En Italie, les retards d’abattages ne sont pas encore résorbés pour les mâles. Le marché des femelles est fluide. La viande importée, qui se retrouve en supermarchés en raison d’une consommation hors domicile encore convalescente, fait pression sur les prix.
Des abattages de mâles retardés
Au 31 août, la BDNI italienne dénombrait 426 000 mâles de 1 à 2 ans, soit 21 000 de plus qu’un an plus tôt (+5%), alors que ce même effectif était en baisse au 31 mars dernier (-8 000 têtes /2019) et que la hausse dans la catégorie d’âge inférieure était de bien moindre ampleur les mois précédents (+5 000 têtes en moyenne sur les 6 derniers mois). Ceci confirme les retards de sorties signalés par les opérateurs et témoigne d’un marché moins fluide qu’en mars. La mise en place du confinement avait en effet accéléré les sorties, la demande des GMS se portant en premier lieu sur la viande italienne de jeunes bovins mâles et femelles.
Le marché est beaucoup plus fluide pour les femelles. Le stock de femelles de 1 à 2 ans, qui était en hausse de 7 000 têtes au 31 mai, affichait au 31 août une baisse de 16 000 têtes par rapport à un niveau 2019 particulièrement élevé. Cette donnée ne distingue pas les femelles à l’engraissement des femelles de renouvellement, y compris laitières.
Les femelles de plus de 28 mois, pour l’essentiel des vaches, restaient nombreuses fin août (+23 000 têtes /2019, contre +11 000 têtes au 29 février), mais le surplus s’était légèrement résorbé par rapport à la fin mai (+30 000 têtes /2019). La réouverture des fast-foods et autres restaurants a permis de dynamiser les abattages de vaches qui avaient été fortement ralentis pendant le confinement, faute de demande.
Les prix stagnent à Modène
Les cotations des mâles finis à Modène n’avaient toujours pas démarré leur hausse saisonnière début septembre. La valorisation des animaux reste problématique, notamment en raison de la présence accrue de viande importée dans les supermarchés, mais aussi du fait de la mauvaise valorisation des peaux et des avants. L’été, une partie des avants trouve d’habitude un débouché complémentaire sur le marché grec, mais cette année la forte baisse du tourisme en Grèce a limité la demande.
A 2,44 €/kg vif en semaine 36, la cotation du mâle charolais de 700-750kg à Modène se situait 5% sous son niveau de 2019 et 2% sous celui de 2018. Celle du mâle limousin de 600-650 kg, à 2,71 €/kg, était inférieure de 2% à son niveau de 2019 et de -1% à celui de 2018. Les mâles croisés nés en Italie pâtissent également de la situation, avec des niveaux de prix inférieurs aux années précédentes (-2% /2019 et -4% /2018).
Les cotations des femelles, qui avaient été réajustées à la baisse au 4ème trimestre 2019, restent d’une grande stabilité. La Charolaise reste à 2,58 €/kg (-3% /2019 et -2% /2018) et la Limousine à 2,88 (-1% /2019 et -2% /2018).
Les achats des ménages en hausse modérée
Depuis le déconfinement, les achats des ménages de viande bovine restent en hausse d’après le panel ISMEA-Nielsen. Mais la progression de +5% /2019 sur la période du 18 mai au 12 juillet, est plus modérée que sur les 12 semaines précédentes (+16%) et bien plus faible que pour le porc et la volaille (respectivement +15% et +8%).
D’après les opérateurs italiens et l’ISMEA, le report de consommation de viande bovine de la RHD vers les achats des ménages n’est pas total.
-64% pour le chiffre d’affaires de la RHD au 2ème trimestre
Alors que le chiffre d’affaires de la restauration en Italie était en hausse de 2% par an depuis 2015, il s’est effondré de 23% au 1er trimestre 2020 /2019 et de 64% au 2ème trimestre. Ces baisses sont plus fortes que celles enregistrées en France (-13% au 1er trimestre et -61% au 2ème trimestre).
Les opérateurs italiens des filières agroalimentaires et de l’hôtellerie-restauration s’inquiètent de l’effondrement des arrivées de touristes étrangers qui participent d’habitude au dynamisme de la consommation tout au long de l’année, mais surtout d’avril à octobre. D’après Federalberghi (fédération de l’hôtellerie), la présence de touristes étrangers était en baisse de 93% en juin et de 76% en juillet par rapport à 2019 (source : il Post).
Les viandes importées toujours présentes pendant le confinement
Les importations italiennes de viande bovine sur les 3 mois mars-avril-mai ont chuté de 21% /2019, en réponse à la fermeture de la restauration. La baisse est de -26% en provenance de Pologne, -12% en provenance de France, -9% des Pays-Bas (essentiellement de la viande de veau), de -42% d’Allemagne, de -24% d’Irlande et de -27% d’Amérique du Sud. En revanche, l’Espagne est parvenue à placer plus de viande (+29% à 6 500 téc), un volume qui n’est plus négligeable puisqu’il représente 44% du volume envoyé par la France sur la même période. Par ailleurs, il faut noter que la Pologne, avec 16 000 téc, est restée la première origine dans les importations italiennes, devant la France (15 000 téc). La viande polonaise, qui est d’habitude essentiellement écoulée en RHD, s’est visiblement frayée un chemin dans les circuits de détail.