Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

L’inflation et les fortes chaleurs limitent les achats des ménages, mais la saison touristique est bien lancée en Europe du Sud ce qui stimule malgré tout la demande de la restauration. Les cours des JB restent historiquement élevés.

ITALIE : prix stationnaires à haut niveau

En Italie, les cotations des bovins finis mâles et femelles se maintiennent. Certes, les fortes chaleurs limitent les achats des ménages, mais la très bonne saison touristique soutient la demande de la restauration et permet de valoriser toutes les origines et de maintenir les prix des bovins finis.

La cotation du JB mâle charolais à la bourse de Padoue restait stable à 3,21 €/kg vif début juillet (+34% /2021 et + 38% /2020).

La cotation du mâle limousin Extra à Modène était elle aussi parfaitement stable à 3,38 €/kg vif (+23% /2021 et 2020).

Les cotations des femelles sont également stationnaires depuis plusieurs semaines à Modène, à 3,45 €/kg vif pour la Limousine (+18% /2021 et +20% /2020) et 3,24 €/kg pour la Charolaise (+20% /2021 et +26% /2020).

Selon Istat, l’inflation a poursuivi son accélération en juin (+8,0% /2021, contre +6,8% en mai). Les prix de l’énergie ont bondi de +49% /2021, ceux des produits alimentaires non transformés de 9,6% et ceux des produits alimentaires transformés de +8,2%.

D’après la base de données Anagrafe zootecnica, 1,085 million de bovins de 12 à 24 mois ont été abattus en Italie sur les 5 premiers mois de l’année (+1% /2021), dont 250 000 femelles (+4% /2021) et 344 000 mâles (-1% /2021). Cette offre relativement abondante s’est placée facilement sur le marché national grâce à une moindre pression des viandes d’import.

ESPAGNE : la hausse de production n’empêche pas le maintien des prix

En Espagne, la production de jeunes bovins poursuit sa hausse. Certes, la flambée des prix des matières premières inquiète dans un pays où l’engraissement est principalement basé sur des rations sèches très dépendantes de l’importation de céréales et d’oléagineux et où le coût alimentaire représente plus de la moitié du coût de production d’un JB. Mais il semble que pour l’instant les systèmes parviennent à y faire face, en témoigne le maintien des flux de petits veaux français vers l’Espagne.

Sur les 4 premiers mois de l’année, les abattages de jeunes bovins ont totalisé 196 000 téc (+5% /2021), dont 71 000 téc de bovins jeunes de 8-12 mois (+7% /2021), 85 000 téc de taurillons (+4% /2021) et 40 000 téc de génisses (+4% /2021).

Malgré la hausse des sorties, les prix entrée abattoir restent à des niveaux historiquement élevés, car l’offre est globalement en retrait sur le marché européen. Le JB U espagnol cotait 4,99 €/kgéc en semaine 26 (+32% /2021 et +42% /2020) et le JB R 4,88 €/kgéc (+30% /2021 et +41%/2020).

Toutefois, la filière est préoccupée par les difficultés à pouvoir répercuter des hausses sur les prix à la consommation. En effet, l’inflation s’emballe. Elle a dépassé les +10% en juin par rapport à juin 2021, grevant le pouvoir d’achat. Les familles espagnoles modifient leur panier alimentaire et se tournent vers les viandes les moins chères, notamment le porc. Heureusement, l’arrivée des touristes étrangers dynamise la demande en restauration et permet de valoriser les pièces d’aloyau.

ALLEMAGNE : les prix ont repris quelques centimes

En Allemagne, les prix s’étaient brusquement réajustés à la baisse en mai après la flambée du premier trimestre. Mais ils ont repris plus de 20 centimes/kg en juin. La cotation du JB U a fini le semestre à 4,78 €/kg de carcasse (+20% /2021 et +36% /2020), celle du JB R à 4,74 €/kg (+21% /2021 et +37% /2020) et celle du JB O à 4,49 €/kg (+21% /2021 et +39% /2020).

L’offre très limitée est en ligne avec une demande ralentie par l’inflation et par les départs en vacances à l’étranger après deux ans sans voyage. Sur les 5 semaines 22 à 26, les abattages de jeunes bovins ont enregistré une baisse significative par rapport aux années précédentes (-9% /2021 et -8% /2020).

L’inflation a quelque peu ralenti en juin grâce aux mesures gouvernementales (baisse des taxes sur les carburants et réduction du coût des transports publics), mais elle reste élevée et freine les achats de viande bovine (lire l’article sur les femelles en Europe).

POLOGNE : la production plafonne

En Pologne, la production de jeunes bovins plafonne. Sur les 5 premiers mois de l’année, les volumes de jeunes bovins mâles et femelles abattus n’ont totalisé que 165 000 téc (-1% /2021 et -2% /2020), dont 129 000 téc de taurillons (-3% /2021 et -6% /2020) et 36 000 téc de génisses (+6% /2021 et +14% /2020). La part croissante de femelles dans la production témoigne d’une part de la difficulté croissante à trouver des veaux mâles (à 162 €/tête fin juin, les veaux mâles laitiers polonais restent les plus chers d’Europe, derrière les veaux autrichiens, à 168 €) et d’autre part de la mise en place d’une filière génisse pour servir le marché italien.

Après avoir culminé à 5,18 €/kg de carcasse mi-mai, la cotation du JB R polonais s’est réajustée à la baisse tout en restant au-dessus de son cours déjà élevé du 1er trimestre. A 4,67 €/kg fin juin, elle surplombe largement les niveaux atteints les années précédentes (+35% /2021 et +65% /2020 et 2019).