Les cotations des broutards mâles et femelles suivent une vive hausse depuis le début de l’année. L’offre est réduite par la faiblesse des naissances en 2021 alors même que la demande en maigre se maintient en France et à l’étranger, dans une Europe en manque de viande. L’offre de broutards restera faible en France ces prochains mois, les effectifs de 0-6 mois étant en recul. Les Italiens sont restés fermes dans leurs achats en janvier et février, tandis que les pays tiers ont eu plus de mal à s’approvisionner, faute de disponibilités.
Les prix de broutards poursuivent leur hausse rapide
Les mises en place françaises se poursuivent tandis que les engraisseurs italiens cherchent à remplir leurs ateliers, dans un contexte où l’offre en broutards est inférieure à la demande. La hausse des prix s’est accélérée en février-mars pour toutes les catégories de gros bovins maigres : l’offre de broutards est traditionnellement à l’étiage en mars, ce qui accentue le sentiment de pénurie.
Le mâle Charolais U de 450 kg vif a pris +25 cts en quatre semaines et cotait 3,05 €/kg vif en semaine 10, soit +34% (+77 centimes) par rapport au très bas niveau 2021 et +23% /2020 (+58 cts). Malgré tout, cette hausse de prix ne couvre pas la hausse des charges, alors que l’alimentation animale, le carburant et les engrais qui flambaient déjà en début d’année, ont subi des hausses inégalées depuis le l’invasion de l’Ukraine le 24 février.
Le Charolais U de 350 kg vif a suivi le même rythme haussier. Son cours a progressé de +30 cts en quatre semaines, à 3,20 €/kg vif en semaine 10 (+27% ou +68 cts /2021 et +18% /2020). Le cours du mâle limousin E de 350 kg s’est apprécié de +21 cts en quatre semaines, à 3,19 €/kg en semaine 10 (+17% ou +47 cts /2021 et +13% /2020).
En animaux plus légers, le croisé R de 300 kg a aussi augmenté pour 2,91 €/kg la même semaine (+25% /2021 et +15% /2020).
La demande pour les broutardes est toujours là tandis que l’offre est réduite, ce qui entraîne la hausse des cotations. Le cours de la Charolaise U de 270 kg a augmenté de +20 centimes en quatre semaines, à 2,95 €/kg vif en semaine 10 (+35 cts ou +13% /2021 et +14% /2020). A 3,13 €/kg vif, la Limousine E de 270 kg a progressé plus doucement (+32 cts ou +11% /2021 et +14% /2020).
Les naissances continuent de reculer
Selon SPIE-BDNI, 331 000 naissances de veaux de mère allaitante ont été enregistrées en janvier 2022, en recul de -7,3% comparé au rebond des naissances de janvier 2021, mais en retrait de -0,8% /2020. Depuis le début de la campagne 2021-2022, les naissances sont en net recul à 1 869 000 têtes (-3,5% /2020-21 et -2,2% /2019-2020).
Au 1er février 2022, on comptait 3 682 000 vaches allaitantes en France, en repli de -2,9% /2021 (un rythme de décapitalisation équivalent à janvier 2022).
Les effectifs en ferme de 6-12 mois réduits pour les mois à venir
Le repli des naissances allaitantes depuis mars 2021 a entraîné le recul des effectifs de mâles de 0-6 mois, tombés à 809 000 têtes au 1er février (-3% /2021 et -1% /2020). Depuis début 2022, le recul s’observe également sur les effectifs de mâles de 6-12 mois, qui au 1er février étaient au nombre de 589 000 têtes (-5% /2021 et -3% /2020). Ce sont les effectifs de Charolais (-7% /2021) et de Blonds d’Aquitaine (-9%) qui sont les plus impactés. Aussi, l’offre en broutards des mois à venir devrait rester limitée.
Des exports robustes en février vers l’Italie
Selon SPIE-BDNI, 87 000 broutards ont été expédiés à l’étranger sur les semaines 1 à 4, soit -15% par rapport à un mois de janvier 2021 exceptionnellement dynamique, mais un rythme égal à celui de janvier 2020.
Les données des Douanes françaises n’ont pas encore été actualisées par destination pour le mois de janvier 2022.
Selon TRACES, 77 000 bovins de tous âges et toutes catégories ont été exportés en semaines 1 à 4 vers l’Italie (-12% /2021 et +9% /2020). Sur la période suivante, en semaines 5 à 10, les exports vers l’Italie ont été robustes, avec 115 000 bovins (-1% /2021, mais +1% /2020 en période pré-covid). Notons que l’Italie est peu dépendante des importations de maïs ukrainien (12% de ses imports) qui est en outre plutôt destiné à l’alimentation des monogastriques (élevages durement atteints par la grippe aviaire et la fièvre porcine africaine). Les engraisseurs craignent toutefois d’être confrontés à une forte hausse de leurs charges.
Vers l’Espagne d’après TRACES, le recul global des envois se poursuit avec 99 000 têtes de tous âges et de toutes catégories expédiées des semaines 1 à 10 (-10% /2021 et +1% /2020). Le marché espagnol de la viande est tiré pour le moment par la demande européenne et la demande méditerranéenne avec la préparation du Ramadan qui débutera le 2 avril. Mais le pays est très dépendant des importations de céréales pour l’engraissement et l’Ukraine fournit 34% de importations espagnoles de maïs.
Les exportations vers l’Algérie ont repris en janvier, pour les génisses laitières et les broutards, sans limite de poids pour ces derniers jusqu’à fin mars, en prévision du Ramadan. Selon les opérateurs, plus d’un millier de broutards seraient partis de France. L’Algérie profitera de la hausse du cours du gaz et du pétrole, mais la hausse des céréales va peser sur la filière viande et sur la consommation en général.
Vers Israël, le prix du broutard et le manque de disponibilités sembleraient être des freins actuellement aux exportations françaises vers cette destination.