Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Après une baisse saisonnière nette cet été, les cours des broutards se sont stabilisés sous l’effet d’une demande ferme à l’export et d’une offre limitée qui ne devrait pas progresser dans les mois à venir. En octobre, les envois indiquent un plafonnement de la demande italienne en femelles.

Les cours sont reconduits

Après un début d’année positif, les cours des broutards ont connu une baisse saisonnière estivale précoce et marquée, avant de se stabiliser à partir de septembre. Le Charolais U de 450 kg cotait 2,58 €/kg vif en semaines 47 à 49, en repli de 9 cts par rapport à 2018 (-4% /2018 et +1% /2017). De même, le cours du Charolais U de 350 kg s’est établi à 2,41 € /kg en semaine 49 (-4% /2018 et +1% /2017). A 3,05 € kg, le cours du Limousin E de 300 kg était en hausse de +2% /2018 tandis que celui du croisé U de 300 kg était en repli de -8% /2018 à 2,67 €/ kg.

Stables et élevés depuis 2018, les cours des femelles ont connu une légère baisse à l’automne sous l’effet du plafonnement de la demande italienne, avant de se stabiliser. La Charolaise U de 270 kg a perdu 10 cts par rapport au mois d’août et elle cotait 2,56 €/kg en semaines 46 à 49 (-3% /2018). En race limousine la baisse des cours est moins évidente.

Le recul de l’offre s’accentue

Au 1ernovembre, le stock de mâles allaitants de 6-12 mois était de 790 000 têtes, en recul de 2% par rapport au stock déjà très faible de 2018, marqué par la chute des naissances en 2017. Ce repli est davantage marqué par rapport aux années antérieures, de -6% /2017 et -7,5% /2016. La baisse des effectifs de Charolais (-4%) et de Blonds (-2%) est plus nette que dans les autres races (Limousins = /2018).

L’offre en broutards devrait rester allégée dans les mois à venir. Avec 628 000 têtes, le stock de mâles allaitants de 0-6 mois a fortement reculé, de -6,5% /2018, -1,5% /2017 et -10% /2016. Les naissances de veaux issus de mère allaitante sont en fort repli, de -7,5% /2018 depuis le mois de juillet, en lien pour partie avec le recul du cheptel de vaches de -2,4% /2018 au 1er novembre.

La demande reste ferme et s’oriente vers les mâles en octobre

Les cours des JB sont toujours élevés en Italie, principal acheteur de broutards français, mais le manque de places à l’engraissement limiterait la demande tandis que le marché espagnol reste encombré. En octobre, pour la 1ère fois depuis des mois, les envois de mâles de 4 à 16 mois ont progressé à 79 000 têtes (+3,5% /2018), tandis que ceux de femelles ont fléchi à 37 000 têtes (-6,5% /2018). Ensemble, 962 000 bovins de 4 à 16 mois ont été exportés en 10 mois (+2,5% /2018), tirés par la hausse des envois de femelles (+6% soit 35% des effectifs) alors que ceux de mâles se maintenaient (+0,5%).

L’évolution du ratio mâles/ femelles est liée au développement du marché de la génisse en Italie. D’après les opérateurs italiens, le développement du segment haut de gamme de viande de Scottona (génisse) a atteint un plafond à l’automne après sa mise en place il y a 4-5 ans par les principaux distributeurs. La rentabilité de l’engraissement de femelles s’est également rapprochée de celle de JB suite à la baisse des cours des génisses grasses en Italie.

Une demande algérienne ferme mais jusqu’à quand ?

Malgré les troubles politiques, la demande algérienne est restée dynamique durant toute l’année 2019. D’après les douanes, 6 000 animaux y ont été expédiés en octobre (x5 /2018) portant le total sur dix mois à 46 800 têtes (+72%). Dans une moindre mesure, le marché tunisien était demandeur avec 6 400 têtes achetées sur 10 mois (+19% /2018), tandis que le marché marocain importait 2 200 broutards (-19%).

Si le marché algérien a absorbé en 2019 des effectifs importants de broutards avec une préférence pour les animaux lourds de race Aubrac, la demande est plus incertaine début 2020. Outre l’actualité houleuse avec la tenue d’élections contestées par une partie de la population, de nouvelles conditions sur l’importation de bovins vifs entrent en vigueur en décembre. Les broutards envoyés ne devront pas excéder 450 kg vif et 14 mois. En début d’année, alors que l’offre française est minimale et que les animaux envoyés sont généralement les plus lourds, cette nouvelle contrainte pourrait pénaliser les cours.