Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Les prix du lait payé aux éleveurs chez les principaux pays exportateurs ont atteint des records au-delà des 600 €/1 000 l en 2022. Après un bref plafonnement cet hiver ils risquent de baisser en 2023 dans le sillage des cours des ingrédients laitiers.

Fléchissement des cours des ingrédients laitiers

Les cours européens et néozélandais de la poudre maigre ont enregistré une baisse de plus de 400 €/t depuis un mois, pour atteindre 3 165 €/t dans l’UE-27 en novembre.

Cette baisse s’explique principalement par la chute de la demande sur le marché international principalement marqué par le recul des importations chinoises sur dix mois de -25% /2021.

L’évolution des importations des dix principaux pays importateurs est variable. En effet, si l’Indonésie, les Philippines et le Mexique achètent davantage de poudre maigre que les années précédentes, les autres importateurs sont moins présents. En cumul pour ces dix pays, les importations de 2022 sont inférieures de -2% /2021, soit -17 000 t.


Dans l’UE-27, les fabrications ont fortement augmenté depuis l’été. Les importations ont légèrement augmenté (+5% à 25 000 t) principalement dues à des exportations ukrainiennes multipliées par 7 à 8 280 t sur janvier-septembre. Dans le même temps, les exportations cumulées sur 9 mois ont chuté de -15% /2021 (-95 000 t), à 528 000 t, dont près de la moitié à destination de la Chine (-44 000 t). Dans ce contexte, l’utilisation apparente (courbe rouge ci-dessous), c’est-à-dire les disponibilités (fabrications + importations – exportations), est bien supérieure cette année à celle des deux années précédentes.

La consommation dans l’UE-27 n’étant pas attendue particulièrement en hausse cette année, les transformateurs disposent de stocks plus étoffés.

En Nouvelle-Zélande, les fabrications sont elles aussi attendues en hausse. Malgré un début d’année difficile, les exportations de poudre maigre se redressent en fin d’année 2022. En cumul de janvier à octobre, elles ont progressé +4,4 % /2021, principalement vers l’Indonésie, la Thaïlande et la Malaisie.

Aux États-Unis, les fabrications ont en revanche nettement reculé sur la même période (-91 000 t, soit -9% /2021) tout comme les exports (-7,5% soit -56 000 t). Comme la consommation intérieure de poudre maigre a davantage baissé (-63 000 t, soit -20%), les stocks se sont aussi étoffés (+12 000 t, soit +12%).

Les prix du beurre ont également chuté de près de 400 €/t sur le marché européen pour s’afficher autour des 6 600 €/t pour le mois de novembre selon le MMO. Toutefois, les prix FOB départ Europe de l’Ouest ont baissé plus fortement pour atteindre les 5 400 €/t. Si les importations ont fortement augmenté en provenance du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande (+18 000 t à 55 000 t en cumul sur janvier-septembre), les exportations se sont maintenues à près de 200 000 t. Par ailleurs, la consommation intérieure, notamment celles des industries agro-alimentaires européenne, est dynamique. Aussi l’utilisation apparente du beurre est globalement similaire aux années précédentes.

Dans ce contexte de baisse des prix tant sur le beurre que sur la poudre maigre, les acheteurs se montrent très prudents et limitent leurs commandes pour le moment, ce qui accentue le déséquilibre entre offre et demande et accélère à court terme le repli des cours des ingrédients.

Baisse de la valorisation du lait transformé en beurre/poudre maigre

Les prix des ingrédients ayant baissé, le prix du lait valorisé en beurre/poudre maigre baisse également tant sur le marché mondial que sur le marché européen.

En France, le prix du lait départ ferme conserve encore une légère marge de progression, pour que peu que les transformateurs obtiennent de nouvelles hausses de leurs tarifs de leurs produits auprès de la grande distribution.

En Europe du Nord, les prix du lait à la production, très fortement reliés aux prix des ingrédients, ont davantage progressé qu’en France. Le prix du lait conventionnel standard en Allemagne a atteint les 580 €/1 000 l en octobre contre 450 €/1 000 l en France. Pour le moment, selon ZuivelNL, la plupart des transformateurs ont annoncé une stabilité des prix voire de nouvelle augmentation pour novembre et décembre 2022. Néanmoins, il y a fort à parier qu’ils inverseront la tendance et les corrigeront à la baisse en début d’année 2023.

Les éleveurs nord-européens anticipent cette baisse prochaine des prix du lait : ils auraient augmenté la distribution de concentrés dans l’alimentation des vaches afin de tirer parti des prix élevés. Ainsi la collecte laitière est redevenue dynamique en Allemagne (+1,9% /2021 en octobre), en Belgique (+7%) ou en Irlande (+7,5%).