Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Après avoir été séparée en deux groupes de pays aux évolutions opposées, l’Union européenne retrouve à l’automne une certaine homogénéité en termes de production laitière. Les ¾ des pays membres enregistrent une croissance modérée de leur production. Les Pays-Bas renouent avec la croissance, tandis que l’Irlande, le Royaume-Uni et l‘Allemagne enregistrent un net ralentissement.

En septembre, la collecte française a progressé de 0,9% /2018, permettant à la collecte trimestrielle de progresser de 0,2% /2018 après avoir reculé de 1% au 1er semestre. Cette hausse a été réalisée avec un cheptel en fort recul (-1,4% /2018 au 1er octobre), conséquence d’un nombre réduit de génisses qui sont entrées en production depuis juillet. L’effectif national de génisses laitières de plus de 18 mois est en effet en recul constant depuis mi-2018, de – 5% en moyenne sur les 9 premiers mois de 2019.

En octobre, la collecte française aurait progressé de près de 1%, par rapport au très faible niveau d’octobre 2018, d’après les sondages hebdomadaires FranceAgriMer, et ce, malgré l’incident ayant touché Lubrizol. Entre le 28 septembre et le 14 octobre, 453 éleveurs laitiers répartis sur 5 départements (Seine-Maritime, Oise, Somme, Nord, Pas de Calais et Aisne) n’ont pas été autorisés à livrer leur lait. Ce sont ainsi 700 tonnes de lait qui ont été chaque jour écartées du circuit alimentaire, soit l’équivalent à 1% de la collecte nationale journalière. Cette situation s’est traduite par un recul de la collecte nationale au cours la première semaine d’octobre (-0,3% /2018) et par une faible hausse sur la deuxième semaine (+0,7%). Les deux dernières semaines du mois ont ensuite plus que compenser cet incident avec des hausses comprises entre +1,5% et +2%. La collecte française pourrait ainsi progresser de +1 à +2% au 4ème trimestre.

Après s’être légèrement érodé durant l’été, le prix du lait valorisé en beurre/poudre maigre a rebondi en septembre et en octobre, tiré par la hausse régulière des cours des protéines laitières. Ainsi, malgré des indices saisonniers moins favorables, le prix du lait standard payé aux éleveurs pourrait se stabiliser au-dessus des 360 €/t atteint en septembre (+3% /2018), grâce à la hausse des cours des produits laitiers et à la poursuite des premiers effets de la loi EGALim.

Ralentissement en Allemagne

En Allemagne, après avoir cédé -0,5% au 1er semestre, la collecte nationale, qui avait rebondi en août (+1,1% /2018), ne cesse de faiblir depuis : la croissance est passée à +0,8% en septembre et à +0,4% en octobre. Les livraisons vont entrer dans le creux saisonnier, au mois de novembre. Le prix du lait payé aux livreurs devient de moins en moins incitatif. Après d’être effrité au cours de l’été, le prix standard allemand (ramené 32 g de MP et 38 g de MG) s’est stabilisé à 309 €/1 000 l en septembre, soit -7% / 2018.

Fin de la baisse de production aux Pays-Bas et fléchissement dans les îles britanniques

Les grands pays producteurs enregistrent des hausses de collecte, comme les Pays-Bas qui renouent avec la croissance depuis le mois d’août (+0,8% /2018 en août et +1,7% en septembre) et retrouvent les niveaux de 2015.

Après avoir enregistré une progression de +10% au 1er semestre, la collecte irlandaise a fortement fléchi. Elle n’affichait qu’une modeste hausse de +0,2% /2018 en septembre et aurait même reculé en octobre. Le prix standard du lait a connu une baisse continue entre janvier et août, avant de rebondir en septembre à 303 €/1 000 l, un niveau cependant encore très éloigné de celui de 2018 (-13%).

Au Royaume-Uni également, le dynamisme du 1e semestre (+3% /2018) a également laissé place à un fort ralentissement. La hausse de la collecte qui n’était plus que de +0,3% /2018 en septembre, devrait être nulle en octobre, réduisant la croissance à +2% sur les 10 premiers mois de l’année.

Seul le Danemark voit sa production reculer en septembre (-0,9% /2018) pour le 5ème mois consécutif. Sur les 9 premiers mois de l’année, le pays affiche une légère hausse de +0,4% /2018.

Au total, la collecte européenne a progressé de +0,8% /2018 en septembre et de +0,8% au 3ème trimestre. L’évolution de la collecte au 4ème trimestre dépendra de l’ampleur et de la durée du fléchissement de certains pays, comme l’Irlande, le Royaume-Uni ou l’Allemagne.