Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Faute d’offre, les prix des vaches de réforme s’envolent dans tous les États membres, sauf en Irlande où ils restent orientés par un marché britannique moins demandeur de vaches. La vache O néerlandaise a atteint 3,82 €/kg début novembre, la vache O allemande 3,58 € et la vache O polonaise 3,41 €/kg.

 

ALLEMAGNE : prix soutenus par le manque de disponibilités en gros bovins

En Allemagne, avec un cheptel bovin en retrait de plus de -2% dans l’enquête de juin, les abatteurs peinent à trouver des animaux pour faire tourner leurs outils. Sur les 8 semaines 36 à 43, les abattages de gros bovins ont enregistré un recul de -2% /2020 et de -6% /2019. La baisse est de -2% /2020 et -7% /2019 pour les vaches, -3% /2020 et -5% /2019 pour les génisses et -3% /2020 et -6% /2019 pour les JB.

Ce manque d’offre booste les prix, même ceux des vaches qui rompent avec la traditionnelle baisse automnale. Ainsi, la vache O cotait 3,58 €/kg en semaine 44 (+46% /2020 et +36% /2019) et la vache R 3,78 €/kg (+41% /2020 et +33% /2019).

PAYS-BAS : une offre au plancher conduit à des prix jamais atteints

Aux Pays-Bas, les abattages de gros bovins sont en fort recul depuis le mois de mars et sont restés à un très bas niveau en octobre (-12% /2020 et -10% /2019 sur les semaines 39 à 43).

Ce fort ralentissement des abattages, alors que le marché européen manque de viande et que les découpeurs néerlandais recherchent des carcasses, induit une flambée des cours. La cotation néerlandaise de la vache O a bondi de 21 centimes en 4 semaines pour atteindre 3,82 €/kg de carcasse en semaine 44 (+52% /2020 et +39% /2019).

IRLANDE : Les prix des vaches restent élevés malgré un début de baisse saisonnière

En Irlande, la baisse saisonnière est enclenchée, en lien avec les prix sur le marché britannique et la hausse automnale des réformes. L’Irish Farmers Association regrette toutefois que les prix des vaches ne suivent pas ceux d’Europe continentale, qui représente le principal marché pour les vaches irlandaises, plutôt que les prix britanniques qui ne devraient rester directeurs que pour les bœufs et les génisses.

La cotation de la vache O restait toutefois élevée en semaine 44, à 3,44 €/kg de carcasse (+21% /2020 et +32% /2019). Celle de la génisse R se maintenait à 4,20 €/kg (+14% /2020 et +17% /2019) et celle du bœuf R à 4,15 €/kg (+15% /2020 et +21% /2019).

D’après l’indicateur du Ministère irlandais de l’Agriculture, les abattages de vaches sur les semaines 41 à 44 étaient intermédiaires entre ceux des deux années précédentes (-6% /2020, mais +7% /2019).


L’enquête cheptel de juin dénombrait 1,605 million de vaches laitières en Irlande, soit 36 000 de plus qu’en 2020 (+2,3%) et 940 000 vaches allaitantes (-42 000 têtes /2020 ou -4,4%).

ROYAUME-UNI : les abatteurs recherchent du prime cattle pour la saison des fêtes

Au Royaume-Uni, La « Christmas kill period » démarre et, avec elle, la recherche de bœufs et de génisses par les abatteurs. Les vaches de réforme ont moins la cote alors même que l’offre est en hausse avant l’hivernage, ce qui met les prix sous relative pression.

La cotation de la vache O4 est orientée à la baisse depuis la fin août. A 2,83 £/kg de carcasse en semaine 43, elle restait toutefois historiquement élevée pour la période (+9% /2020 et +25% /2019). Celles du bœuf R3 restait stable à 4,18 £/kg (+12% /2020 et +26% /2019) de même que celle de la génisse R3, à 4,17 £/kg (+11% /2020 et +27% /2019).

Cette année, les experts d’AHDB craignent que la flambée des coûts de l’aliment du bétail ne pousse les éleveurs à réformer davantage que les années précédentes. Sur les 4 semaines 40 à 43, le nombre de vaches abattues d’après l’indicateur hebdomadaire AHDB était intermédiaire entre 2020 et 2019 (+2% /2020 et -3% /2019) alors que les sorties de bœufs et génisses étaient en recul significatif (bœufs : -5% /2020 et -9% /2019 ; génisses : -2% /2020 et -4% /2019).

A la faiblesse de l’offre, s’ajoute un pénurie de main d’œuvre qui limite les capacités d’abattage et de découpe au Royaume-Uni. L’industrie de la viande, comme l’ensemble de la logistique (transport…), recourt en effet en grande partie à de la main d’œuvre étrangère. Or le Brexit a conduit de nombreux étrangers à quitter le Royaume-Uni, faute de visa de travail, attribués désormais au compte-goutte et pour des durées limitées.

POLOGNE : toujours plus haut

En Pologne, que ce soit en zlotys ou en euros, les prix des vaches ne cessent de battre des records. La vache O cotait 3,41 €/kg en semaine 44 (+36% /2020 et +32% /2019).

Face à la reprise de demande européenne, suite à la réouverture de la restauration, la production polonaise plafonne. 355 000 vaches ont été abattues sur les huit premiers mois de l’année, soit +3% qu’en 2020 (les réformes avaient été très ralenties lors du 1er  confinement), mais pas plus qu’en 2019 (le scandale de l’abattage des vaches malades avait considérablement réduit les réformes sur la période) et beaucoup moins qu’en 2018 (-12%), dernière année « normale ».

Cette baisse s’explique par le fort recul, structurel, du cheptel polonais de vaches laitières qui  n’étaient plus que 2,113 millions dans l’enquête de juin (-5% /2020).