Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Avec moins de mâles à sortir cette année, le marché européen du jeune bovin est nettement plus fluide qu’il y a un an. Les prix polonais et allemands ont enregistré des remontées spectaculaires. Les prix espagnols ont retrouvé leur niveau de 2019. Les prix des mâles italiens frémissent tout juste maintenant.

Pologne : +40 centimes pour le JB O

En Pologne, la cotation du JB O a gagné 40 centimes en 11 semaines pour remonter à 3,36 €/kg de carcasse en semaine 22 (+24% /2020 et +14% /2019). Elle dépasse même son niveau de 2018, avant les différentes crises ayant affecté la filière. Les quartiers arrière se sont particulièrement appréciés sur les 9 dernières semaines d’après les données de prix du ministère de l’Agriculture polonais. Ils sont passés de 3,54 €/kg début avril à 4,08 €/kg début juin.

Le plafonnement de la production polonaise, alors que les restaurants ont débuté leur réouverture en Europe, participe à cette belle remontée des cours.

Allemagne : Le manque d’offre tire les prix

Les prix des JB allemands, qui étaient déjà particulièrement élevés fin avril, sont repartis à la hausse en mai. Le JB R cotait 3,94 €/kg en semaine 22 (+14% /2020 et +16% /2019).

Les abattages de JB restent inférieurs aux niveaux des années précédentes en raison de l’érosion structurelle de la production. Sur les 4 dernières semaines connues, les abattages de taurillons étaient encore en baisse de -7% /2020 et de -14% /2019.

La consommation dynamique contribue également à tirer les prix. Les achats des ménages ont enregistré une forte hausse durant le premier tiers de l’année et le bœuf est la viande qui a connu la plus forte progression (+9% /2020 en volume et +11% en valeur) (lire l’article sur les vaches en Europe).

Espagne : des inquiétudes sur les coûts de production

En Espagne, La cotation du JB R a légèrement faibli après le Ramadan, mais reste proche de son niveau de 2019, à 3,73 €/kg de carcasse (+7% /2020 et = /2019). Les opérateurs rapportent que les avants se sont dépréciés pour retomber autour de 3 €/kg, mais que les déhanchés sont remontés autour de 6,50 € pour les mâles et 8 € pour les femelles, grâce à la réouverture des restaurants et à la reprise progressive du tourisme en Europe.

Les engraisseurs s’inquiètent toutefois de la hausse des coûts d’alimentation qui pourrait mettre à mal leur équilibre économique fragile.

Italie : Les femelles mieux valorisées que les mâles

En Italie, les prix des mâles finis sont restés sous pression pendant tout le 1er semestre. Alors que la demande se porte vers toujours plus de viande de femelles, l’offre de mâles est restée relativement abondante, de nombreux broutards ayant été mis en place à partir de l’été 2020 quand les prix des mâles avaient fortement chuté.

La cotation des mâles charolais à Modène a été arrêtée car jugée non représentative par les opérateurs membres de la Commission de cotation qui n’arrivaient plus à s’entendre. Elle a été remplacée par 2 cotations, toutes deux inférieures à la cotation initiale.

Les cotations de Padoue, basées sur des remontées de prix des opérateurs sur une plate-forme en ligne avec des garde-fous, montrent bien la différence d’évolution entre mâles et femelles. A 2,39 €/kg vif début juin, la cotation médiane du mâle fini charolais restait inférieure aux années précédentes, alors que la femelle charolaise cotait 2,66 €/kg vif (+6% /2020 et +3% /2019)

 

 

Avec la réouverture de la restauration et la reprise du tourisme, la viande importée devrait être réorientée vers les circuits de la RHD. Elle sera donc moins présente dans les circuits de détail, ce qui devrait participer à redresser les prix des jeunes bovins engraissés en Italie.