Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

En septembre, la collecte française a fortement décroché, et devrait rester en net recul en octobre. L’indice IPAMPA s’est de nouveau fortement apprécié, sous l’impulsion de la flambée des prix du carburant et des engrais azotés. La hausse du prix ne suffit donc pas à redresser la MILC, qui recule de nouveau d’une année sur l’autre, mais pourrait progresser en fin d’année puisque le prix du lait devrait resté soutenu.

Net décrochage de la collecte en France

En septembre, la collecte française s’est fortement repliée (-2,4% /2020) après avoir légèrement progressé en août. Il faut tout de même noter que la collecte avait été plutôt dynamique en septembre 2020 malgré la sécheresse particulièrement virulente dans le Nord et l’Est. Cette baisse relative concerne l’ensemble des régions, à l’exception de la Bourgogne-France-Comté (+1,6% /2020), notamment parce que les élevages météo sensibles en Comté dernier ont vu leur collecte progresser. Le repli est en revanche particulièrement marqué dans les Hauts-de-France (-4,5% /2020) et dans le Grand-Est (-5%), signe d’élevages globalement peu herbagers. Les livraisons reculent également en Bretagne (-2%), et en Normandie (-1,3%).

La baisse de la collecte se serait poursuivie sur octobre dans des proportions à peine moindres, selon les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer.

Plusieurs explications peuvent être avancées pour expliquer ce repli :

Tout d’abord, le prix élevé de l’aliment (voir indice IPAMPA plus bas) pousse certainement au rationnement des concentrés. Or, la production dépend davantage des aliments azotés lorsque la pousse de l’herbe ralentit à partir de la fin d’été. Deuxièmement, les ensilages tardifs de maïs pourraient avoir poussé certains éleveurs à rationner les rations en attendant la récolte.

Enfin et surtout, le cheptel de vaches laitières est en recul de -1,7% /2020. Au cours de l’été, le repli du cheptel s’est toutefois légèrement réduit par rapport à 2020 (il était de -2,1% en juin), ce qui pourrait notamment être lié à la prolongation de lactations de vaches non pleines. En effet, les fortes disponibilités fourragères ont poussé les éleveurs à optimiser la valorisation des pâtures, ce qui pourrait expliquer la baisse des réformes observée ces derniers mois. L’érosion du cheptel pourrait donc s’accélérer dans les prochains mois.

Enfin, les données SPIE/BDNI indiquent un recul des vêlages depuis mai, particulièrement marqué en août. Ce repli est supérieur à l’érosion globale du cheptel de vaches laitières, et se matérialise donc par un décalage des lactations. Puisque le pic de lait intervient dans les premiers mois de lactation, le décalage des vêlages pourrait avoir contribué à ce recul de la collecte de septembre / octobre. Toutefois, le nombre de vêlages est repassé au-dessus de l’an dernier en septembre, et l’effet inverse pourrait donc se produire dans les prochains mois.

La hausse du prix du lait se poursuit en France

En France, d’après FranceAgriMer, le prix standard tous laits confondus s’est établi à 378 €/1 000 l en septembre, soit +0,6% en un mois. Il affiche une hausse de +6,7% /2020 (+24 €/1 000 l). Le prix réel tous laits a quant à lui dépassé la barre des 400 €/1 000 l, ce qui n’était plus arrivé depuis 2014. Depuis plusieurs mois, l’évolution du prix est conforme à la saisonnalité habituelle, et suit la pente de l’an dernier, mais à un niveau sensiblement supérieur. Selon l’observatoire de l’Eleveur laitier, les prix du lait devraient se maintenir cet automne au niveau de septembre, alors que la tendance est habituellement à la baisse à cette période.

IPAMPA : la hausse des charges neutralise celle des prix

En septembre, l’indice IPAMPA a signé un nouveau record, à 113,8 pts, soit une légère hausse d’un mois sur l’autre (+0,7%) et un bond de +10% d’une année sur l’autre.

La hausse du prix de l’aliment contribue pour environ 4 points sur les 10 points de croissance sur un an. Même s’il ne s’agit pas du poste qui a connu la plus forte progression, il est celui qui pèse le plus en absolu. Les 6 points restants de hausse se partagent équitablement entre la hausse du prix du carburant (+2 pts), celle des engrais (+2 pts) et celle des biens d’investissements (+2 pts).

Sur un mois, la hausse de l’indice émane pour moitié de celle des engrais et amendements (+8% /août) et pour un tiers de la hausse des carburants.

MILC : La hausse des charges neutralise celle du prix du lait

En septembre 2021, la MILC s’établit à 102 €/1 000 l. D’une année sur l’autre, elle a reculé de nouveau de -3 €/ 1000 l après s’être nettement redressée cet été (+13,5 € entre juin et août 2021), grâce à la hausse des prix du lait et des vaches de réformes. La MILC a progressé entre août et septembre mais de façon inférieure à sa saisonnalité habituelle, en raison de la hausse des charges, alors que l’évolution des prix des produits est similaire à celle de l’an dernier (+0,7% d’un mois à l’autre).

Sur 12 mois glissants, la MILC s’établit à 91,3 €/1 000 l, soit bien en deçà de son niveau de l’an passé à pareille époque (-8 €/1 000 l) et sous la moyenne 2007-2019 (99 €/1 000 l).

Sous réserve d’une stabilisation des charges en fin d’année, la MILC pourrait toutefois connaître une hausse continue à partir de novembre, avec un prix du lait probablement mieux orienté que fin 2020.

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