Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Amorcée en 2017, la progression du cheptel caprin s’est accélérée en 2018. Elle laisse présager une reprise plus dynamique de la production de lait de chèvre en 2019, dont la croissance devrait cependant pâtir de la piètre qualité des fourrages.

Le cheptel de chèvres et de chevrettes a progressé de 2% en 2018

La hausse de cheptel se confirme fin 2018

La baisse du cheptel observée depuis 2010 semble enfin enrayée. Après avoir connu une croissance de 1% fin 2017, timide certes mais encourageante après 6 années de baisse, les effectifs de femelles (chèvres et chevrettes) se sont de nouveau étoffés de 2% en 2018 (+19 000 têtes). L’essentiel de la progression a été guidée par le cheptel de chèvres (+2% /2017), conséquence directe de la rétention d’un nombre important de chevrettes en 2017 (+6% /2016). Les effectifs de ces dernières sont restés stables par rapport au niveau élevé de 2017, à 207 000 têtes, laissant présager la poursuite de la recapitalisation attendue depuis 2014. Comme les années précédentes, l’agrandissement des troupeaux a fortement contribué à cette hausse de cheptel. Mais, fait notable en 2018, le nombre de structures de production semble enfin de nouveau haussière, avec notamment une progression du nombre de livreurs après l’été selon les données de FranceAgriMer. Après plusieurs années marquées par une conjoncture favorable et la mise en place de plans de relance de la filière, les installations semblent avoir enfin repris, au point de compenser les cessations d’activité liées aux départs en retraite.

Évolution régionale contrastée

Entre fin 2017 et fin 2018, le cheptel a évolué de façon disparate selon les régions. En Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, il aurait progressé de plus de 2,5% d’une année sur l’autre, témoignant ainsi d’une amplification de la reprise. En Auvergne-Rhône-Alpes, la progression a été légèrement plus contenue (+2%), mais constitue une inversion de tendance après le repli observé l’année précédente. En revanche, le cheptel de chèvres aurait baissé dans la plupart des autres régions caprines, avec des chutes allant de près de 9% pour la Bretagne à 1% pour la Bourgogne-Franche-Comté en passant par 2% en Pays de la Loire, 4,5% en Centre-Val-de-Loire et 6% en PACA. Ces baisses de cheptel peuvent parfois être expliquées par la pyramide des âges des éleveurs ou être la conséquence d’évènements climatiques dans certaines régions. Mais elle pourrait également être le résultat d’un réajustement statistique de la part du SSP, notamment en régions Pays de la Loire, Centre et Bretagne qui avaient vu leurs effectifs bondir en 2017.

Une hausse de collecte en perspective

Cette progression du cheptel devrait logiquement annoncer une hausse de la collecte de lait de chèvre en 2019. Néanmoins, son ampleur sera conditionnée par l’évolution des performances zootechniques. Les premières données de collecte annoncent en effet un début d’année compliqué. Selon l’enquête mensuelle laitière de FranceAgriMer, qui portent sur 78% de la collecte, elle serait même en repli de 3% sur au « creux » de janvier. D’un côté, le démarrage des lactations semble pâtir des stocks fourragers de piètre qualité. De l’autre, la cherté de l’alimentation animale a incité certains éleveurs à revoir leurs rations, au détriment des rendements. Cette baisse pourrait également traduire un décalage des naissances qui, s’il est avéré, créerait un déséquilibre entre les 1er  et 2nd semestres.

La production de viande caprine devrait également augmenter

La hausse du cheptel devrait logiquement aboutir à la hausse des disponibilités en animaux à abattre. Sauf en cas de crise sanitaire ou climatique majeure, les sorties d’animaux de réforme ne devraient pas être massives en raison du maintien d’une bonne conjoncture laitière. En revanche, la production de viande de chevreau devrait progresser plus fortement : à la hausse des disponibilités, pourrait s’ajouter la hausse des poids carcasse des chevreaux dans un contexte de fête pascale tardive.