Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Les exports de broutards français vers l’Algérie, qui ont atteint des niveaux historiques en décembre, ont dépassé en 2022 le flux record enregistré en 2019. Mi-mars, les cours des broutards mâles étaient toujours orientés à la hausse du fait du manque de disponibilités. Toutes destinations, les exports de broutards reculent faute d’offre et les envois résistent mieux vers l’Italie.

En décembre, des exports records vers les pays tiers

Selon les Douanes, en décembre 2022 comme depuis septembre, les exportations françaises de broutards vers les pays tiers ont bondi, à 13 000 têtes (x5 /2021 ou +10 500 têtes et +62% /2020).

L’Algérie se préparait encore aux fêtes du Ramadan, après deux années d’import réduit et de décapitalisation du cheptel. En achetant 12 000 broutards en décembre, elle a dépassé les effectifs mensuels achetés en octobre et novembre, déjà élevés, et s’est approchée du record absolu de décembre 2013 (15 000 têtes).

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La Tunisie a importé 1 000 broutards français par mois, d’octobre à décembre 2002, pour ainsi se préparer à la prochaine saison touristique estivale.

Grâce à cette demande soutenue, 78 000 broutards ont été exportés de France vers les pays tiers en 2022, soit un record absolu (+24% /2021 ou +15 000 têtes, +19%/ 2020 et +7% /2019). Sur ce total, 69 000 broutards ont été expédiés vers l’Algérie en 2022, dépassant le record pré-covid de 2019 (59 000 têtes).

Depuis début 2023, le Ramadan approchant, l’Algérie souhaitait acheter des bovins finis et avait suspendu la délivrance de licences d’import de bovins maigres. N’ayant pu s’approvisionner en France ou en Espagne en jeunes bovins finis (manque de disponibilités pour l’une, tensions politiques pour l’autre), le pays a finalement acheté des bovins vifs finis auprès du Brésil. Il s’agit d’une première pour l’Algérie, qui a toujours préféré acheter des bovins vivants à l’UE pour leur qualité sanitaire.

Fin 2022, des fondamentaux inchangés vers l’Italie et l’Espagne

Sur l’année 2022, l’Italie a importé 858 000 broutards français selon les Douanes, soit un effectif en recul de -5% /2021 (-45 000 têtes) et -5% /2020. Du fait de la bonne demande italienne, les exports français transalpins ont mieux résisté que l’ensemble des envois toutes destinations, en recul de -7% /2021.

Vers l’Espagne, la France a expédié un total de 86 000 broutards en 2022, en chute de -28% /2021 (-33 000 têtes) et -34% /2020. L’obligation de vaccination contre la FCO depuis septembre 2021 a réduit l’intérêt des éleveurs pour le marché espagnol, d’autant que les disponibilités étaient limitées. L’Espagne a en revanche engraissé davantage de broutards espagnols, meilleur marché, pour le marché national et pour l’export.

En janvier 2023, le recul global des exports de broutards français s’est poursuivi

Les naissances étant en recul depuis de nombreux mois, les disponibilités en broutards étaient toujours moindres en janvier 2023 et les exportations françaises de bovins de 4-16 mois de type viande ont poursuivi leur recul. Ainsi, en janvier (semaines 1 et 4), 82 000 broutards ont été exportés (-6% /2022 ou -5 000 têtes et -20% / 2021, particulièrement dynamique vers l’Italie). Les exports vers l’Italie ont reculé plus modérément (voir données TRACES plus bas), mais le recul structurel se poursuivait vers l’Espagne tandis que l’Algérie avait commencé à stopper ses achats de broutards.


Entre-les-semaines-1-et-4-de-2023-les-exports-totaux-de-broutards-francais-ont-recule-de-6-pr-cent-par-rapp-a-2022

En février et mars, les envois résistent vers l’Italie

Selon TRACES, du 29 janvier au 11 mars (semaines 5 à 10) la France a expédié 111 000 bovins de tous âges et de tous types vers l’Italie, soit une baisse de -3% /2022. Vers l’Espagne, le recul perdurait avec 51 000 têtes expédiées, tous bovins confondus, soit une baisse de -7% comparé à une année 2022 déjà réduite en volumes.

Selon TRACES entre s5 et s10 les exports de tous bovins de FR vers Italie reculaient de -3 pr cent et ceux vers Espagne de -7 pr cent

Net recul des naissances de janvier, après un mois de décembre presque étal

En janvier 2023, 316 000 veaux sont nés de mère allaitante, en net recul de -5,9% /2022. Un mois plus tôt, en décembre, les naissances avaient été presque équivalentes à l’an passé (-1% /2021) peut-être du fait de meilleures conditions fourragères neuf mois plus tôt en avril, ayant permis de bons résultats de reproduction.

Naissances-de-veaux-de-mere-allaitante-de-janv-2023-en-net-recul-de-6-pr-cent-par-rapp-a-2022

Au 1er février 2023, SPIE-BDNI dénombrait 3 571 000 vaches allaitantes en France, en recul de -3,1% /2022 (-114 000 vaches) contre -3,0% un mois plus tôt.

Au 1er février, les effectifs en ferme de mâles de mère allaitante âgés entre 6 et 12 mois étaient réduits de -2% /2022 et -7% /2021. Ce recul était moindre chez les mâles plus jeunes (effectifs de 0 à 6 mois) à -1% /2022 et -3% /2021.

En mars, les cotations des broutards mâles repartent à la hausse

En mars les cours des broutards ont poursuivi leur hausse, en lien avec les faibles disponibilités de la fin d’hiver. En semaine 10, le Charolais U de 450 kg vif cotait 3,45 €/kg vif (+13% /2022 ou +40 centimes et +5 cts en quatre semaines).

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Le Charolais U de 350 kg cotait 3,52 €/kg vif en semaine 10 (+10% /2022 ou +32 cts et +40% /2021). Il a pris 8 centimes en quatre semaines, car les disponibilités de ces broutards plus légers se réduisent à l’approche du printemps.

Pour les autres animaux légers, le cours du Limousin E de 350 kg a progressé pour s’établir à 3,70 €/kg en semaine 10 (+26% /2022 ou +51 cts et +36% /2021). Le prix du Croisé R de 300 kg a atteint 3,70 €/kg en semaine 10 (+26% /2022 ou +51 cts et +36% /2021).

Côté femelle, le cours de la Charolaise U de 270 kg a reflué de 5 centimes en quatre semaines, à 3,25 €/kg en semaine 10, et s’écartant ainsi du cours de la Limousine E de 270 kg – toujours à 3,30 €/kg. Les niveaux atteints témoignent de la fermeté de la demande en France et en Italie, face aux faibles effectifs de génisses, notamment charolaises.