Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

La collecte piétine en France et en Europe (fléchissement en juillet d’après AMI), malgré la bonne année fourragère. Le prix du lait se redresse, mais l’impact parait neutralisé, au moins en France, par la hausse des prix des intrants. La collecte française est en retrait sur le premier semestre malgré l’embellie du printemps.

Sur le premier semestre 2021, la collecte française s’est établie à 12,5 Mt, en recul de -117 000 t /2020 (soit -0,9%). Le redressement des livraisons observé au printemps n’a pas permis de compenser le déficit du début d’année.

Cette baisse concerne l’ensemble des bassins, sauf la Bretagne dont la collecte a été stable, et la Normandie (+0,7% /2020). Les plus fortes baisses sont à mettre à l’actif du bassin Sud-Ouest (-4,2% /2020) et du bassin Nord-Picardie (-2,5% /2020).

En juin, la collecte française s’établit à 2,036Mt (+0,8% /juin 2020). La progression est due à la forte croissance sur le lait bio (+16% /2020), qui a plus que compensé le recul du conventionnel (hors SIQO hors bio) de -0,9% /2020. La baisse structurelle du nombre d’exploitations (-4% /2020), couplée au basculement de la production vers le marché biologique des nouveaux convertis sur l’année (environ 300 livreurs, soit 0,7% des exploitations non bio), explique en grande partie ce recul.

En juillet, malgré de très bonnes disponibilités fourragères, la collecte nationale serait repassée sous le niveau de juillet 2020 (d’environ -1,6%), se situant à un niveau équivalent à 2018. Ce recul est à relativiser, car la collecte de juillet 2020 avait connu un rebond inhabituel.

La collecte européenne demeure en légère hausse en juin, mais recule en juillet

En juin, la collecte européenne n’a que faiblement augmenté (+0,6% /2020), enchainant un 4ème mois consécutif de hausse après le décrochage du début d’année. L’Irlande a conservé une croissance soutenue, mais inférieure aux mois précédents (+3,7% /2020, soit +39 000 t). L’Italie est l’autre pays moteur de la hausse de collecte (+3,5% /2020, +33 000 t) . Le ralentissement de la croissance européenne s’explique notamment par la rechute des collectes allemande et néerlandaise (respectivement -1,3% et -2,3% /2020).

En juillet, d’après AMI, les livraisons de lait dans l’UE-27 sont tombées en dessous du niveau de l’année précédente (-0,7% /2020). Les collectes française et allemande ont notamment reculé, malgré une pousse de l’herbe nettement excédentaire sur leur territoire (d’après le Pasture Productivity Index du JRC).

Sur le premier semestre, la collecte dans l’UE-27 a crû de +0,5% /2020 pour s’établir à 74,1 millions de tonnes, ce qui correspond à un surplus d’environ 380 000 t. L’Irlande a été la force motrice de cette hausse (+7,7% /2020, soit +346 000 t). Les 3 principaux producteurs européens ont quant à eux cédé du terrain (-0,9% /2020 en France, -1,2% /2020 en Allemagne et aux Pays-Bas).

Prix du lait : confirmation de l’absence de creux saisonnier en France

En juin, le prix standard toute qualité s’est établi à 361 €/1 000 l, en hausse de +6,3% par rapport à 2020 (+21€ /1 000 l), confirmant l’absence de l’habituelle baisse de prix saisonnière associée au pic de collecte du printemps. Il s’agit du plus haut niveau depuis 2014 pour un mois de juin.

Sur le premier semestre, le prix du lait réel n’a augmenté que de +1,5% /2020, à 375 €/1 000 l. Or, dans le même temps, l’indice des charges IPAMPA a poursuivi son emballement (+6% /2020 sur le semestre en moyenne). Selon l’observatoire des prix de la revue l’Eleveur laitier, la faible hausse de l’indice INSEE des prix de vente sortie d’usine (+8% /2020), thermomètre de la valorisation des PGC France, en serait symptomatique/responsable.

Hausse des prix souvent plus nette dans le reste de l’Europe

Le prix du lait a atteint son plus haut niveau depuis 2014 pour un mois de juin dans la plupart des pays européens, compensant en partie la hausse du coût de production. L’impact de la hausse des cours mondiaux des commodités a logiquement été le principal moteur dans les pays davantage tournés vers l’export. C’est le cas de l’Irlande (+17% /2020, +54 €/1 000 l), les Pays-Bas (+10%, +55 €/1 000 l), mais aussi l’Allemagne (+14%, +44 €/1 000 l). Le prix du lait conventionnel allemand (de même composition que le lait standard en France) s’est donc nettement rapproché du prix du lait français ces derniers mois, à 347 € /1 000 l.

La flambée des charges se poursuit et neutralise la hausse des produits

En juillet, l’indice des Prix d’Achats des Moyens de Production Agricole a gagné 0,4 pt et atteint un nouveau record historique (112,2 pts), progressant pour le 12ème mois consécutif. Entre juillet 2020 et juillet 2021, l’IPAMPA a progressé de +8,9 pts, sous l’impulsion de la flambée des 3 postes dont la volatilité impactent le plus les comptes des exploitations. Sur cette période, le prix des aliments a bondi de +13,8%, celui des énergies et lubrifiants de +17,8%, et des engrais et amendements de +25,7%.

Cette flambée des prix se traduit par un renchérissement des charges de +24 €/1 000 l /juin 2020, supérieur à la hausse du prix du lait sur la même période (+17 € en prix réel) et des co-produits viande (+4 €/1 000 l), grâce à la hausse des cours des cotations vaches O et P.

En juin, la MILC, qui s’établit à 84,85 €/1 000 l, affiche donc un repli de -4 € environ d’une année sur l’autre (-4,3% /2020). Sur 12 mois glissants, la MILC s’établit à 90,90 € /1 000 l. Elle cède 0,3 € d’un mois sur l’autre et 12 € par rapport à son niveau de l’an passé à pareille époque. Elle se situe largement sous la moyenne 2007-2019 (99 €/1 000 l). Il faut désormais remonter à août 2017 pour trouver une valeur aussi faible.