Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

La collecte laitière française a perpétué son repli au cours du premier trimestre 2023 alors qu’elle est restée dynamique en Europe du Nord où les prix du lait se sont fortement rétractés. Depuis mars, le prix en France a rejoint cette tendance baissière.

En France, repli persistant de la collecte

La collecte laitière française a accusé une baisse significative au premier trimestre 2023. D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, elle aurait reculé en mars de -2,5 à -3% /2022. Ainsi, la baisse avoisinerait les -1,7% sur 3 mois. L’Ouest de la France, à l’exception de la Normandie, s’inscrit dans ce recul quand la collecte se tient mieux dans le Nord et l’Est. Des stocks fourragers au plus bas dans certaines zones, des arrêts d’ateliers laitiers plus nombreux et un cheptel laitier en fort repli ont impacté significativement la collecte. Le cheptel de vaches laitières a poursuivi son recul et a atteint une baisse historique en mars 2023 de -2,6% /2022. Le troupeau laitier a été lourdement affecté par des entrées de génisses limitées (-8% en février 2023 /2022), alors que les abattages de réformes laitières ont baissé.

Dans l’UE-27, croissance moins vigoureuse

La collecte dans l’UE-27 a poursuivi son rebond en février 2023 (+0,6% /2022). La croissance s’est toutefois ralentie par rapport aux mois précédents. Depuis septembre 2022, la collecte européenne a retrouvé le chemin de la croissance soutenue par des prix du lait record. En février, la vitalité de la collecte a perduré en Allemagne (+2,1% /2022), aux Pays Bas (+4%) et en Pologne (+1%). Début avril, l’Allemagne affiche toujours une bonne dynamique de production, avec des livraisons hebdomadaires dépassant les +3% de hausse /2022. Alors qu’en Italie et en Espagne, comme en France, le retrait est toujours observé. La forte baisse des prix du lait en Europe du Nord risque de stopper la reprise de la production laitière après le pic saisonnier de mai prochain.

Le prix du lait fléchit déjà en France…

En France, le prix du lait s’est stabilisé à un haut niveau en février 2023. Le prix du lait standard (32-38 toutes qualités) s’est établi à 483 €/1 000 l. Le prix du lait conventionnel s’est maintenu à 469 €/1 000 l, quand le prix du lait bio est descendu à 496 €/1 000 l, réduisant l’écart de prix avec le conventionnel à moins de 30 €/1 000 l. D’après les premières estimations, le prix du lait en France aurait baissé d’environ 10 €/1 000 l en mars et davantage en avril. Après avoir progressé plus tardivement et modérément qu’ailleurs dans l’UE-27, il suit désormais la même tendance baissière que dans la plupart des pays de l’UE.

La marge MILC en France s’est logiquement stabilisée en février 2023 à 169 €/1 000 l. Les produit du lait comme des ventes d’animaux sont restés stables d’un mois sur l’autre, ainsi que les charges. Le poste des engrais a poursuivi son recul entamé depuis novembre. Sur un an, la MILC a augmenté de +61 €/1 000 l avec la hausse du produit lait (+91 € sur un an) et des autres produits (+11 €) qui a plus que compensé celle des charges (+41 €).

Le prix du lait décroche en Europe du Nord

Dans l’UE-27, le prix du lait de vache a chuté depuis décembre de -65 €/1 000 l en 3 mois. Il s’est établi à 518 €/1 000 l en mars 2023, un prix qui reste supérieur de +78 € à son niveau de mars 2022. Face au décrochage brutal des prix des ingrédients laitiers à l’automne, le prix du lait européen a amorcé un recul sur ce début d’année. Depuis le plus haut niveau de décembre, le prix du lait a dégringolé en 3 mois de -127 € en Pologne à 467 €/t en mars 2023, de -120 € aux Pays Bas, de -81 € au Danemark. Il a davantage décroché en Irlande de -118 € entre décembre et février et de -73 € en Allemagne. En février 2023, l’écart de prix du lait conventionnel entre l’Allemagne et la France s’est réduit à 44 €/1 000 l. La chute des prix est rapide et spectaculaire et sera en partie influencée par l’évolution de la demande et des prix des ingrédients laitiers, avec une attention particulière sur le comportement de la Chine aux achats.

Même si les cotations des commodités laitières beurre/poudre maigre semblent se stabiliser depuis plusieurs semaines, le prix du lait devrait continuer de baisser dans les prochains mois en Europe du Nord et par voie de conséquence en France. Reste à savoir quelle sera l’ampleur de la baisse du prix du lait français. Avec un risque possible de ciseaux des prix pour les éleveurs au regard des charges engagées à l’automne à des prix plus élevés qu’aujourd’hui.