Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Au 1er trimestre, les ménages français ont consommé moins de produits laitiers, mais ont dépensé plus, sous l’effet de prix de vente  en hausse. En Allemagne tous les produits laitiers subissent une érosion de la demande des ménages.

Consommation morose en France

Les ménages français continuent de délaisser les laits conditionnés. Les ventes en GMS poursuivent leur érosion en volume comme en valeur, respectivement de -3% et -2% /2018 au 1er trimestre. Les laits standard longue conservation sont les plus affectés (-3,7% pour le ½ écrémé, -5% pour l’entier et -13% pour l’écrémé). Les laits aromatisés sont désormais touchés. Seuls les laits spécifiques (délactosés et bio) progressent, mais plus modestement qu’en 2018 (+3% en volume). Les causes de ce désamour sont désormais bien identifiées. D’une part, les habitudes de consommation changent : le petit-déjeuner, moment privilégié de la consommation de lait, n’est plus sanctuarisé : selon le Credoc, près d’une quart des enfants ne prend plus de petit déjeuner, contre près de la moitié en 2003. Le lait est de plus la victime collatérale de l’image dégradée des céréales. Ensuite, les jus de végétaux connaissent un succès grandissant aux dépens du lait.

Le marché des ultra-frais est tout aussi déprimé. Les ventes ont reculé de 2% en volume, mais ont été stables en valeur au 1ertrimestre grâce à une hausse des tarifs (+2% en moyenne). Les ventes de yaourts aux fruits et de fromages frais sont les plus délaissés (-4% /2018). A l’inverse, les ventes de desserts frais lactés ont repris (+1% en volume).

En revanche, le marché des matières grasses laitières (beurre et crème) retrouve de la couleur, après avoir reculé de 3% en volume en 2018 principalement sous l’effet d’une hausse des prix au détail (+14% /2017). Les ventes de beurre ont regagné 1 point en volume au 1er trimestre, surtout grâce au succès du format beurrier, et celles de la crème autant grâce au succès de la crème UHT (+2%) qui compense l’érosion de la crème fraîche (-1%).

Enfin, seule la consommation de fromages demeure robuste, grâce à la diversité des formes et des produits consommés. Les ventes des GMS de fromages en libre-service ont toutefois modestement progressé en volume (+0,6% /2018 au 1er trimestre 2019), presque moitié moins vite qu’en 2018 (+1%). Le chiffre d’affaires a quant à lui bondi de 3,1% grâce à la hausse prononcée des prix de vente (+2,6%).

Consommation déprimée en Allemagne

En Allemagne, la consommation des ménages est nettement déprimée. Les ménages ont encore réduit leurs achats de beurre et de crème (respectivement de -7% et -5% au 1er trimestre d’une année sur l’autre). En deux ans les achats de beurre ont chuté de 10% probablement sous l’effet des prix toujours élevés. A 6,80 €/kg début 2019, le prix de vente moyen du beurre plaquette au détail est toujours historiquement en hausse de 30% en deux ans. La consommation de laits liquides et de yaourts est aussi fortement baissière (-4 et -5% /2018 au 1er trimestre). Seule la consommation de fromages résiste avec des prix stationnaires d’une l’autre, mais toujours supérieurs de 10 à 12% à ceux de 2017 à pareille époque.