Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Depuis le deuxième semestre 2021, la production de lait évolue négativement chez les principaux pays exportateurs, ce qui limite les disponibilités en produits laitiers sur le marché mondial. Ainsi, au premier semestre 2022, la production chez les 6 principaux exportateurs a baissé de -1,1% /2021. Les producteurs, où qu’ils soient dans le monde, sont impactés par la hausse des coûts de production, mais aussi par de nombreux aléas climatiques plutôt défavorables. Malgré un prix du lait historiquement élevé, ils se montrent particulièrement prudents dans leurs choix et conduite d’élevage.

Cet été, les prix de l’aliment ont légèrement baissé ainsi que ceux des engrais tandis que les prix du lait ont continué de monter. Ceci a entrainé une légère reprise notamment aux Etats-Unis et dans quelques pays européens. En juillet, la production dans les 6 bassins agrégés aurait sensiblement baissé de près de -0,6% /2021.

Union européenne : quel impact de la sécheresse ?

Dans l’UE-27, les conditions météo estivales ont été dans l’ensemble fort peu propices aux pâtures (sécheresse et fortes températures). En France, seules les zones les plus centrales du pays semblent moins touchées. En Allemagne comme au Benelux ou encore dans le sud de l’Europe, les conditions chaudes et sèches ont fortement réduit l’accumulation de biomasse dans la plupart des pâturages.

En Pologne, les conditions étaient variables selon les régions. Si l’ouest du pays a été touché par le sec, l’Est et le Centre ont davantage été épargnés avec des températures moins élevées et davantage de pluies. Les pâturages en Irlande et au Danemark semblent en assez bon état et s’être globalement remis du manque d’eau au printemps.

Du côté du maïs ensilage, les chantiers se terminent en France et de nombreux retours font état de maïs récoltés trop secs ou sans épis. Dans l’ouest notamment, des parcelles de maïs grain ont été ensilées afin d’accroitre les réserves fourragères. En Allemagne, la floraison des maïs a coïncidé avec les fortes températures. Les rendements sont donc attendus en net repli (-18% par rapport à l’an dernier selon l’observatoire MARS). En Espagne et en Italie, l’irrigation a dû être limitée accentuant la perte de rendement. Dans le nord de l’Italie, une partie des maïs grain a été ensilée tandis que certaines parcelles seront abandonnées.

La Pologne, l’Irlande et le Danemark semblent moins impactés comme pour les prairies.

Ces éléments sur le fourrage européen n’auront pas forcément d’impact à très court terme. Néanmoins, de nombreux éleveurs ont dû compléter les rations cet été par du stock prévu pour cet hiver. Le stock de fourrages de cet été est limité en quantité tandis que les ensilages de maïs verront leur qualité nutritive baisser en l’absence d’épis.

Les fortes chaleurs estivales semblent n’avoir eu qu’un impact direct limité sur la production laitière durant les mois de juillet et août. Néanmoins, elles ont semble-t-il impacté le taux de fécondité des inséminations artificielles qui ont moins bien fonctionné et sur l’état corporel des vaches. Aussi, la réduction de production sera peut-être davantage sur du long terme.

Source : MARS bulletin 22 Août 2022

En Allemagne, les livraisons de lait semblent reprendre selon les enquêtes hebdomadaires de ZMB et se stabiliser au niveau de l’été 2021, déjà dégradé par rapport aux années précédentes. Néanmoins, les taux semblent dégradés par rapport à l’an dernier selon Eurostat.

En Irlande, le retour des pluies fin juin/début juillet a permis un retour de la pousse de l’herbe et s’est traduit par une hausse de la production au mois de juillet de +1% /2021 ainsi qu’une hausse des taux dans le lait.

En Pologne, la dynamique laitière reste solide avec une production en hausse de à +3,9% /2021 en juillet, soit un nouveau record de production pour un tel mois.

Enfin, en France la production se serait stabilisée en juillet, mais aurait chuté davantage en août (-2,4% /2021 selon la collecte hebdomadaire de FranceAgriMer). En Espagne, la collecte aurait baissé en juillet de -4,8% /2021.

A l’échelle de l’UE-27, une reprise globale de la production parait peu probable d’ici la fin d’année. Elle pourrait au mieux égaler le niveau modeste du second semestre 2021, durant lequel elle était repassée sous le niveau record de 2020. La pousse de l’herbe cet automne sera déjà un élément conditionnant une possible hausse des volumes.

Pas de reprise attendue en Nouvelle-Zélande et en Australie

Durant l’hiver austral, la production de lait est au plus bas saisonnier en Nouvelle-Zélande. Il n’empêche, les livraisons en juillet ressortent en repli de -5,6% /2021. Plus inquiétant, le début de la saison n’apparait pas sous les meilleurs auspices. Selon l’ONU, la probabilité que l’épisode la Niña se poursuive durant les mois de septembre à novembre 2022 est forte, d’environ 70%. Sur les mois d’été, cela s’est traduit par d’importantes pluies (voire des inondations) dans l’île du Nord et pourra se transformer en sécheresse au moment du pic laitier.

Du côté de l’Australie, la production laitière a chuté en juillet, premier mois de la nouvelle campagne, de -8% /2021. Soit le troisième mois consécutif de forte baisse, si bien que la collecte cumulée à l’issue de la campagne 2021/22 a reculé de -3,4% par rapport à la précédente.

Reprise aux États-Unis ?

Depuis plusieurs mois, la conjoncture semble s’améliorer pour les éleveurs nord-américains. Le marché guette les signes de reprise. Pourtant, la production du mois de juillet, estimée par l’USDA à seulement +0,2% /2021, est nettement en dessous des attentes.

Quant à la météo, la sécheresse en Californie est rentrée dans le critère « exceptionnelle », soit le degré maximal. Les températures sont particulièrement élevées et la compétition pour l’eau se fait de plus en plus forte entre les producteurs d’amandes et les éleveurs laitiers.

A ce stade de l’année, l’USDA table sur une hausse de la collecte annuelle de +0,2% par rapport à 2021.