Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Les cours restent bas, malgré des réformes globalement ralenties. La consommation britannique est en forte baisse. La colère des éleveurs irlandais est toujours vive. La remontée du prix du porc en Allemagne ne profite pas aux vaches.

IRLANDE : Éleveurs en colère !

En Irlande, après avoir bloqué les abattoirs en août et septembre, les éleveurs bloquent actuellement les plateformes de distribution des enseignes de GMS : Aldi et Lidl début décembre, puis Tesco le 9 et Musgraves le 10 décembre. Ils leur reprochent de gagner de l’argent sur leur dos, l’écart de prix se creusant entre les cotations britanniques et irlandaises (lire l’article de agriland.ie).

Les cotations irlandaises sont en effet les plus déprimées d’Europe par rapport aux niveaux des années précédentes. Le cours de la vache O, à 2,59 €/kg fin novembre, se situait 5% sous son niveau de 2018 et 18% sous celui de 2017. La génisse R cotait 3,51 €/kg (-7% /2018 et -10% /2017) et le bœuf R 3,42 €/kg (-7% /2018 et -9% /2018).

Les capacités d’abattage sont actuellement prioritairement utilisées pour les bœufs et génisses, afin de rattraper le retard pris lors des blocages de septembre. Sur les 8 semaines d’octobre et novembre, le nombre de génisses abattues était en hausse de 7% /2018 et celui de bœufs de +3%. Les abattages de vaches restent en revanche très faibles pour la saison (-16% /2018 en octobre-novembre).

ROYAUME-UNI : vers une consommation en baisse de 7% en 2019

D’après le rapport Outlook d’AHDB de décembre, le bilan estimé pour 2019 fait apparaître une consommation nationale en baisse de 7% par rapport à 2018, à 1,104 million de téc. L’organisme précise que la baisse de consommation a été visible dans les achats des ménages comme dans le secteur de la restauration hors domicile. Les achats des ménages restent en effet en baisse en volume comme en valeur. D’après le panel Kantar, sur les 12 semaines finissant le 6 octobre, les achats de viande bovine fraîche et congelée ont diminué de 2%, dont -6% pour les viandes à rôtir, -6% pour les viandes à bouillir, -1% pour les pièces à griller et +0,5% pour la viande hachée.

La baisse de consommation au Royaume-Uni a fortement impacté le commerce extérieur : sur les 9 premiers mois de l’année, les importations ont chuté de 15% à 182 000 t de produit, dont 141 000 t en provenance d’Irlande (-8%), 11 000 t en provenance de Pologne (-16%) et 4 000 t en provenance d’Allemagne (-47%). A l’inverse, les exportations ont bondi de 21% à 98 000 t, dont 9 000 t vers la France (+30%) et 4 000 t vers l’Italie (+20%) et 18 000 t vers les pays tiers (+80%).

ALLEMAGNE : prix en baisse malgré la hausse des cours du porc

En Allemagne, le prix du porc s’envole. Il a bondi de 44% par rapport à 2018 et de 38% par rapport à 2017, en raison de la fièvre porcine africaine en Asie qui dope les flux commerciaux vers la Chine. Cependant, ceci semble n’avoir aucun impact sur le prix des vaches de réforme dont la viande est traditionnellement mélangée au porc dans la saucisserie et la viande hachée. Depuis début juillet, la vache O a perdu 44 centimes pour tomber à 2,59 €/kg de carcasse fin novembre (soit +7% par rapport au très mauvais niveau de 2018 et -12% /2017) et la vache P a chuté 34 centimes à 2,12 €/kg (+8% /2018 et -11% /2017).

Si la consommation allemande de viande bovine semble se redresser depuis l’été, cela bénéficierait plutôt à la viande de jeunes bovins (voir l’article sur les jeunes bovins), les viandes de mélange semblant être boudées par les ménages. La baisse de la demande allemande pour la viande de transformation et la concurrence accrue de la viande irlandaise font pression sur les cours.

POLOGNE : Les prix des vaches restent déprimés

En Pologne, les prix des vaches sont toujours au plus bas, malgré des abattages restreints. Ils ne se remettent toujours pas des scandales sanitaires de début d’année. La vache O polonaise cotait 2,51 €/kg fin novembre (-7% /2018 et -14% /2017).