Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Les prix des bovins finis ont encore gagné quelques centimes en mai. La hausse d’un an sur l’autre reste inédite, mais insuffisante pour couvrir l’ensemble des charges qui se sont envolées. L’offre de gros bovins finis enregistre un recul marqué d’autant que les poids de carcasse sont en baisse. Seuls les abattages de femelles allaitantes restent relativement dynamiques, venant accélérer la décapitalisation.

Des charges en très forte hausse

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe depuis fin février a accéléré l’envolée des prix de tous les intrants. En avril 2022, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) a égalé son record de mars, à 133,6 (+22% /2021 et +29% /2020). L’indice des prix des aliments achetés était supérieur de +24% /2021 et +37% /2020, celui des énergies et lubrifiants de +59% /2021 et +100% /2020 et celui des engrais et amendements de +108% /2021 et +130% /2020.

Offre très restreinte en JB

Après un pic en mars-avril consécutif aux rétentions de début d’année, les sorties de jeunes bovins sont repassées sous les niveaux des années précédentes. Sur les semaines 19 à 22, les abattages de JB de type viande étaient en baisse de -7% /2021 et ceux de JB de type lait en chute de -15% d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. En semaine 23 débutant par le lundi de Pentecôte, les abattages ont été encore plus réduits (-19% /2021 pour les JB type viande et -31% pour les JB type lait). Le coût très élevé de l’alimentation animale, ainsi que l’anticipation des sorties stimulée par le manque d’offre, conduisent par ailleurs à une réduction des poids de carcasse, de -1,0% /2021 pour les JB de type viande à -1,4% pour les JB de type lait en moyenne sur les 5 dernières semaines. Cette relative pénurie exacerbe la concurrence entre acheteurs.

Prix des JB : la hausse ralentit

L’offre de viande de JB est restreinte partout en Europe, mais l’inflation freine la demande si bien que les prix des JB plafonnent dans les autres États membres. Ils ont même été fortement réajustés à la baisse en Allemagne après avoir frôlé les 6 €/kg. Ce contexte limite la hausse des prix français. En 4 semaines, la cotation du JB U a ainsi gagné 3 centimes, à 5,29 €/kg de carcasse en semaine 23 (+33% /2021 et +38% /2020). Celle du JB R a gagné 5 centimes à 5,18 €/kg (+36% /2021 et +41% /2020) et celle du JB O 6 centimes à 4,93 €/kg (+46% /2021 et +52% /2020).

Les vaches laitières peu nombreuses, mais très demandées

La hausse continue du prix du lait, alors que les vaches sont au pâturage et qu’il n’est pas question de distribuer de l’aliment à prix d’or, incite les éleveurs laitiers à prolonger les lactations ce qui retarde les effectifs de vaches réformées. Sur les semaines 19 à 23, les abattages de vaches laitières étaient en baisse de -2,5% /2021 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. La baisse des poids de carcasse (-1,3% /2021 en moyenne) renforce la pénurie, avec une demande tellement forte qu’elle presse les sorties au détriment de la finition. Face à cette offre restreinte, la demande pour la viande hachée reste soutenue, ce qui continue de tirer les prix des réformes laitières. La cotation de la vache O a encore gagné +10 centimes en quatre semaines pour atteindre 4,98 €/kg de carcasse en semaine 23 (+49% /2021 et +60% /2020). Celle de la vache P a gagné 8 centimes à 4,87 €/kg (+57% /2021 et +69% /2020).

Les prix des vaches allaitantes également en hausse

Les cotations des vaches U et R ont gagné 9 centimes sur les 4 dernières semaines pour atteindre en semaine 23 respectivement 5,57 €/kg de carcasse (+18% /2021 et +24% /2020) et 5,27 €/kg (+28% /2021 et +34% /2020).

Le recul du cheptel allaitant s’est encore accéléré en avril. Au 1er mai, le nombre de vaches allaitantes présentes en France affichait un recul de -3,0% /2021. Le dynamisme actuel des abattages fait craindre une poursuite de cette accélération. Les abattages de vaches de type viande sur les semaines 19 à 22, de même que ceux de génisses de type viande, étaient en effet stables par rapport à 2021 malgré le recul du cheptel. Comme pour les vaches laitières, le poids moyen des vaches de type viande était en baisse (-0,7% /2021). Celui des génisses était en très légère hausse (+0,2%).

Par ailleurs, la sécheresse commence à inquiéter de nombreux éleveurs dans les régions les plus durement touchées. Les premières fauches ont été faites dans de bonne conditions, garantissant des fourrages de qualité, mais la pousse de l’herbe est ralentie depuis la mi-mai en raison du manque d’eau et de chaleurs inhabituelles. Mai 2022 a en effet été le mois de mai le plus chaud depuis le début du XXe siècle et le plus sec depuis 1959. L’arrivée de la vague de chaleur de mi-juin fait craindre une détérioration et un assèchement supplémentaire des sols.