2% sur un an (contre +2,7% en juillet). L’inflation alimentaire s’est encore fortement réduite, à +0,5% sur un an (comme en juillet, contre +0,8% en juin). Au sein de l’alimentaire, l’indice du prix des produits alimentaires frais recule aussi, un peu moins vite, à +2,7% sur un an, contre +2,8% un mois plus tôt. La hausse du prix de l’énergie a été très faible en août (+0,5% /2023) après un pic d’inflation du poste en juillet (+8,5% sur un an, du fait d’une augmentation du gaz). La hausse du prix des services continue, elle, son accélération (+3,1% sur un an après +2,6% un mois plus tôt).

La consommation de viande bovine robuste en juillet

La consommation par bilan s’est bien tenue en juillet, avec un recul de seulement -1% /2023, grâce à l’inflation plus modérée, aux touristes étrangers aussi nombreux que durant l’été 2023 et aux Français presque aussi nombreux en France en vacances que l’an passé. D’après Agreste pour les abattages, et les Douanes pour le commerce extérieur, le disponible en viande bovine et de veau s’est établi à 111 000 téc.

En juillet, les abattages de gros bovins étaient en hausse de +10% /2023 (+10 000 téc; précisons qu’il y a eu 3 jours ouvrés de plus qu’en juillet 2023, du fait de l’année bissextile) les importations de viande ont progressé de +7% (+1 700 téc) et les exportations ont bondi de +21%, ou + 3 600 téc, avec une progression à deux chiffres des envois vers les principaux clients.

Du fait de ces échanges très dynamiques, aussi liés au nombre de jours ouvrés augmenté, la part d’import dans le disponible consommable en France a progressé pour atteindre 26% en juillet contre 24% en juin, revenant au niveau de mai 2024. Cependant, en cumulé de janvier à juillet 2024, la part d’import dans la consommation est stable par rapport à 2023, à 25%.

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.

Depuis le Brexit début 2021, les statistiques douanières sont perturbées par l’organisation des opérateurs. En effet, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas afin de faciliter les procédures de dédouanement. Ces effets ne sont pas pris en compte ici.

En juillet, la France a exporté plus

En cumulé sur les 7 premiers mois de l’année, les imports totaux de viande bovine ont légèrement reculé de -2% /2023 (-4 200 téc), et plus encore si on compare à 2022 (-5%), à 188 000 téc. Les exports cumulés ont eux progressé de +9% /2023, année d’exports faibles (+ 10 200 téc) mais restaient 8% en-deçà de 2022.

En juillet, les importations de viande bovine réfrigérée et congelée ont progressé au total de +7% /2023. Elles ont augmenté depuis les Pays-Bas (+6% /2023 à 6 000 téc) et l’Irlande (+4% à 5 000 téc) mais ont reculé depuis l’Allemagne (-13% à 2 500 téc) du fait d’une consommation plus dynamique qu’en 2023 outre-Rhin. Elles ont augmenté depuis le Royaume-Uni (+25% à 3 500 téc) dont une part est réexpédiée en UE, et significativement depuis les origines à prix compétitif : la Pologne (+32% à 3 000 téc) et l’Espagne (+3% à 1 500 téc).

En juillet également, les exports français de viande bovine réfrigérée et congelée ont bondi de 21% par rapport au bas niveau de 2023, dépassant aussi le niveau de 2022 (+18%). Les envois ont donc augmenté vers l’Italie (+18% /2023, à 4 900 téc), la Grèce (+18% à 3 400 téc), l’Allemagne (+30% à 3 300 téc), les Pays-Bas (+12% à 2 700 téc) et la Belgique (+27% à 1 800 téc). L’intérêt de la Pologne pour le marché turc a laissé plus de champ à la France pour approvisionner ses clients historiques et l’accalmie de l’inflation en Grèce et en Allemagne a redynamisé la demande. Enfin, la France a encore exporté 750 téc de viande bovine vers la Turquie, soit un total sur 7 mois de 3 000 téc (x3 /2023).

Les-exports-de-viande-bovine-en-juillet-2024-ont-bondi-vers-lItalie-la-Grece-lAllemagne-les-Pays-Bas-la-Belgique

Attention toutefois, les échanges sont affectés par des flux « parasites » avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas depuis la mise en œuvre du Brexit. Des opérateurs britanniques font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas. Ces flux ne sont pas retranchés des chiffres ci-dessus.

Hausse des cours

Les prix des gros bovins finis sont en hausse, tirés par le manque d’offre lié à la décapitalisation.

Le manque d’offre soutient les cours des femelles allaitantes

Le net recul de l’offre de vaches allaitantes tire leurs cours à la hausse. La cotation de la vache U standard a gagné 5 centimes en 1 mois pour grimper à 6,10 €/kg de carcasse en semaine 36 (+3% /2023) et celle de la vache R a gagné 4 centimes, à 5,61 €/kg (+1% /2023).

Les cotations des vaches laitières ont poursuivi leur remontée saisonnière avant de fléchir de quelques centimes début septembre en réponse à une hausse soudaine des réformes. Avec l’arrivée de l’automne, les éleveurs commencent à faire du tri dans leur troupeau en prévision de la saison d’hivernage. La cotation de la vache O a perdu 4 centimes d’une semaine sur l’autre pour retomber à 4,84 €/kg de carcasse en semaine 36 (-2% /2023). Celle de la vache P a suivi la même tendance en perdant 3 centimes en semaine 36 à 4,54€/kg (-4% /2023).

Les cours des jeunes bovins poursuivent leur hausse saisonnière

Les cours des jeunes bovins ont enclenché leur hausse saisonnière début août, avec 2 à 3 semaines d’avance sur leur rythme habituel. Le marché européen relativement dynamique, le manque d’offre en Italie, les ventes vers la Turquie et le besoin de faire tourner les outils face au manque de vaches allaitantes soutiennent les prix des JB.

La cotation du JB U a gagné 12 centimes en 4 semaines pour remonter à 5,43 €/kg de carcasse en semaine 36 (+3% /2023) et celle du JB R 11 centimes à 5,30 €/kg (+3% /2023). La cotation du JB O a regagné 5 centimes mais reste inférieure à son niveau de 2023 (-1% à 4,84 €/kg).

L’IPAMPA poursuit la lente décrue

En juillet, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) était en légère baisse par rapport à juin et inférieur aux deux années précédentes (-1,7% /2023 et -5,2% /2022). Il restait toutefois bien plus élevé qu’au début de l’inflation sur les matières premières (+15% / juillet 2021 ). L’indice des aliments achetés était stable par rapport à juin mais en baisse par rapport aux années précédentes (-8,5% / 2023 et -11,8% /2022).

A noter que l’IPAMPA ne couvre pas l’ensemble des charges des exploitations : d’autres charges comme les coûts salariaux ou les coûts des travaux par tiers, qui ne sont pas prises en compte dans l’IPAMPA, restent en hausse par rapport à 2023.

La production d’animaux jeunes compense la baisse des réformes allaitantes

Sur les 8 premiers mois de l’année, les tonnages de gros bovins abattus n’ont baissé que de 1% par rapport à 2023, à 761 000 téc. Ils restent toutefois inférieurs de 4% à leur niveau de 2022. La hausse des abattages de jeunes bovins de type viande (+2% /2023 à 189 000 téc), de génisses viande (+1% à 98 000 téc) et de bœufs viande et croisés (+6% à 18 000 téc) a compensé partiellement la baisse en vaches de type viande (-5% à 202 000 téc). Les tonnages de femelles laitières ont augmenté également (+0,4% à 185 000 téc) du fait d’une hausse significative de leur poids moyen (+1,6%).

Depuis 2 ans, la relocalisation de l’engraissement en France, au détriment de l’export de vif, permet d’augmenter le nombre de jeunes bovins et génisses produits en France. Pour en savoir plus, lire l’article sur les broutards.

La décapitalisation se poursuit : -1 million de vaches en 8 ans

Au 1er août, le nombre de vaches allaitantes présentes en France était en baisse de -1,7% /2023, contre -1,6% au 1er juillet. Le ralentissement de la décapitalisation ne semble donc pas complètement acquis.

Il en est de même pour le cheptel laitier. Le nombre de vaches laitières était en recul de -1,7% /2023 au 1er août, contre -1,5% au 1er juillet.

Entre le 1er août 2016 et le 1er août 2024, la France a perdu 607 000 vaches allaitantes et 415 000 vaches laitières, soit 1,022 million de vaches, une baisse de 12% en 8 ans.