Les stocks de viande de chevreau congelée, constituées lors de l’effondrement de la demande pendant le premier confinement du printemps, ont perturbé la filière tout au long de l’année 2020, avec des abattages en recul et des prix au plancher. Cependant, ils se sont partiellement écoulés au deuxième semestre : un marché désencombré pourrait être favorable à la filière chevreau lors de la campagne de Pâques.
Des disponibilités automnales supplémentaires
Les effectifs abattus ont fortement progressé depuis le début de l’automne, avec près de +2 200 têtes supplémentaires en septembre, +4 600 en octobre et +2 000 têtes en novembre. La hausse des effectifs s’élève ainsi au 4ème trimestre à +12% /2019. Le développement des troupeaux désaisonnalisés est à l’origine de cette tendance, et obéit à des stratégies de production laitière. En effet, certains éleveurs voulant bénéficier des prix du lait plus élevés en hiver s’orientent vers des mises-bas précoces. Cette tendance pourrait être à l’origine d’une baisse des disponibilités de viande de chevreau lors de la campagne de Noël, période de forte demande et de bonne valorisation.
Cependant, malgré ce rebond automnal, les abattages de chevreaux de 2020 ont reculé de -1,6% par rapport à 2019, avec 490 000 têtes abattues sur 11 mois. En effet, la crise sanitaire et le ralentissement des ramassages au printemps ont fortement affecté les abattages lors du pic de production annuel.
Le recul des effectifs abattus s’accompagne d’un allègement du poids moyen des carcasses de -2% /2019 (à 5,80 kgéc en moyenne pondérée). En cumul sur 11 mois, la production de viande de chevreau s’est contractée de -3,4% /2019, à 2 840 téc.
Remontée laborieuse des cours, mais une bonne valorisation en fin d’année
D’importants stocks de viande congelée ont été constitués au printemps, suite au premier confinement des Français qui a provoqué l’effondrement de la demande à Pâques. Estimés à 500 téc en juin, ils ont plombé le cours du chevreau pendant la majorité de l’année 2020.
Ainsi, privée de sa hausse printanière, la cotation du chevreau engraissé a cédé 10 centimes aussitôt après Pâques, et s’est maintenue à ce niveau pendant l’intersaison (soit -3% /2019, à 2,60 € /kg). Ensuite, la hausse automnale des cours, qui a débuté en semaine 38, a été retardée de 3 semaines par rapport à la période normale. Avec une évolution en dents de scie de septembre à novembre, la cotation annuelle moyenne s’établit -10% en deçà de celle de 2019, à 2,72 € /kg.
La viande de chevreau a été en revanche bien valorisée lors de la campagne de Noël : la cotation a atteint un pic à 4,20 € /kg vif, un niveau équivalent à celui de 2019 (mais -2% /2018). En outre, elle s’est maintenue à ce niveau pendant trois semaines, contre deux habituellement.
Les stocks de congelé écoulés au deuxième semestre
Après un premier semestre en net repli (-30% /2019 sur les six premiers mois de l’année), les exportations de viande caprine se sont rétablies au deuxième semestre. La levée des restrictions de circulation chez nos principaux clients et les aides accordées par l’État aux abatteurs, qui ont révisé leurs tarifs, ont redynamisé le marché à l’export, ce qui a permis d’écouler une grande partie des stocks de viande de chevreau.
Ainsi, après l’effondrement de -32% /2019 au 1er semestre, les envois de viande caprine ont rebondi de +76% /2019 de juillet à octobre, à 545 téc exportées (soit +236 téc). Sur ces 4 mois, ils étaient composés à 78% de viande congelée. Cette tendance pourrait se prolonger sur les deux derniers mois de l’année.
Au total sur 10 mois, les exportations de viande caprine ont reculé de -14% d’une année sur l’autre, à près de 1 700 téc (-290 téc) : les envois de viande congelée ont progressé de +8% /2019 (950 téc), au détriment de la viande fraîche, dont les envois se sont effondrés de -30% /2019 ( 800 téc). En valeur, les expéditions ont reculé davantage de -18% /2019, à 11,8 millions d’euros.
Avec des envois équivalents à ceux de 2019 en volume, la France a consolidé sa place sur le marché portugais, où elle a fourni l’essentiel de la viande caprine congelée. En revanche, elle continue à perdre des parts de marché en Italie, où ses expéditions se sont effondrées de -35% /2019, suite à présence affirmée de la viande grecque.
La filière fait face à l’incertitude, notamment lors de la prochaine campagne de Pâques : si la tendance à avancer les mises bas et les abattages se poursuit, l’offre pourrait ne pas être en adéquation à la demande. Plusieurs pistes sont explorées actuellement par la section caprine d’INTERBEV pour adapter l’offre à la demande des consommateurs.