Après avoir fortement progressé en début d’année, la croissance de la collecte a ralenti au 2ème trimestre, en partie sous l’effet de la crise sanitaire et des messages de modération des transformateurs. Ceux-ci ont aussi ralenti leurs importations qui sont retombées à un niveau historiquement bas à l’issue du premier quadrimestre. La renationalisation de l’approvisionnement des transformateurs se répercute sur la collecte et les prix espagnols.
Croissance de la collecte ralentie
La collecte française de lait de chèvre a poursuivi sa progression jusqu’au mois de mai (pic de production), et amorce désormais sa baisse saisonnière. L’évolution du mois de mai est estimée à +3,3% /2019 selon l’enquête hebdomadaire de FranceAgriMer, et à +2,7% au mois de juin. Ainsi, la collecte nationale cumulée au premier semestre s’établirait à près de 270 millions de litres, soit +5% /2019. Après avoir été très dynamique au premier trimestre (+6% /2019 (effet année bissextile neutralisé), la collecte a progressé moins vite au deuxième trimestre, de +4% /2019.
En effet, alors qu’elle affichait des taux de progression inédits jusqu’au mois d’avril, grâce à des conditions météorologiques favorables (notamment en Nouvelle-Aquitaine, première région caprine, où la production d’herbe des prairies a été excédentaire au printemps), et à des prix en hausse suite à une année 2019 sous tension, l’évolution de la collecte semble se stabiliser en partie sous l’effet de la crise sanitaire et des signaux dissuasifs de la part des transformateurs.
Des importations encore plus réduites
La consommation française en fromages de chèvre est devenue imprévisible pendant le confinement, avec la fermeture de la RHD, qui provoqua un report de consommation à domicile et le report des achats des ménages des marchés de plein air vers la GMS. Les ventes en rayon libre-service des GMS, qui absorbent près de la moitié des fabrications totales de fromages de chèvre en temps normaux, ont bondi de +15% en P4 (période se terminant mi-avril) par rapport à la même période 2019 et de +17% en P5 (finissant mi-mai). Par ailleurs, les exportations françaises de fromages de chèvre ont chuté en avril (-30% /2019, à 1 500 tonnes), après avoir été fermes en mars (+2% /2019, à 2 000 tonnes).
Face à une demande nationale imprévisible, à des exportations ralenties et à une collecte dynamique, les transformateurs français ont dû adapter leur approvisionnement. Les importations de produits de report caprin, qui affichent une tendance baissière depuis fin 2018, ont encore reculé de – 15% /2019 en avril (à 3,8 millions de litres équivalent lait), après avoir bondi en février et mars de +15% et +4% respectivement (par rapport à une année 2019 déjà largement en repli). A 18,5 millions de litres équivalent lait fin avril, les importations cumulées se situent 12% sous celles de 2019 et 58% sous celles de 2018.
En somme l’approvisionnement (collecte+imports) a progressé de +3,7% /2019, à 180 millions de litres cumulés sur les quatre premiers mois de 2020. Ainsi la part de la collecte dans l’approvisionnement national des laiteries est passée de 78% en avril 2018, à 90% deux ans plus tard.
Les fermiers ont évité le pire
Pendant le confinement, de nouvelles formes de commercialisation ont été mises en place (constitution de paniers, vente sur les réseaux sociaux, drives fermiers, livraisons…) avec néanmoins un surcroît de travail important. La fin des mesures de confinement, la réouverture des marchés de plein air et de la RHD, et la reprise progressive des ventes à la ferme et aux intermédiaires redynamisent la demande en fromages fermiers et par voie de conséquence la situation économique des producteurs fermiers. Toutefois nombre d’entre-deux s’interrogent sur la pérennité des alternatives de commercialisation. Si elles ont permis d’éviter le pire pendant la crise sanitaire, elles ne sont pas forcément rentables et tenables sur le long terme.