Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 365 Octobre 2024 Mise en ligne le 21/10/2024

Dans le contexte inflationniste qui réduit le pouvoir d’achat des ménages, la demande s’érode dans tous les États membres. Mais la viande bovine reste une valeur sûre et son prix au détail augmente finalement moins que celui de la volaille ou du porc. Par ailleurs, l’offre de jeunes bovins étant limitée, le marché est équilibré. Les prix se tiennent bien, sauf en Pologne où les cotations décrochent légèrement.

ITALIE :  prix stables pendant 5 semaines

En Italie, les cotations des jeunes bovins se sont stabilisées en septembre, toujours bien supérieures à celles de l’an passé. Le mâle charolais de 1ère catégorie à Modène cotait 3,34 €/kg vif en semaine 40 (+27% /2021) et le mâle limousin Extra 3,54 €/kg vif (+24% /2021). La femelle limousine se situait à 3,57 €/kg (+23%) et la femelle charolaise à 3,34 €/kg (+24%).

L’indice des prix des moyens de production agricole pour la viande bovine calculé par l’ISMEA (analogue à l’IPAMPA français) en base 100 en 2015, a atteint 131,1 points en août (+22% /2021). Les deux postes principaux de cet indice composite sont l’achat du broutard (63%) et l’alimentation des animaux (24%).

L’inflation a poursuivi son accélération en septembre selon Istat (+8,9% /2021 contre +8,4% en août). L’indice des prix à la consommation des produits alimentaires en septembre est passé à +12,0% /2021, contre +10,7% en août. L’inflation s’accélère aussi en viande bovine, mais reste moindre que pour les autres produits animaux, à +7,5% en septembre, contre +16,8% pour la volaille, +16,6% pour les œufs et +12,4% pour les fromages.

D’après la base de données Anagrafe zootecnica, les abattages ont été limités cet été. Sur les deux mois de juillet-août, 221 000 bovins de 12 à 24 mois ont été abattus (-10% /2021) dont 131 000 mâles (-13%) et 91 000 femelles (-5%).

ALLEMAGNE : les prix stagnent mais pourraient repartir à la hausse en fin d’année

En Allemagne, les prix des jeunes bovins ont stagné en septembre malgré une offre réduite. La réduction du pouvoir d’achat dans le contexte inflationniste limite en effet la demande. L’inflation a atteint +10,0% en septembre sur un pas de temps annuel (contre +7,9% en août), dont +43,9% pour l’énergie et +18,7% pour l’alimentation ! Les principaux instituts économiques allemands sont relativement alarmistes : ils prévoient que le pays entrera en récession avant la fin de l’année et que l’inflation restera très forte en 2023. Selon les dernières prévisions de l’OCDE, l’Allemagne serait de loin le pays le plus affecté de l’ensemble des pays riches, avec une croissance n’excédant pas +1,2% sur 2022 et qui deviendrait négative (-0,7%) en 2023. Les experts allemands du secteur agroalimentaire envisagent toutefois une hausse des cours des jeunes bovins avant la fin de l’année et en particulier en décembre à l’approche des fêtes. Les températures fraîches sont par ailleurs propices à la consommation de viande bovine.

Les cotations des jeunes bovins restaient en hausse de +17% /2021 début octobre, à 5,09 €/kg de carcasse pour le JB U, 5,02 €/kg pour le JB R et 4,74 €/kg pour le JB O.

L’offre de jeunes bovins reste limitée bien que les sorties aient été plus dynamiques en septembre qu’en août. Sur les 8 semaines 33 à 40, les abattages de jeunes bovins étaient en baisse par rapport aux années précédentes (-4% /2021 et -3% /2020).

ESPAGNE : la hausse de production n’empêche pas celle des prix

En Espagne, la production de jeunes bovins poursuit sa hausse. Certes, la flambée des prix des matières premières inquiète dans un pays où l’engraissement est principalement basé sur des rations sèches très dépendantes de l’importation de céréales et d’oléagineux et où le coût alimentaire représente plus de la moitié du coût de production d’un JB. Mais il semble que pour l’instant les systèmes parviennent à y faire face, en témoigne le maintien des flux de petits veaux français vers l’Espagne (lien vers article petits veaux).

Sur les 7 premiers mois de l’année, les abattages de jeunes bovins ont totalisé 348 000 téc (+3% /2021), dont 115 000 téc de bovins jeunes de 8-12 mois (-1% /2021), 159 000 téc de taurillons (+7% /2021) et 74 000 téc de génisses (+4% /2021). Ces abattages en hausse se doublent d’une très forte augmentation des exports de bovins finis : +24% /2021 à 116 000 têtes sur le premier semestre. Les exportations de bovins vivants ont ainsi concerné pas moins de 8% des bovins produits dans le pays sur le 1er semestre 2022.

Malgré le dynamisme des sorties, les prix des JB les mieux conformés poursuivent leur hausse saisonnière à de hauts niveaux grâce aux parts de marché gagnées dans les circuits de la cheville en Italie et en Grèce. Le JB U espagnol cotait 5,16 €/kgéc en semaine 40 (+30% /2021) et le JB R 5,12 (+31% /2021). Les JB moins bien conformés subissent la concurrence des viandes importées de Pologne et des pays baltes où les prix ont enregistré des baisses significatives en ce début d’automne. Ainsi la cotation du JB O espagnol a augmenté plus faiblement à 4,97 €/kgéc en semaine 40 (+26% /2021).

La demande nationale est en net retrait du fait de la très forte inflation qui a atteint un record historique en août à +10,5% sur un an, avant de revenir à +9,0% en septembre. Pour tenter de limiter la perte de pouvoir d’achat, le gouvernement espagnol a annoncé fin septembre la mise en place pendant deux ans d’un nouvel impôt de solidarité sur les grandes fortunes et sur les profits exceptionnels des entreprises (énergétiques en particulier) en parallèle d’une baisse de l’impôt sur le revenu pour les petits contribuables.

POLOGNE : érosion des cours

En Pologne, la cotation du JB R a perdu 15 centimes en 1 mois pour tomber à 4,64 €/kg de carcasse en semaine 40. Elle restait toutefois très largement au-dessus des niveaux des années précédentes (+19% /2021 et +54% /2020).  Une partie de l’érosion récente du prix en euros est liée à la dégradation de la parité du zloty, qui a perdu 2% de sa valeur face à l’euro en 4 semaines.

La production polonaise de jeunes bovins a pourtant cessé de progresser depuis deux ans maintenant. A l’inverse même : sur les 7 premiers mois de l’année, les volumes de jeunes bovins mâles et femelles abattus n’ont totalisé que 231 000 téc (-4% /2021 et -7% /2020), dont 179 000 téc de taurillons (-6% /2021) et 52 000 téc de génisses (+3%). La part croissante de femelles dans la production témoigne d’une part de la difficulté croissante à trouver des veaux mâles (à 158 €/tête début octobre, les veaux mâles laitiers polonais restaient les plus chers d’Europe) et d’autre part de la mise en place d’une filière génisses pour servir le marché italien, friand de « scottone ».