Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Pénalisé par un démarrage timide de la collecte et des importations réduites, l’approvisionnement en lait de chèvre des transformateurs a fortement chuté en début d’année.

 

Une baisse de l'approvisionnement en lait de chèvre des transformateurs

Après avoir atteint un record en 2018, l’approvisionnement en lait de chèvre des transformateurs (collecte et importations), n’a atteint que 116 millions de litres au 1ertrimestre. Il a ainsi chuté de près de 21,5 millions de litres d’une année sur l’autre (-16%), se positionnant ainsi à un niveau intermédiaire entre 2013 et 2014, années marquées par une pénurie de produits caprins sur le marché domestique. D’un côté, la collecte de lait de chèvre a démarré timidement : à 101 millions de litres au 1ertrimestre, elle s’est repliée de 3% /2018, impactée par des fourrages de mauvaise qualité et un décalage des naissances. Elle devrait cependant se redresser au pic de collecte du printemps. De l’autre les importations de produits de report caprins, à 15,5 millions de litres, se sont effondrées de près 55% (-19 millions de litres). Elles n’ont ainsi pesé que pour 13% de l’approvisionnement total des industriels, contre près de 25% en 2017 et 2018.

La collecte de lait de chèvre baisse en Espagne

Des disponibilités européennes en baisse

Cette chute des importations s’explique en grande partie par l’effondrement de la collecte espagnole, et donc des disponibilités pour l’export vers la France. A 69 millions de litres en cumul en février, elle a chuté de près de 7% par rapport à 2018. Après trois années de prix bas, avec un différentiel de plus de 100 € les 1 000 litres avec le prix français, la sécheresse de 2018 et la flambée du prix de l’alimentation animale ont très fortement impacté les éleveurs ibériques. Les cessations d’activité se sont accélérées, d’autant plus que l’activation d’un plan de lutte volontaire contre la tuberculose en Andalousie a incité certains éleveurs à réformer davantage ou à arrêter la production. Même évolution aux Pays-Bas où les décisions administratives de bloquer les installations et les agrandissements d’exploitations caprines dans la plupart des régions ont entrainé un plafonnement des disponibilités.

Des tensions sur la fourniture du marché

Face à cette baisse drastique de la ressource laitière, les stocks en produits de report des transformateurs ont été insuffisants pour maintenir les fabrications. A 23 500 tonnes cumulés au 1er trimestre, la production de fromages de chèvre s’est repliée de près de 3%. Après avoir nettement progressé en janvier (+6%) grâce à une utilisation intense des stocks, elles ont reculé de près de 4% en février et même de 10% en mars ! Les autres produits laitiers caprins, qui connaissaient jusqu’ici une croissance à deux chiffres, ont également souffert du manque de lait de chèvre : les volumes de laits conditionnés ont baissé de 1% et les fabrications de yaourts ont été tout juste stables.

Des fabrications de produits caprins en baisse au 1er trimestre en France