Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La collecte européenne a retrouvé en début d’été la croissance dynamique qu’elle avait connue au 1er trimestre, avant le coup de frein lié à la crise sanitaire. Elle devrait cependant ralentir au mois d’août, conséquence de la vague de chaleur qui affecté plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne.

France : un été contrasté

Après un bon 1er trimestre (+1,2% /2019, effet année bissextile neutralisé), la collecte française a entamé une baisse saisonnière précoce et marquée, en reculant de -1% /2019 au 2ème trimestre. En juillet, la collecte a rebondi en progressant de +2,7% par rapport au faible mois de juillet de 2019.

Pourtant, le mois de juillet et la première quinzaine d’août 2020 ont connu des conditions météorologiques difficiles sur une partie importante du pays. Suite à un déficit de précipitations cumulées depuis mars 2020 dans le Nord et l’Est notamment, le mois de juillet a été marqué par une absence de pluies quasi-généralisée, en faisant le mois de juillet le plus sec depuis 1959. Toutes les régions de l’Hexagone ont été touchées par ce manque d’eau et les restrictions d’eau ont concerné 79 départements. La pousse cumulée d’herbe a ainsi enregistré un ralentissement notable en juillet et début août. Elle était estimée au 20 août à 79% de la production cumulée de référence d’après Agreste. Plus de 40% des régions fourragères étaient déficitaires et 25% souffraient même d’un déficit important. Les situations les plus difficiles se retrouvent dans le Nord et l’Est. Les éleveurs situés dans les zones les plus touchées par la sécheresse ont été autorisés à utiliser les jachères pour produire du fourrage.

En outre, après avoir rebondi en mai, le cheptel de vaches laitières a de nouveau reculé en juin, conséquence d’une forte hausse des abattages, suivi d’un léger repli en juillet. A 3,551 million de têtes au 1er août, il a perdu 25 000 têtes en deux mois, se retrouvant -1,8% sous son niveau de 2019.

La hausse de la collecte de juillet s’expliquerait par les bassins de l’Ouest de la France, plus épargnés par les phénomènes de sécheresse et de canicule et ayant bénéficié d’une pousse de l’herbe convenable sur le mois suite aux précipitations de juin. En outre, malgré des conditions météorologiques difficiles, la collecte dans le Grand Est a dépassé le très bas niveau enregistré l’année dernière.

Les conséquences de la pousse de l’herbe n’auraient commencé à affecter la collecte qu’à partir du mois d’août. Après une stabilisation d’une année sur l’autre en début de mois, la collecte hebdomadaire a ensuite alterné entre forte baisse (-2,5% /2019) et rebond (+1,7%) pour afficher une relative stabilité (-0,2% /2019) en moyenne mensuelle d’après les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer.

Après avoir été relativement stable et plutôt élevé en janvier et février (353 €/1 000 l), le prix du lait standard (moyenne nationale toutes qualités confondues) avait fortement reculé en mars puis en avril à 339 €/1 000 l avant de se stabiliser en mai, passant sous le bon niveau de 2019 (-3%). Il a ensuite entamé sa remontée saisonnière en juin et en juillet pour atteindre 347€/1 000 l (-2,7% ou -10 € /2019). Outre le caractère saisonnier, cette progression s’expliquerait notamment par la bonne tenue des marchés des produits laitiers et par la forte prime de saisonnalité mise en place par plusieurs groupes (Sodiaal, Eurial, Savencia, et Terra Lacta) qui avaient appliqué un fort malus de saisonnalité sur le prix du lait de printemps afin de modérer la collecte.

Allemagne : des livraisons affectées par la canicule

Alors qu’elles avaient enregistré une hausse en juillet (+0,9% /2019) après un 2ème trimestre stable, les livraisons ont reculé en août (-1,1% /2019) sous l’effet de la canicule qui a touché une partie du pays. Au total, sur les 8 premiers mois de l’année, les livraisons progressent de +0,7% /2019.

Après avoir atteint un point bas en juin à 304 €/1 000 l (-6% /2019), le prix du lait allemand est légèrement remonté en juillet à 306 € (-5% /2019).

Des hausses de collecte dans les autres grands pays laitiers

En Irlande, la collecte n’a pas été affectée par la situation sanitaire liée à la Covid-19. En juillet, elle s’est élevée à un peu moins d’un million de tonnes, un nouveau record pour ce mois avec une hausse de plus de 4% par rapport à l’année dernière. D’avril à juillet, les producteurs laitiers irlandais ont produit au total 4,1 millions de tonnes de lait, le volume le plus élevé jamais produit pendant le pic saisonnier. La collecte d’août aura été probablement supérieure à celle de l’année dernière malgré les pluies abondantes qui ont sévi sur une partie du pays pendant la deuxième quinzaine du mois. Le prix payé aux producteurs irlandais a progressé de plus de 2% en juillet d’un mois sur l’autre pour se situer près de 5% au-dessus de son niveau de 2019, à 325,3 €/1 000 l.

Après avoir connu un ralentissement entre mars et mai, la collecte néerlandaise a rebondi en juin et juillet. En juillet, la progression se chiffre à +1,1% /2019 et à +2,2% /2019 sur 7 mois. Cependant, le prix garanti de FrieslandCampina, qui avait progressé entre juin et août, a été annoncé en baisse pour septembre à 337,5 €/t de lait. Ce repli est le résultat d’un léger recul des prix des entreprises de référence qui constatent une hausse de l’offre mondiale de lait et une demande du marché à la traîne compte tenu de la situation économique.

La Pologne affiche une collecte toujours croissante, de +2,1% /2019. Sur les 7 premiers mois, la hausse se chiffre à +2,7% /2019.

Au total, la collecte de l’UE 27 a progressé d’environ +1,9% /2019 au mois de juillet et de près d’1,6% sur les 7 premiers mois. Elle devrait ralentir au mois d’août, conséquence de la canicule qui a touché plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne.