Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Les importations des produits de report caprin s’orientent à la hausse, tout comme la collecte française de lait de chèvre. La ressource laitière s’étoffe en conséquence, mais la structure des fabrications évolue, avec les bûchettes en perte de vitesse.

L’approvisionnement en hausse, sous l’effet d’une collecte et des importations qui progressent

L’approvisionnement en lait de chèvre des transformateurs français (collecte et importations) s’est établi à un peu moins de 128 millions de litres au 1er trimestre. Ainsi, il a augmenté de près de 2,7 millions de litres d’une année sur l’autre (+2,2% /2021).

D’un côté, la collecte de lait de chèvre a été dynamique en début d’année : à 108 millions de litres au 1er trimestre, elle a progressé de +2% /2021. Elle a augmenté de +4% et +3% en janvier et février respectivement, mais été stable en pleine hausse saisonnière de mars, à cause des fourrages de qualité médiocre. De l’autre, sur la même période, les importations de produits de report caprins ont bondi de près +5% d’une année sur l’autre, à un peu moins de 20 millions de litres (+1 million de litres).

La flambée des cours des matières premières agricoles (et de l’aliment acheté) laisse présager des ajustements productifs… sauf si les négociations commerciales entre fabricants et distributeurs permettent une hausse significative du prix du lait de chèvre qui compensent la hausse des charges. Si la collecte française reculait, les importations des produits de report pourraient progresser davantage au fil des mois.

Timide hausse dans le principal bassin de production

La Nouvelle-Aquitaine, principal bassin caprin avec 44% des livraisons nationales, connaît une hausse limitée de sa collecte, de +1% /2021, à 47 millions de litres au premier trimestre. Dynamique en début d’année, avec des taux de croissance de +2% et +3% en janvier et février respectivement, sa collecte s’est repliée de -1,5% en mars, probablement suite à l’envolée du coût de l’aliment.

Les livraisons ont progressé de +2% en Pays de la Loire et de +4% en Occitanie, à 21 et 14,8 millions de litres respectivement. La collecte laitière semble moins pénalisée dans ces régions n’ayant pas enregistré de repli en mars, et qui connaissaient jusqu’en 2021 des installations encourageantes. Le Centre-Val de Loire a pour sa part vu sa collecte bondir de +5% /2021, à 10 millions de litres.

Les livraisons ont en revanche reculé en AURA de -5% /2021, à 8,8 millions de litres.

Les fabrications de fromages stables, les ultra-frais en baisse

Les fabrications fromagères ont été stables au 1er trimestre, à 23 500 t.

A l’image des fromages à la pièce (dont les fabrications ont baissé de -4% /2021, à un peu moins de 16 000 t), les fabrications de bûchettes ont reculé de -5% /2021, à 11 300 t, soit -570 t. En effet, la demande semble s’orienter davantage vers des produits à plus haute valeur ajoutée… avant que l’incertitude liée l’inflation ne vienne arrêter cette tendance. Ainsi, les fabrications des fromages à découper ont fortement bondi de +26% en un an, à 2 900 t. Enfin, les fabrications de fromages frais ont été stables d’une année sur l’autre, à 5 000 t au 1er trimestre.

D’un autre côté, les fabrications de yaourts ont reculé de -4% en un an, à un peu plus de 3 500 t au 1er trimestre, tandis que les fabrications de laits conditionnés ont chuté de -11%, à 3,5 millions de litres embouteillés.

La demande des ménages pâtit

En effet, avec 15 200 t commercialisées en 2022, les volumes ont reculé de -6% d’une année sur l’autre. Cette baisse est directement imputable à la réouverture de la RHD, qui a signé la fin du report de la consommation à domicile, phénomène enregistré pendant les épisodes de confinement de 2020 et 2021.

Les prix moyens se sont en revanche appréciés (+1% /2021, à 12,23 €/kg en moyenne pondérée), boostés par les fromages AOP, dont les volumes commercialisés évoluaient favorablement en tout début d’année (1 360 t à début avril, soit -6% /2021, mais +11% /2020). Toutefois, les données des mois à venir devraient mettre en évidence un renversement de tendance, car les ventes des fromages à plus haute valeur ajoutée devraient en pâtir, sur fond d’inflation et de baisse de pouvoir d’achat.

Enfin, les exportations de produits laitiers caprins en 2022 se sont rétablies et ont même dépassé les niveaux atteint avant la pandémie. Les volumes exportés au 1er trimestre ont bondi de +50% en un an, à 8 300 t.