Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Alors que des améliorations de collecte étaient attendues cet automne, des incidents climatiques et sanitaires viennent perturber la production laitière française. Le prix du lait français amorce un recul sur le dernier trimestre de l’année.

La collecte poursuit son recul

La collecte laitière française a décroché en septembre (-4,8% /2022). Sur les 9 premiers mois de l’année, la baisse a atteint -2,5% /2022. Malgré ce déclin préoccupant, l’amélioration des taux a permis d’atténuer sensiblement le repli de la collecte : -1,1% /2022 en MSU (Matière solide utile). Durant le mois d’octobre, la collecte a poursuivi son reflux (-3,8% /2022), d’après nos estimations calculées à partir des sondages hebdomadaires de FranceAgriMer.

Dans ce contexte de fort repli de la collecte, des signes d’amélioration étaient pourtant attendus cet automne. Les fourrages récoltés en quantité se révèlent très lactogènes. Également, au 1er octobre 2023, un moindre recul du cheptel laitier a été observé (-1,9% /2022) dans la continuité de ces derniers mois. Les éleveurs semblent garder davantage leurs vaches et donc moins réformer (chute des abattages en octobre de -11% /2022). Le maintien du prix du lait à un niveau jusque-là plus élevé que l’an passé et le prix des charges stabilisé incitent les éleveurs à conserver des vaches. Toutefois, ces signes d’amélioration ont été repoussés par deux événements inédits : tempêtes et inondations d’une part, maladie hémorragique épizootique d’autre part.

Les incidents climatiques et sanitaires pénalisent la reprise de production

Tout début novembre, le passage de la tempête Ciaran dans l’Ouest (Bretagne et Manche) et le Nord de la France (Pas de Calais) suivi d’une autre tempête et d’inondations dans le Pas-de-Calais ont lourdement impacté les agriculteurs. Les perturbations liées à la tempête ont entrainé des coupures d’électricité entravant la traite, la conservation du lait ou encore la distribution de l’alimentation. Les inondations ont causé la défaillance de robots de traite et endommagé des salles de traite. Des bâtiments d’élevage ont été inondés, des cheptels ont dû être relocalisés. Des stocks de paille ont été noyés tandis que des silos de fourrages se sont trouvés immergés. À plus long terme, les répercussions sanitaires telles que le stress, le froid, les conditions humides propices aux mammites, mais aussi l’accès à l’eau potable et les conditions de traite auront inévitablement une influence sur la productivité par vache impactant ainsi la production laitière dans ces zones. A l’heure actuelle, il est difficile de chiffrer les conséquences de ces intempéries, mais leur impact se fera sentir sur la collecte nationale de novembre.

Autre phénomène qui sévit dans le sud-ouest de la France : la Maladie hémorragique épizootique (MHE), maladie virale non contagieuse, transmise par les moucherons Culicoïdes. La MHE infecte principalement les bovins et les cervidés. La maladie progresse vers le Nord de la France, elle a désormais atteint la Vendée. Les effets sont très variables. Des vaches peuvent être malades sans symptôme. Dans d’autres cas, de la fièvre, de l’inappétence, des lésions, des boiteries apparaissent. Des élevages laitiers de Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et des Landes sont touchés. Lorsqu’une vache est infectée, elle peut perdre la quasi-totalité de sa production laitière. D’après les spécialistes, la durée de la maladie est estimée à environ un mois, mais la récupération de la productivité antérieure à l’infection s’avère complexe. La mortalité annoncée à moins de 1% serait plus élevée.

Légère baisse du prix du lait en France attendue pour le dernier trimestre

En septembre 2023, le prix du lait standard (toutes qualités) en France a atteint 462 €/1 000 l, en progression de +1€ en un mois. Il reste toujours plus élevé qu’un an auparavant (+7 € /2022). Il devrait baisser de -15 à -20 €/1 000 l d’après nos prévisions sur le dernier trimestre 2023.

Après 6 mois de baisse, les charges sont reparties légèrement à la hausse en août et se stabilisent en septembre d’après l’IPAMPA lait de vache. Le recul des charges alimentaires et de l’engrais se poursuit, mais le poste énergie continue sa progression (+4% en un mois). À noter que sur un an, l’IPAMPA de septembre reste toutefois en recul (-2,5% /2022).

La marge MILC, estimée à 149 €/1 000 l en septembre, a augmenté de +3,5 € d’un mois sur l’autre sous l’effet de la hausse du prix du lait et des autres produits. Et les charges se stabilisent. Sur un an, la MILC a augmenté de +8 €/1 000 l. Le produit lait est resté stable alors que les autres produits se sont réduits (-2 €), mais les charges ont sensiblement reculé (-10 €).