Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Après une période de stabilité des prix en début d’année, les prix des broutards étaient repartis à la hausse fin janvier, avec une bonne demande italienne post-fêtes de fin d’année. Les envois vers l’Algérie ont bondi depuis septembre, suite à une année 2021 de recul des achats, lié à la crise économique du covid-19.

Les cotations réaugmentent depuis fin janvier

Depuis fin janvier, les achats italiens de broutards ont repris de la vigueur, les JB finis italiens continuant à gagner quelques centimes durant le mois de janvier-février. En France, les mises en place semblent fermes, afin d’approvisionner en viande les abattoirs et les consommateurs dans les mois à venir.
En conséquence, les cours de broutards mâles et femelles charolais ont repris leur augmentation depuis la semaine 4. En semaine 6, le Charolais U de 450 kg vif cotait 3,40 €/kg vif (+21% /2022 ou + 60 cts et +50% /2021). De même, le prix du Charolais U plus léger de 350 kg a progressé depuis la semaine 4, pour atteindre 3,44 €/kg vif en semaine 6 (+19% /2021 ou +54 cts et +39% /2021). Le cours des femelles charolaises a également progressé fin janvier pour atteindre 3,30 €/kg vif pour la génisse U de 270 kg vif (+20% /2022 ou +55 cts et +27% /2021) un cours identique à la Limousine E de 270 kg, témoignant d’une forte demande pour la génisse charolaise.


Depuis-fin-janv-le-Charolais-U-450-vif-augmente-a-3,40-Eur-par-kg-soit-plus-60-cts-par-rapp-a-2022

En race limousine, les cours sont restés stables à des niveaux élevés. Le mâle limousin U de 350 kg valait 3,65 €/kg en semaine 6 (+22% /2022 ou +67 cts et +36% /2021). Quant à la femelle limousine E de 270 kg, elle cotait 3,30 €/kg vif, à +10% /2022 ou +30 cts et +19% /2021.

Recul des naissances de -2,6% en 2022

Sur l’ensemble de l’année 2022, 3 424 000 veaux de mère allaitante sont nés en France, en net recul de -2,6% /2021 ou -92 000 têtes et -5,0% /2020. En moyenne en 2022, le cheptel de vaches allaitantes français a subi un recul comparable de -2,9% /2021.

Naissances-de-campagne-2022-2023-sont-en-recul-de-1-virgule-6-prcent-ou-24-000-tetes

En décembre, SPIE-BDNI a enregistré 346 000 naissances issues de mère allaitante, en recul plus modeste que sur l’ensemble de l’année (-1,4% /2021 et -1,9 % /2020).
Au 1er janvier 2023, le cheptel français poursuivait son fort recul avec 3 561 000 vaches allaitantes présentes (-3,0% /2022 ou -108 000 vaches).

Les effectifs en ferme de broutards de 6-12 mois reculent aussi de -3%

Au 1er janvier 2023, les effectifs en ferme de mâles de mère allaitante âgés entre 6 et 12 mois étaient en recul de -3% /2022 et -6% /2021, comme l’était leur cohorte de naissances 6 à 12 mois plus tôt. L’offre en broutards est actuellement restreinte, pour l’engraissement en France et à l’étranger.

Effectifs-6-12-mois-au-1er-janv-etaient-en-recul-de-3-pr-cent-comme-les-naissances-2022

Le recul des effectifs de mâles de 6-12 mois est plus net en Charolais (-4%) et en Blonde d’Aquitaine (-3%) qu’en Croisés ou Limousins (respectivement -2% et -1% seulement). Il est en revanche globalement faible chez les plus jeunes (effectifs de mâles allaitants de 0 à 6 mois) à -1% /2022 et -3% /2021.

Des exportations mieux orientées en décembre 2022

En décembre 2022, la France a exporté 96 000 broutards selon SPIE-BDNI, soit un léger rebond comparé à 2021 (+1% /2021 ou +1 000 têtes). Cependant les volumes sont restés en deçà des niveaux records de décembre 2020 (120 000 têtes). Ce léger rebond fin 2022 s’explique par la demande algérienne, absente en 2021 à pareille époque.

En-2022-les-exports-de-broutards-ont-recule-de-7-pr-cent-faute-de-disponibilites-en-broutards

Sur l’ensemble de l’année 2022, les exportations françaises de broutards mâles et femelles de 4-16 mois de type viande ont reculé de -7% /2021 et 2020, totalisant 1 062 0000 têtes.
Vers l’Espagne en novembre 2022, les exports ont brutalement reculé de -25% /2021 avec 8 000 broutards expédiés selon les Douanes.
Vers l’Italie, depuis fin janvier, la demande italienne est redevenue plus pressante pour le broutard français. Entre les semaines 1 et 6, les exportations de bovins mâles et femelles de tous âges et toutes catégories ont totalisé 111 000 têtes vers l’Italie en un mois et demi selon TRACES (DGAL). Ils n’ont reflué que de -3% /2022.

Des exports dynamiques fin 2022 vers les pays tiers

En novembre 2022 comme en octobre, les exportations françaises vers les pays tiers avaient bondi selon les Douanes à 12 000 têtes (x4 /2021 ou + 9 000 têtes et x2,4 / 2020).

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L’Algérie était très demandeuse depuis le mois de septembre, se préparant au Ramadan qui débutera autour du 23 mars prochain. Après avoir acheté 11 000 broutards en octobre et en novembre, elle a poursuivi ses achats en décembre, mettant une certaine pression sur l’offre en broutards français en fin d’année. La Tunisie se préparait également : la France y a exporté 1 000 broutards en octobre et en novembre.
En cumul sur les 11 premiers mois de l’année 2022, 65 000 broutards avaient été exportés de France vers les pays tiers (+8% /2021 ou +5 000 têtes et +13% /2020) grâce à cette demande.

Les pays tiers toujours demandeurs début 2023

Depuis début janvier, l’Algérie a suspendu la délivrance de nouvelles licences pour les broutards, mais les imports se poursuivent pour ceux détenant des autorisations encore valides. L’Algérie et le Maroc (de façon inédite pour ce dernier) importent désormais des jeunes bovins finis. L’Espagne répond à la demande marocaine, mais pas à l’algérienne, suite aux tensions depuis le printemps 2022. Enfin, un bateau mixte ovin-bovin serait en préparation à destination d’Israël, après un an d’interruption des flux pour cause de manque de disponibilités en broutards.
La bonne tenue de la demande et l’orientation favorable des cours des broutards ne permettent pourtant pas aux cours d’approcher le prix de revient du 2nd semestre 2022, tel que calculé par l’Institut de l’Élevage.