Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Les prix des broutards ont poursuivi leur hausse, mais à un rythme ralenti, alors que les coûts de production flambent. Les naissances allaitantes sont en net recul, de même que les effectifs de broutards. Les mises en place étant stables en France, cela réduit d’autant le disponible pour l’export, entraînant un recul des expéditions de -12% depuis le début de l’année jusqu’à la semaine 20.

Les cotations des broutards progressent, mais plus doucement

En mai et juin, les prix des broutards français ont continué d’augmenter. Le Charolais U de 450 kg vif cotait 3,35 €/kg en semaine 23 (+36% /2021, soit +84 centimes et + 29% /2020). Le rythme d’augmentation a cependant connu une inflexion : de +4 centimes en 4 semaines alors que les charges des éleveurs ne cessent de progresser. Pendant ce temps en Italie, la cotation des JB s’est stabilisée depuis quelques semaines.

En catégorie plus légère, le prix du Charolais U de 350 kg a augmenté de +3 cts en 4 semaines, à 3,47 €/kg vif en semaine 23 (+31% /2021, soit +82 cts et +26% /2020). Le mâle limousin E de 350 kg était toujours à des niveaux bien supérieurs à 2021 (+22%, soit +62 cts) et 2020 (+21%) à 3,40 €/kg vif, progressant de +8 cts en 4 semaines. Le Croisé R de 300 kg vif se situait à 3,06 €/kg vif en semaine 23 (+26% /2021, soit +64 cts, et +20% /2020).

En femelles, le prix de la Limousine E de 270 kg a légèrement reculé, de -11 cts en 4 semaines, pour s’établir à 3,10 €/kg vif en semaine 23 (+10 % /2021, soit +28 cts et +13% /2020) se rapprochant du prix de la Charolaise U 270 kg, à 3,07 €/kg vif (+16% /2021, soit +42 cts et +21% /2020) qui progressait encore de quelques centimes ces dernières semaines.

Les naissances en net recul depuis le début de la campagne 2021-22

En avril, 356 000 veaux de mère allaitante sont nés, en très fort recul de -8,7 % /2021 (-34 000 têtes) et -12 % /2020 selon SPIE-BDNI.

En cumul depuis juillet 2021, 3 027 000 veaux sont nés, soit une baisse de -4,0% /campagne 2020-21, ou -126 000 têtes. Depuis plusieurs mois, le recul des naissances est supérieur à celle du cheptel allaitant (-3,0% /2021 au 1er mai avec 3 671 000 vaches allaitantes).

Des effectifs de broutards mâles en ferme toujours en recul

Dans le sillage de la baisse des naissances, les effectifs de veaux mâles en ferme se repliaient au 1er mai avec 980 000 mâles allaitants de 0 à 6 mois présents (-4% /2021 et -6% /2020). La baisse était moins marquée pour les mâles allaitants âgés de 6 à 12 mois avec 472 000 têtes (-3% /2021 et -3% /2020). Ce recul plus modéré des effectifs de 6-12 mois est confirmé par l’analyse des mouvements – dynamiques – des mâles allaitants vers les élevages engraisseurs français.

Les exports se sont repliés en avril faute d’effectifs

Avec les disponibilités en net recul chez les naisseurs et les mises en place soutenues chez les engraisseurs français, les exportations de bovins de 4-16 mois de type viande se sont contractées sur la période s14-s17 (avril) à 79 000 têtes (-15% /2021, -1% /2020 et -16% /2019) selon SPIE-BDNI.

En cumul sur les 20 premières semaines de l’année, 415 000 broutards mâles et femelles de type viande de 4-16 mois ont ainsi été expédiés à l’étranger (-12% /2021 et -4,6% /2020) dont 37% de femelles (= /2021).

Selon les Douanes, sur les 3 premiers mois de l’année, la France a expédié 230 000 broutards vers l’Italie (-2% /2021 ou -5 000 têtes ; -1% /2020).

Sur la période la plus récente, d’avril à mi-juin selon TRACES (s14 à s23) 173 000 bovins de tous âges ont été expédiés vers l’Italie (-5% /2021 soit -10 000 têtes et = /2020). Les envois vers l’Italie résistent donc mieux que vers l’ensemble des autres destinations, grâce à une demande plutôt dynamique.

Vers l’Espagne selon les Douanes, les exports de broutards ont reculé bien plus fortement. Les broutards légers de 160-300 kg sont restés davantage à l’engraissement en France depuis septembre 2020. Ainsi, seuls 22 000 broutards avaient été envoyés en Espagne entre janvier et mars 2022 (-38% /2021 soit -14 000 têtes et -43% /2020).

Toujours d’avril à mi-juin selon TRACES (s14 à s23), 72 000 bovins de tous âges (veaux, broutards…) ont été envoyés en Espagne (-18% /2021 et -1 % /2020). Pendant ce temps, les expéditions de veaux français s’érodaient de seulement -3% des semaines14 à 20 selon SPIE-BDNI, ce qui confirme le fort recul des envois de broutards. Les engraisseurs espagnols sont très inquiets de la hausse de leurs coûts de production, plus marquée qu’ailleurs avec des systèmes d’engraissement basés sur l’achat d’aliments, et désormais de la fermeture du marché algérien.

Malgré la pénurie, quelques opportunités vers les pays tiers

Selon les Douanes, 18 000 broutards avaient été exportés vers les pays tiers de janvier à mars 2022 (+3% /2021 et +36% /2020). 15 000 l’avaient été vers l’Algérie (+15% /2021 et +30% /2020), destination dynamique dans ses achats en début d’année après une suspension des imports d’octobre à décembre 2021. Cependant la fièvre aphteuse apparue fin mars en Algérie a d’abord entraîné un rallongement des quarantaines avant la suspension des nouvelles autorisations d’imports fin mai. Seules les entreprises algériennes détenant encore des licences d’imports peuvent acheter.

800 broutards de moins de 300 kg ont également été exportés fin mars vers l’Égypte, une première depuis la forte dévaluation de la monnaie en 2016. Plus récemment, des broutards seraient partis vers Israël, après plusieurs mois d’interruption.

La France a exporté 2 200 broutards vers la Tunisie de janvier à mars 2022, pour des abattages cet automne. Le pays reviendra sans doute aux achats après l’été, le tourisme redémarrant.

Le rythme des exports vers le pourtour méditerranéen risque de reculer cet été, comme depuis quelques années, du fait des épisodes de canicule qui se multiplient.