Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les marchés mondiaux continuent de refléter la forte demande et, parallèlement, l’approvisionnement restreint de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. En 2020 l’ampleur de la demande chinoise dépendra pour une part de l’impact de la fièvre porcine africaine et pour une autre de celui du coronavirus sur l’économie chinoise et la consommation des ménages.

ROYAUME-UNI : la cotation de l’agneau britannique se maintient à un niveau élevé

Après des abattages et des exportations importants l’an passé, à partir de mai, le Royaume-Uni retrouve un marché plus calme fin 2019/début 2020. Ce dynamisme n’a toutefois pas été sans conséquence puisque les effectifs d’ovins ont baissé et que le disponible actuel ne permet plus d’accroître les envois. Parallèlement, les importations britanniques de viande ovine continuent de diminuer, suite au désintérêt croissant de la Nouvelle-Zélande pour le marché européen, au profit de la Chine, commercialement plus attractive.

Sur les cinq premières semaines de 2020, les abattages d’ovins au Royaume-Uni sont en hausse de +3% par rapport à l’an passé.

A l’approche de Pâques, l’inquiétude gagne les opérateurs : Vont-ils réussir à satisfaire la demande nationale ? Les contrats pour la période de Pâques sont souvent signés plus de six mois à l’avance avec la Nouvelle-Zélande. Pour la suite, l’avenir est plutôt sombre pour l’approvisionnement britannique. La Nouvelle-Zélande assure en temps normal plus de 70% des importations.

Autre élément essentiel : le Royaume-Uni est officiellement sorti de l’Union européenne le 31 janvier 2020, mais reste soumis à la réglementation européenne jusqu’au 31 décembre 2020. Pour la suite, le Royaume-Uni, qui importe beaucoup du continent, a intérêt à négocier avec l’UE un accord de libre-échange ou a minima des tarifs douaniers faibles. La viande ovine va être l’un des produits sensibles dans les négociations avec Bruxelles.

IRLANDE : le cours  du « Hogget » a entamé sa hausse saisonnière

Début 2020, la cotation de l’agneau irlandais âgé de 12 à 24 mois, appelé « Hogget », connaît une hausse saisonnière légèrement plus prononcée que l’an dernier, sous l’effet d’abattages limités (+0,08 €/kg en moyenne sur six semaines).

Les abattages sont toutefois supérieurs à ceux de l’an passé, alors exceptionnellement bas suite à des problèmes de reproduction début 2018. Si on compare les abattages début 2020 à ceux de 2018 à la même époque, ils sont en légère baisse, de -1% pour les agneaux, et de -12% pour les réformes, sur les cinq premières semaines.

Compte-tenu, entre autres, du recul des effectifs d’ovins en 2019, la production de viande ovine irlandaise devrait au mieux se maintenir en 2020, selon les experts de Bord Bia.

NOUVELLE-ZÉLANDE : toujours plus de demande face à une offre qui recule

Le cheptel néozélandais a continué de décroître en 2019. Selon le dernier rapport de Beef and Lamb New Zealand, cette baisse des effectifs est principalement attribuable à la contraction du cheptel de reproductrices et des agnelages. En effet, on constate au printemps 2019 un repli du nombre d’agneaux recensés (-2,4% soit -552 000 têtes) et du nombre de brebis reproductrices (-1,1%) comparativement au printemps 2018.

En décembre, la production néozélandaise de viande ovine a enregistré une hausse, de +4% /2018, due essentiellement à des abattages d’agneaux en forte hausse (+8%, à 1 792 000 têtes), les réformes ayant faiblement reculé (-1%, à 602 900 têtes). Parallèlement, la baisse des exportations s’est accentuée, atteignant -10% /2018, essentiellement vers l’UE (-14%), celles vers la Chine ayant marqué le pas (-1%).

Pour 2020, les envois néozélandais, qui vont se restreindre conjointement aux effectifs, pourraient encore davantage progresser vers la Chine, dont la demande ne se dément pas. En effet, la situation extrêmement complexe en Australie risque fort d’impacter négativement ses envois de viande ovine, dont une bonne part est vendue en Chine. L’épidémie récente mais extrêmement virulente du coronavirus pourrait à l’inverser freiner la demande chinoise en viande océanienne, si elle se prolongeait.

AUSTRALIE : le cheptel ovin atteint un creux record en 2019

Début 2020, l’Australie a subi des incendies exceptionnels, d’une force inouïe, qui ont détruit plus de 10 millions d’hectares. Plus de 100 000 ovins auraient péri dans les flammes, mais le bilan exact n’est pas encore établi. Environ 13 % du cheptel ovin du pays se trouve dans des régions qui ont été considérablement touchées par des incendies, et 17% dans des régions partiellement touchées, selon Meat & Livestock Australia (MLA).

Ces incendies ont exacerbé la pénurie de disponibilités provoquées par des années de sécheresse. Les cours de la viande ovine en 2019 ont grimpé de près de 50% d’une année sur l’autre, dans un contexte de hausse de la demande chinoise (besoins en protéines animales suite à la fièvre porcine africaine).

En 2019, le cheptel ovin australien a atteint son plus bas niveau depuis plus d’un siècle et la production de viande ovine australienne a baissé de 3% d’une année sur l’autre : la hausse des poids carcasse n’a que faiblement compensé la chute des abattages d’agneaux (-6%) et de réformes (-7%).

En 2019, les exportations australiennes de viande ovine ont augmenté de 6% /2018, principalement vers la Chine (+42%) et secondairement vers les États-Unis (+3%).

Pour 2020, MLA prévoit une diminution du nombre d’agneaux abattus, mais une possible stabilisation de la production australienne grâce à leur alourdissement, les prix pouvant inciter les éleveurs à davantage complémenter les rations. En revanche, dans un objectif de reconstitution du cheptel reproducteur, les réformes seraient ralenties et les agnelles gardées pour la reproduction seraient plus nombreuses selon le MLA.