Les cours des broutards français se maintiennent à un niveau proche de celui de l’an dernier grâce à une demande export dynamique. Depuis fin février, l’Algérie est revenue aux achats et prépare le Ramadan, ce qui permet d’écouler les stocks de mâles lourds. Les nombreuses petites femelles françaises, écartées des troupeaux lors de la mise à l’herbe, sont quant à elles absorbées sans problème par un marché italien toujours plus demandeur de génisses.
Le marché algérien soutient les cours des broutards lourds
Le marché algérien tire les prix des broutards lourds. La cotation du mâle charolais U de 500 kg, à 2,41 €/kg fin mars, égalait son niveau de l’an dernier, déjà largement supérieur aux années précédentes. Le marché algérien, bloqué au second semestre 2018 par un épisode de fièvre aphteuse, s’est rouvert courant décembre, mais les envois se sont fait au compte-goutte en début d’année en raison de l’obligation de déclarer les bateaux à l’avance. Les autorités algériennes ont levé cette obligation mi-février, permettant aux flux de repartir de plus belle. Le Ramadan débutant le 6 mai, les opérateurs sont aux achats et pourraient même le rester pendant la période du jeûne d’habitude plus calme.
Les mâles charolais U de 450 kg destinés à l’Italie affichent une grande stabilité. Ils cotaient toujours 2,53 €/kg fin mars (= /2018). Si les Italiens se tournent de plus en plus vers les femelles, ils n’en délaissent pas pour autant complètement les mâles. Ceux-ci doivent peser en réalité plutôt 420-430 kg pour pouvoir être sortis à 720-730 kg après 180 jours d’engraissement et bénéficier de la prime à la qualité.
Le mâle charolais U de 350 kg cotait 2,78 €/kg fin mars (= /2018). Le marché est fluide pour ces animaux plutôt destinés au marché français. La demande semble au rendez-vous alors que l’offre est ponctuellement en légère hausse par rapport à un printemps creux en 2018. Les Limousins ont plus de mal à coller aux très bons prix de l’an dernier qui avaient été dopés par la pénurie d’offre : le U de 300 kg cotait 2,86 €/kg fin mars (-1% /2018).
Marché très fluide en femelles
Le début du printemps est traditionnellement une période d’afflux de petites femelles, les éleveurs faisant le tri dans leur troupeau au moment de la mise à l’herbe. Cet année, cet afflux saisonnier est absorbé sans problème par un marché italien toujours plus demandeur de génisses. Les cotations sont supérieures à celles des années précédentes. A 2,65 €/kg fin mars, celle de la femelle charolaise U de 270 kg dépassait de 1% son niveau de l’an passé. Les croisées ne sont pas en reste, à 2,54 €/kg pour les U de 260-270 kg (+2% /2018). Elles ont notamment les faveurs des petits engraisseurs italiens. La stabilité reste de mise pour les Limousines, à 2,79 €/kg pour les E de 270 kg (= /2018), à l’image des Limousines finies sur la bourse de Modène (2,95 €/kg vif ; = /2018) qui sont orientées vers le marché de niche haut de gamme.
Offre limitée et naissances en baisse
Au 1er mars, les effectifs de mâles de race à viande âgés de 6 à 12 mois étaient ponctuellement en hausse par rapport à un point bas en 2018 (+4%), mais restaient en baisse par rapport à 2017 (-2%). Le second semestre 2017 avait en effet accusé une forte baisse des naissances en particulier dans les bassins charolais et limousin qui s’était répercutée sur les disponibilités en broutards en 2018.
Les stocks de mâles de 0 à 6 mois étaient quant à eux en baisse au 1er mars (-0,5% /2018 ; -8% /2017). Ceci est dû à un nouveau décrochage des naissances de veaux viables en janvier et février (-37 000 têtes, mâles et femelles confondus, soit -5% /2018). La baisse du cheptel de vaches (-1,7% /2018 au 1er mars) n’est pas suffisante pour expliquer ce recul des naissances. Le sérotype 8 de la FCO aurait provoqué de nombreuses naissances de veaux non viables durant l’hiver selon GDS France, ces veaux ayant été contaminés par transmission transplacentaire (voir l’article de Réussir Bovin Viande).
Toujours plus de femelles exportées
D’après les mouvements notifiés en BDNI, les exportations de bovins âgés de 4 à 16 mois sont stables d’un an sur l’autre sur les 2 premiers mois de l’année. Toutefois, alors que les flux de mâles continuent de s’éroder (-2% /2018), ceux de femelles poursuivent leur croissance (+6%).
Le marché italien, qui absorbe 78% des bovins maigres français d’après les Douanes, se repositionne sur les femelles, répondant à la demande de certaines enseignes de grande distribution souhaitant privilégier la « Scottone » (génisse), plus tendre et moins lourde. Le marché espagnol (16% des effectifs) est quant à lui en retrait par rapport aux années précédentes où les ventes avaient été très dynamiques. L’arrêt des envois vers la Turquie, dû à la dépréciation de la livre turque, occasionne une baisse de demande pour les mâles et un recentrage sur les femelles pour le marché intérieur espagnol qui reste lui plutôt dynamique. Les ventes sur l’Algérie (-14%) étaient en baisse sur les 2 premiers mois de l’année en raison d’obligations règlementaires contraignantes qui ont été levées depuis. En revanche, quelques mâles légers ont pris le chemin du Maroc où la concurrence de l’Espagne était réduite, et de la Tunisie qui revient ponctuellement aux achats. Les Douanes indiquent également quelques 600 têtes vers Israël, un flux qui aura du mal à se maintenir pour des raisons de prix, les broutards portugais arrivant en Israël 12% moins chers que les broutards français.