Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Le cours de l’agneau britannique reste bas étant donné l’instabilité politique du Royaume-Uni, ce qui le rend très attractif à l’export. A quelques dizaines de jours seulement du 31 octobre, la perspective d’un Brexit sans accord se révèle de plus en plus plausible.

ROYAUME-UNI : Les cours de l’agneau britannique restent bas dans la perspective d’un Brexit sans accord

Depuis le début de l’année, le cours de l’agneau britannique est en moyenne inférieur de 0,58 €/kg à celui de 2018 sur la même période (semaines 1 à 40). En semaine 40, la cotation des agneaux lourds britanniques s’établissait à 3,71 £/kg (soit 4,13 €/kg en monnaie européenne). L’écart entre les niveaux de 2018 et de 2019 ne semble cependant pas se creuser, probablement via la forte demande extérieure de viande ovine britannique (compétitivité-prix).

Avec une légère accalmie en août (-1 % /2018), les abattages cumulés sur 8 mois ont bondi de +8 % /2018. En septembre, ils demeureraient à un niveau élevé.

Malgré une baisse des effectifs d’ovins au Royaume-Uni, les sorties d’agneaux demeurent abondantes et les transformateurs, à leur tour, pousseraient des quantités croissantes sur le marché de l’export.

La livre sterling a repris de la valeur, bien qu’elle reste très dépréciée, depuis que l’illégalité de la suspension du Parlement britannique par le premier ministre Boris Johnson a été décrétée. Cela semble avoir rassuré les investisseurs étrangers, cette suspension ayant été perçue comme une stratégie de la part des unionistes pour faciliter une sortie sans accord.

Le fait de trouver un accord entre Londres et Bruxelles semble de plus en plus compromis. En réalité, la loi prévoit un report de trois mois du Brexit si aucun accord n’est trouvé au 19 octobre, mais Boris Johnson annonce de son côté vouloir sortir de l’Union Européenne le 31 octobre coûte que coûte. C’est toujours la question de la frontière entre l’Irlande du Nord et de la République d’Irlande qui achoppe.

Si un Brexit dur survient, cela signifie l’ajout de tarifs douaniers mais aussi un ralentissement conséquent des flux, dû à des contrôles aux frontières. A court terme, cela peut être bénéfique pour le cours de l’agneau français qui va bondir face à un fort allègement du marché, mais c’est aussi une perte de visibilité du produit auprès des français, qui ne va pas faciliter les achats.

A plus long terme, les britanniques vont probablement accepter de diminuer leur marge pour continuer d’exporter vers la France à des prix raisonnables, vu l’importance des flux commerciaux entre nos deux pays.

IRLANDE : manifestations et blocages d’usines ont momentanément bouleversé la production de viande irlandaise

En Irlande, les cours de l’agneau sont déprimés depuis le début de l’année, en moyenne inférieurs de -0,37 €/kg à ceux de l’an dernier (semaines 1 à 40). Des associations d’éleveurs ont manifesté leur mécontentement en bloquant usines et centres de distribution dans le centre du pays. Cela a provoqué un effondrement des abattages en septembre : semaine 37, on comptait 45 700 ovins abattus contre 70 220 l’an passé, la même semaine.

Le Brexit inquiète fortement les éleveurs irlandais (à raison) et perturbe déjà les flux commerciaux : le nombre d’ovins qui passent la frontière Irlande du Nord/République d’Irlande a augmenté cette année.

Le ministre des Finances irlandais a récemment annoncé un plan de soutien massif à l’économie du pays, d’un montant  de 1,2 milliard d’euros, pour tenter de limiter l’impact imminent de la sortie du Royaume-Uni.

NOUVELLE-ZÉLANDE : flambée des prix de la viande ovine néozélandaise

Malgré un regain des abattages d’agneaux en août (+8 % / 2019), la production ovine cumulée est toujours ralentie depuis janvier, à -6 % /2018 sur 8 mois.

La décapitalisation, à l’œuvre dans la filière ovine, ne permet pas à la Nouvelle-Zélande de combler totalement la forte demande internationale en viande ovine. Sur la même dynamique que depuis le début de l’année, les envois de viande ovine ont fortement baissé en août, de -26 % /2018. Ils sont en retrait vers l’UE à 28, comme depuis le début de l’année, en particulier vers le Royaume-Uni (­- 40% en août), premier client de la Nouvelle-Zélande parmi les pays de l’UE. La baisse des envois vers la France se poursuit également, à hauteur de -46 % en août. Même les envois vers la Chine, destination privilégiée de la Nouvelle-Zélande sont enregistrés en baisse (-10% en août). Seules les ventes vers Hong-Kong et le Japon sont croissantes en août 2019/ août 2018.

Le repli des exportations néozélandaises de viande ovine s’accentue avec août : -7 % /2018 sur un cumul de 8 mois (-21 % vers l’UE-28 ; +12 % vers la Chine).

Les stocks d’agneaux s’amenuisent et vont continuer de baisser jusqu’à la nouvelle saison qui démarre en octobre.

Entre une demande chinoise détonante (conséquence de la pénurie de viande de porc provoquée par la fièvre porcine africaine) et des disponibilités limitées, les prix de la viande ovine néozélandaise s’envolent : selon AHDB, le prix de la côtelette d’agneau néozélandais vendue en Chine dépasserait actuellement le prix du gigot d’agneau néozélandais vendu en Europe.

ESPAGNE : des envois d’agneaux vifs qui explosent

Les exportations espagnoles d’agneaux vivants se sont envolées cette année : sur 7 mois, la hausse est de +80% !

La Libye, premier client de l’Espagne en agneaux vifs, a fortement augmenté ses achats d’agneaux espagnols (+50%, soit + 164 700 agneaux). Pourtant, les envois vers cette destination sont difficiles, compte-tenu de la situation intérieure du pays (présence de groupes affiliés à Daech et Al-Qaida dans plusieurs régions, en particulier au Sud). Les exportateurs espagnols ne veulent plus travailler dans ces conditions et auraient alors les yeux rivés sur Sud de la France, dont les attentes pour la viande ovine sont similaires (agneaux légers).