Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

En septembre, les naissances de bovins allaitants ont été supérieures à celles de l’année dernière malgré la décapitalisation. Les exportations de broutards ont été soutenues à l’automne, alors que le marché algérien reste fermé. L’organisation du commerce n’est pas simplifiée par le zonage MHE qui engendre des surcoûts en zone réglementée (désinsectisation, tests PCR), tout en compliquant l’organisation de la vente des broutards.

Marchés compliqués par la MHE

Les marchés des broutards sont affectés depuis un mois et demi par la détection de cas de plus en plus nombreux de MHE en France. La zone réglementée, définie à partir d’un rayon de 150 km autour des cas confirmés, englobe à présent un grand quart du Sud-Ouest. Depuis la zone réglementée, les broutards peuvent être envoyés vers l’Espagne (déjà touchée par la MHE) ou vers l’Italie ou les zones indemnes françaises, sous réserve de désinsectisation et d’une PCR négative.

Cotations stables à baissières

À l’automne, les cotations des broutards charolais ont poursuivi leur baisse avec les retours à l’étable. Ainsi, en semaine 45, le Charolais U de 350 kg vif cotait 3,40 €/kg, sous son niveau de 2022, et ce depuis quelques semaines (-3% ou -10 cts /2022), mais toujours nettement supérieur à 2021 (+26%). Le Charolais U de 450 kg était également en repli de -10 cts en quatre semaines, à 3,28 €/kg (-7 cts ou -2% /2022, mais toujours +28% /2021).

Les prix se tenaient mieux pour les autres races et les femelles. Le Limousin E de 350 kg cotait 3,80 €/kg en semaine 45, en repli de -5 cts sur quatre semaines, mais toujours nettement supérieur aux années précédentes (+15 cts ou +4% /2022, +35% /2021). La cotation du mâle croisé R de 300 kg s’établissait à 3,15 €/kg, également supérieure à celle des années antérieures (+7 cts ou +2% /2022, +21% /2021) bien qu’en légère baisse de -4 cts sur quatre semaines.

Les femelles limousines E de 270 kg étaient stables depuis début août, à 3,30 €/kg, niveau désormais égal à celui de 2022. Les Charolaises U de 270 kg cotaient 3,36 €/kg en semaine 45, un prix similaire à celui du mois précédent et à celui de l’année dernière (+1 ct /2022). La tendance était équivalente pour les Charolaises U de 400 kg, dont le prix s’établissait à 3,18 €/kg (+6 cts ou +2% /2022).

Naissances dynamiques en septembre

Pour la première fois depuis neuf mois, les naissances de veaux de mère allaitante étaient en hausse en septembre, avec 314 000 veaux d’après SPIE-BDNI, soit +6 000 têtes ou +2% /2022. Le report des vêlages vers l’automne, déjà constaté les années précédentes, pourrait expliquer cette hausse. Cependant, en cumul depuis janvier, un recul de 144 000 têtes est constaté (-5,7% /2022 et -8,5% /2021), avec 2 377 000 veaux nés de mère allaitante. La baisse des naissances touche tout particulièrement les Charolais (777 000 veaux sur neuf mois, soit -6,4% /2022).

Au 1er octobre, la décapitalisation allaitante ralentissait légèrement, avec 3 447 000 vaches présentes en élevage, en recul de -2,2% /2022 (contre -3,1% un an auparavant).

Effectifs de mâles de plus de six mois renforcés

Au 1er octobre, 622 000 mâles allaitants de 0 à 6 mois étaient présents en ferme. Le dynamisme des naissances en septembre a atténué le recul des effectifs de 0-6 mois, ramené de -6% à -4% /2022 en un mois.

Pour les mâles allaitants de 6 à 12 mois, les effectifs étaient stables sur un an, à 746 000 têtes. Le dynamisme de l’engraissement en France a conduit à un maintien d’animaux mâles dans les exploitations françaises, comme depuis le début de l’année.

Exports dynamiques vers l’Espagne sur le début d’année

D’après les Douanes, en août, les envois vers l’Espagne étaient également en léger recul de -4% /2022, à 6 000 têtes en août. Ce recul touche tout particulièrement les broutards légers de moins de 300 kg vifs. En cumul sur huit mois en revanche, les exportations de broutards vers l’Espagne étaient en forte hausse, de +25% /2022 à 69 000 têtes, tirées par la demande espagnole pour des broutards lourds (28 000 mâles de plus de 300 kg, soit +95% /2022).

Sur août, les envois vers l’Italie ont nettement reculé, de -17% /2022, à 60 000 têtes. Les très fortes chaleurs, en période de congés estivaux , ainsi que les sorties ralenties de jeunes bovins des ateliers d’engraissement italiens ont limité fortement le trafic de bovins transalpin. En cumul sur huit mois, 532 000 broutards ont été expédiés vers l’Italie, en recul de -7% /2022 (ou -40 000 têtes). Le recul touche principalement les animaux les moins lourds (160-300 kg, -24% /2022) et les femelles de plus de 300 kg (-14% /2022).

Vers les pays tiers, toujours d’après les Douanes, les ventes ont été calmes au mois d’août dans l’attente de la réouverture de l’Algérie. Seuls 1 000 broutards ont été exportés hors UE, exclusivement vers le Maroc.

Reprise des exports en septembre…

D’après SPIE-BDNI, les exportations de broutards (bovins de type viande âgés de 4 à 16 mois) toutes destinations confondues ont été assez dynamiques en septembre (semaines 36 à 39), avec 85 000 animaux envoyés, soit une légère baisse de -1% /2022. En cumul sur les 42 premières semaines de l’année (jusqu’au 22 octobre), elles étaient cependant en baisse de -6% /2022, à 799 000 animaux. Ce recul touchait tout particulièrement les broutards charolais, dont les expéditions ont reculé de -8% /2022 (-19 000 têtes) et même de -19% /2021.

…Prolongée en octobre selon TRACES

D’après les données TRACES-DGAL (bovins exportés, tous types confondus), les envois de bovins vers les pays européens ont été particulièrement dynamiques à partir de la semaine 39 (25 septembre, semaine de fermeture du marché algérien pour cause de MHE). Ainsi, sur sept semaines (semaines 39 à 45), 142 000 bovins ont été exportés vers l’Italie, en hausse de +8% /2022 (ou +10 000 têtes), mais un effectif toujours inférieur de -3% aux exportations de 2021. La demande italienne reste présente malgré des sorties de JB retardées.