La sécheresse et les vagues de chaleur estivales de juin et juillet ont impacté la production laitière dans de nombreux pays européens, notamment en France et en Allemagne. Seules les îles britanniques ont maintenu un rythme de croissance de la production relativement élevé.
Un été en demi-teinte en France…
Après 10 mois consécutifs de recul, la collecte laitière française a retrouvé des couleurs en juin (+0,2% /2018). Mais impactée par la sécheresse et les vagues de chaleur estivales, elle a de nouveau baissé en juillet, de -0,9% /2018 selon l’enquête mensuelle laitière de FranceAgriMer. Sur les sept premiers mois, le repli se chiffre à -1,1%.
Le Grand Est (-3,3%), l’Auvergne Limousin (-4,3%) et le Centre (-5,5%) demeurent les bassins les plus affectés. Le Grand Ouest (+0,6%) et le Nord Picardie (+0,5%) enregistrent des hausses modérées tandis que la production normande est plus dynamique (+2,7%) grâce à un cheptel étoffé et de très bonnes conditions climatiques.
Avec 3,617 millions vaches laitières au 1er juin 2019 (-0,9% /2018), la baisse tendancielle régulière du cheptel laitier s’est poursuivie en juillet. Mais les conditions météorologiques à venir conditionneront le niveau des réformes. Le déficit de production cumulée des prairies permanentes atteint en effet des niveaux alarmants, touchant les 2/3 des régions fourragères. En outre, la production nationale de maïs-fourrage serait en baisse de 4 % par rapport à 2018. Les éleveurs ont donc encore une fois dû puiser dans leurs stocks à peine reconstitués au printemps, avec le risque de compromettre l’alimentation hivernale des cheptels.
A 358 €/1 000 l en juillet, le prix du lait standard toutes filières confondues (y compris les laits AB et AOP) s’est apprécié de 17 € de mai à juillet, sous l’effet des indices saisonniers positifs versés par la plupart des laiteries et peut-être également des premiers effets de la loi Egalim. Il demeure supérieur à son niveau de l’année dernière (+4,7%) à pareille époque. Le prix payé aux livreurs s’est, lui, apprécié plus modérément entre mai et juillet 2019 (+4 €), mais demeure plus élevé que l’année dernière (+5% /2018 à 368 €/1 000 l). Après une légère hausse estivale, il pourrait au mieux se stabiliser cet automne, malgré une valorisation du lait transformé en beurre-poudre légèrement baissière.
Malgré le peu de précipitations en août, la collecte française a affiché une légère hausse, entre +0,5 % et 1% par rapport au très bas niveau de 2018, d’après nos estimations basées sur les sondages hebdomadaires de Franceagrimer. La région Grand Est semble avoir particulièrement souffert au cours de ce mois.
Si les conditions climatiques redeviennent plus normales, la collecte pourrait toutefois légèrement progresser cet automne par rapport au faible niveau de l’an dernier, Dans le cas contraire, on ne peut exclure un nouvel effritement de la collecte française.
…et en Allemagne
Au premier semestre 2019, la production laitière allemande a reculé de 0,5% /2018. Cette baisse concerne tous les Länder, sauf la Rhénanie du Nord-Westphalie qui enregistre une hausse de 7%. Les Länder de l’Est et du Sud (Bavière, Bade-Wurtemberg) ont été les plus touchés avec des baisses comprises entre -1,5% et 3%. A l’inverse, les Länder du Nord affichent des évolutions très légèrement négatives. La production de lait biologique a, en revanche, poursuivi sa progression (+5,2% /2018 sur le premier semestre) et représente dorénavant 3,7% de la production nationale.
Impactée par les fortes chaleurs en juillet, la production laitière a de nouveau reculé d’environ -1%. Elle s’est ensuite redressée en août de +0,5% /2018, malgré un nouveau repli sur la dernière semaine.
A 310 €/1 000 l (-2%/2018), le prix standard allemand (ramené 32 g de MP et 38 g de MG) a poursuivi son effritement au cours de l’été (-2 € depuis juin et -10 € depuis janvier), sous la pression des cours des commodités beurre-poudre maigre dont les cotations n’ont pas progressé. De son côté, si le prix du foin a diminué, il reste supérieur à celui de l’année dernière et à la moyenne de ces dernières années.
Un repli de la production dans la moitié des pays de l’UE-28
Outre la France et l’Allemagne, de nombreux pays ont enregistré une baisse de leur production. Aux Pays-Bas, sous l’effet d’un cheptel désormais très contracté, le repli s’est poursuivi au cours de l’été, et se chiffre à -2,6 %/2018 sur les sept premiers mois de l’année. Après un rebond en juin, le prix du lait garanti par FrieslandCampina est retombé en juillet et en août à son plus bas niveau de l’année (350 €/ 1 000l, -7% /2018).
Plus étonnante, après quatre premiers mois dynamiques (+2% /2018), la production danoise a entamé un recul marqué entre mai et juillet (-1,3% /2018).
Nouveaux records de production dans les îles britanniques
La production ne cesse de progresser au Royaume-Uni (+3% / 2018 sur les 7 premiers mois) grâce à des rendements par vache relativement élevés depuis le début de l’année, tirés d’abord par une hausse des concentrés dans la ration puis par la bonne pousse de l’herbe. Cette évolution a plus que compensé la baisse du cheptel laitier (-2,7%/2018 au 1er juillet en Grande-Bretagne).
A 9,3 millions de tonnes, il s’agit du plus haut niveau depuis 25 ans. Après avoir été très dynamique en mars et avril (entre +4% et +5% de hausse par rapport à 2018), le rythme de croissance s’est cependant ralenti à l’entrée de l’été et devrait poursuivre cette tendance sur la fin de l’année. Les rendements devraient en effet se rapprocher des niveaux de l’année dernière, avec le remplacement des concentrés par des fourrages abondants cette année.
Mais la progression la plus forte sur les 7 premiers mois revient à l’Irlande (+10% /2018), avec également un nouveau record historique. Le secteur a bénéficié de bonnes conditions climatiques (printemps doux et humide) et un cheptel étoffé. Cependant, le prix du lait ne cesse de reculer pour atteindre 305 €/1 000 litres en juillet (-4% /2018), le niveau le plus bas depuis novembre 2016. Les coopératives irlandaises mettent en avant la demande mondiale peu dynamique, notamment sur le beurre, pour justifier ces baisses de prix.
Enfin, après une forte croissance sur les 4 premiers mois de l’année, la production polonaise a marqué le pas à partir de mai (+0,3% /2018) et a même reculé en juin (-0,5% /2018). Un rebond a eu lieu en juillet (+1% /2018), mais la sécheresse, qui a également sévi dans le pays, fait craindre un manque de fourrages dans les semaines à venir.
En somme, la production laitière européenne enregistre une croissance limitée en juillet (+0,3% /2018), comme sur les 7 premiers mois (+0,3% /2018), qui repose essentiellement sur le dynamisme des îles britanniques.