En avril, les naissances de veaux de mère allaitante ont poursuivi leur recul, dans le sillage des mois précédents. Faute de disponibilités, les exportations de broutards ont reculé de -5% /2022 sur cinq mois, malgré des achats espagnols plus dynamiques. Les cotations restaient nettement supérieures aux années précédentes et suivaient leur hausse saisonnière.
Nouveau recul des naissances
En avril, d’après les données SPIE-BDNI, les naissances de veaux de mère allaitante étaient à nouveau en baisse de -9,7% /2021, conséquence à la fois de la décapitalisation et du décalage des vêlages vers l’automne. Sur les quatre premiers mois de 2023, 1 374 000 veaux sont nés, en net recul de -8,3% /2022. En revanche, sur la campagne actuelle (entamée en juillet 2022) la baisse est moindre (-4,6% /2021-22 à 2 909 000 têtes), du fait de naissances relativement stables à l’automne malgré la décapitalisation.
Le cheptel de vaches allaitantes est toujours en recul, avec 3,559 millions de têtes présentes au 1er mai (-3,2% ou -116 000 têtes /2022). La race limousine résiste un peu mieux à la décapitalisation. La baisse du cheptel de mères n’était que de -2,7% /2022 au 1er mai contre -3,4% pour les vaches charolaises.
Forte baisse des effectifs de moins de six mois
Le double effet de la décapitalisation et du décalage des naissances vers l’automne réduit considérablement les effectifs de mâles allaitants de moins de six mois (nés après le 1er novembre 2022) : ils n’étaient que 940 000 au 1er mai (-5,0% /2022 ou -49 000 têtes et -8,4% /2021).
Grâce aux naissances dynamiques de l’automne et à la baisse des exportations, les effectifs effectifs de mâles allaitants de 6 à 12 mois s’élevaient à 483 000 têtes au 1er mai, en hausse de +2,0% (+9 000 têtes) /2022, mais en recul de -1,0% 2021.
Au total, les effectifs de mâles de moins d’un an étaient de 1 423 000 têtes au 1er mai (-2,7% ou -40 000 têtes /2022 et -6,0% /2021). Le recul des effectifs touche plus les Charolais (520 000 têtes, -3,2% ou -17 000 têtes /2022) et les Blonds d’Aquitaine (135 000 têtes, -5,2% ou -7 500 têtes /2022) que les Limousins (390 000 têtes, -2,0% ou -8 000 têtes /2022).
Chute des envois de Charolais
Après le creux observé en début d’année, les envois de broutards se sont un peu redressés en avril et mai, à un niveau équivalent à l’année passée. Ainsi, d’après SPIE-BDNI, 73 000 broutards ont été exportés entre les semaines 18 et 21 (mai) en légère baisse de -1,5% /2022 (-1 000 têtes). En avril (semaines 14 à 17) 80 000 animaux avaient été expédiés, soit 1 000 de plus qu’en 2022 (+1,3%).
En cumul de janvier à mai (jusqu’à la semaine 21) les exportations de broutards ont atteint 421 000 têtes, en recul de -5% (-22 000 têtes) /2022.
Privilégiés par les engraisseurs français et plus touchés par la décapitalisation, les broutards charolais sont en conséquence moins exportés. Ainsi, alors qu’ils représentaient 33% des broutards exportés entre janvier et mai 2018 (contre 28% pour les Limousins), leur part est tombée à 30% des exports sur les cinq premiers mois de 2023, à égalité avec les Limousins. 126 000 broutards de chacune de ces deux races ont ainsi été expédiés en 21 semaines, soit -3% (ou -4 000 têtes) /2022 pour les Limousins et -5% (ou -7 000 têtes) /2022 pour les Charolais.
Calme plat vers les pays tiers
L’absence de nouvelles licences d’exportation vers l’Algérie limite fortement les envois vers les pays tiers. Ainsi, en mars, seuls 1 000 broutards ont été expédiés vers les pays tiers d’après les Douanes (-86% /2022) dont 650 vers la Tunisie, 200 vers le Maroc et 150 vers l’Algérie, grâce à des licences datant de 2022. En cumul sur trois mois, 9 000 broutards ont quitté la France vers la rive sud de la Méditerranée (-55% /2022) dont 6 500 vers l’Algérie (-61% /2022).
Envois dynamiques de broutards lourds vers l’Espagne, moins vers l’Italie
En mars d’après les Douanes, les exportations de broutards mâles de plus de 300 kg vers l’Espagne ont été multipliées par 2,4 par rapport à 2022 et ont atteint 4 000 têtes. Elles étaient également en hausse de +90% sur trois mois avec un cumul de 10 000 animaux exportés, niveau jamais atteint dans le passé. Les mois à venir permettront de déterminer le caractère pérenne ou conjoncturel de cet engouement pour des broutards plus lourds. La sécheresse dans une grande partie du pays pourrait avoir réduit les effectifs de broutards de qualité en Espagne et encouragé les engraisseurs à se tourner vers les animaux français. En outre, la crainte d’une flambée des coûts liée à la sécheresse pourrait avoir orienté les engraisseurs espagnols vers des animaux plus lourds, et donc nécessitant une durée d’engraissement plus faible. Ces achats espagnols ont absorbé une partie des broutards lourds correspondant habituellement au marché algérien.
Les exportations de broutards légers (<300 kg) se sont stabilisées à 6 000 têtes en mars (+10% /2022 mais -44% /2021), mais restaient en recul de -6% /2022 en cumul depuis le début de l’année, à 16 000 têtes (-6% /2022).
En cumul sur trois mois, les exportations françaises de bovins maigres vers l’Italie s’établissaient à 217 000 têtes, en recul de -6% /2022. La baisse des disponibilités en France et la consommation peu dynamique du fait de l’inflation et la concurrence des viandes importées de Pologne, d’Allemagne et de France réduisent les besoins en broutards des engraisseurs italiens.
Sur la période la plus récente, d’après les données TRACES-DGAL, pour les semaines 20 à 23 (du 15/05 au 11/06) les exportations de bovins vers l’Espagne (y compris veaux laitiers et reproducteurs) étaient en baisse mesurée de -2% /2022 (-500 têtes) et ramenées à 28 000 têtes. Les envois ont également reculé de -2% (-1 000 têtes) vers l’Italie, à 66 000 têtes, traduisant un léger redressement des exportations par rapport aux premiers mois de l’année.
Cotations en légère hausse saisonnière
Le resserrement de l’offre et la demande dynamique (malgré l’absence du débouché algérien) soutiennent les prix des broutards qui en semaine 23 sont majoritairement stables ou en légère hausse. Ainsi, le broutard charolais U de 450 kg vif gagnait +4 cts en quatre semaines et cotait 3,53 €/kg vif (+5% ou +18 cts/ 2022, +43% /2021). La cotation du Charolais U de 350 kg vif s’établissait à 3,62 €/kg vif (+4% ou +15 cts /2022, +36% /2021) en hausse également de +5 cts en quatre semaines. Les broutards croisés R de 300 kg vifs cotaient 3,18 €/kg vif (+4% ou +12 cts /2022, +33% /2021).
Le Limousin E de 350 kg vif s’est plus apprécié et atteignait 3,90 €/kg vif en semaine 23 (+15% ou +50 cts /2022, +40% /2021) en hausse de +10 centimes en quatre semaines.
Les femelles charolaises U de 400 kg vif cotaient 3,10 €/kg vif en semaine 23 (+3% ou +10 cts /2022, +20% /2021). La cotation des Limousines E de 270 kg vif s’établissait à 3,40 €/kg vif (+10% ou +30 cts /2022, +21% /2021) stable depuis la mi-avril.