Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Les achats se sont dynamisés tardivement cette année, à seulement une semaine de Pâques. Certains abatteurs ont jusque-là rencontré quelques difficultés à écouler leurs produits et ainsi vider leurs frigos, ce qui s’est ressenti sur la cotation de l’agneau. Tout semble néanmoins rentrer dans l’ordre à quelques jours des festivités. Malgré l’inflation, le prix élevé de l’agneau ne semble pas freiner les commandes.

Malgré l’inflation, les Français ont acheté le traditionnel agneau pascal

Dans un contexte de retour de l’inflation en mars (invasion russe en Ukraine) et de tension du pouvoir d’achat des Français, les ventes d’agneau – viande parmi les plus chères – étaient quelque peu en difficulté et la cotation française s’est ainsi rapprochée de ses niveaux de l’an passé. Le décalage des dates de Pâques, (de S13 en 2021 à S15 en 2022), explique aussi ce phénomène. Face aux incertitudes de plus en plus prégnantes (pandémie puis guerre), les boucheries comme les GMS ont attendu pour passer commande.

La situation s’est débloquée la semaine avant Pâques et la cotation entrée abattoir a alors bondi de 26 cents entre les semaines 13 et 14, à 7,93 €/kg éc, soit +0,28 € /2021 et +1,75 € /2020. La hausse devrait se poursuivre jusqu’à la veille de Pâques. On s’attend à un nouveau regain de la demande en semaine 17 pour l’Aïd el-Fitr, qui célèbre la fin du Ramadan.

Attention toutefois, la flambée des charges nuance ces niveaux de prix. Déjà importante, elle s’est accentuée depuis le début de la guerre en Ukraine. Les ménages français consacrent moins de budget à l’alimentation et le risque serait que l’agneau s’efface des rayons, une fois Pâques passé. En février 2022, l’IPAMPA ovin viande a atteint 124,2 points (+14,9 points /2021), surtout en raison de la flambée des indices énergie et lubrifiants (+43% /2021) et aliments achetés (+11%).

Des abattages bien lancés pour Pâques

En février, les achats de viande ovine ont été modestes et, selon Agreste, la production abattue de viande ovine a alors perdu -1% d’une année sur l’autre, à 6 300 téc. 288 000 agneaux ont été abattus en février, soit 4% de moins qu’en 2021. Et les réformes ont aussi reculé, de -5% à 37 000 têtes.

Face à des difficultés pour écouler les volumes abattus, les sorties ont été ralenties, si bien que les agneaux se sont franchement alourdis : leur poids de carcasse est passé de 17,7 à 18,5 kg.éc. entre février 2021 et 2022. Le  poids moyen des réformes s’est à à l’inverse allégé, de 27,3 à 26,9 kg.éc.

Depuis le début de l’année les effectifs abattus ont évolué entre les niveaux de 2020 et de 2021, et au moins jusqu’à la semaine 12 selon Ovinfos. En effet, les bouchers auraient effectué moins de réservations (de gigots) pour Pâques et auraient attendu pour passer commande auprès des abatteurs, d’où un retard dans le démarrage des abattages pour Pâques.

En semaine 13, les abattages ont finalement décollé. Les volumes produits s’annoncent haussiers en semaine 14, 15 (météo au beau fixe pour le week-end de Pâques) et 16 (commandes pour remplir les rayons vidés après Pâques).

Les informations sur les échanges extérieurs de viande ovine et d’ovins vifs pour 2022 sont indisponibles à ce jour suite à un changement de méthode dans la collecte des données douanières. Leur publication est retardée pour cause d’analyse de leur fiabilité.