Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Après une année 2018 marquée par la sécheresse et un marché particulièrement encombré, nous prévoyons un recul significatif de la production française de viande bovine en 2019 (-3% /2017).

Baisse des volumes produits et consommés

La production de bovins finis reculerait significativement (-3% /2018). Les tonnages de femelles perdraient 30 000 téc, ceux de mâles non castrés 13 000 téc, ceux de bœufs 3 000 téc et ceux de veaux de boucherie 2 000 téc.

Les importations de viande bovine, reparties à la hausse en 2018 après quatre années de recul, confirmeraient leur reprise (+3%), venant compenser partiellement le recul de la production de femelles.

Les exportations de viande devraient se replier, faute d’offre en France et malgré un marché européen du jeune bovin moins encombré qu’en 2018.

Après un rebond de près de 2% en 2018, la consommation calculée par bilan devrait se réajuster à la baisse en 2019 (-1,7%). L’évolution des modes de consommation ainsi que les messages négatifs à l’encontre de l’élevage conduisent à une réduction des fréquences de consommation et des volumes consommés. La consommation hors domicile, avec notamment le fameux burger, semble être le seul segment de marché véritablement dynamique.

Beaucoup moins de femelles

Les abattages de femelles baisseraient de 4% /2018.

Les réformes allaitantes seront ralenties (-3,5%) en raison du recul des effectifs de génisses de renouvellement prêtes à entrer en production. Pour autant, le cheptel poursuivrait sa baisse au même rythme qu’en 2018.

Les abattages de génisses de boucherie pourraient se réduire également (-1%) après le pic enregistré en 2018.

Les réformes laitières devraient reculer très significativement (-6% /2018) en prenant l’hypothèse d’une érosion de cheptel sur l’année 2019 similaire à celle de 2018. Comme dans le cheptel allaitant, les génisses de renouvellement sont très peu nombreuses. Les éleveurs devront donc garder leurs vaches pour produire, la conjoncture laitière s’annonçant plutôt meilleure qu’en 2018.

Moins de taurillons et de bœufs

La production française de taurillons devrait baisser d’environ 3%. La production de JB laitiers poursuivra son déclin. Les JB viande seront également moins nombreux. Les poids de carcasse devraient se replier après un second semestre 2018 marqué par l’engorgement du marché ayant provoqué des retards de sorties et un alourdissement des animaux.

Les exportations de JB vivants continueront leur baisse structurelle liée à la modernisation des circuits commerciaux en Italie du Sud et à la concurrence des bovins espagnols sur les marchés tiers.

Après une chute de 9% en 2018, la production de bœufs se réduira à nouveau en 2019 (-4%), poursuivant le déclin observé depuis de très nombreuses années.

Rebond des exports de broutards

Le retour de l’offre permettra aux exportations de broutards de rebondir après la chute de 2018.

La chute des naissances allaitantes à partir de juin 2017 avait conduit à un net recul de l’offre de broutards en 2018 et à une forte baisse des flux à l’export (-4%). Le retour des naissances en 2018, notamment au second semestre (malgré l’érosion continue du cheptel de mères), permet de prévoir une hausse de l’offre de bovins maigres à exporter.

La demande export devrait rester dynamique, en particulier vers les ateliers d’engraissement espagnols, mais aussi vers l’Italie, où la consommation redémarre. La réduction des disponibilités en veaux partout en Europe rendra les bovins maigres français incontournables.

Moins de veaux de boucherie

Les abattages de veaux de boucherie reprendront leur baisse après le léger rebond de 2018. Le recul des effectifs (prévu à -1,2% /2018) sera partiellement compensé par une hausse des poids de carcasse (+0,5%), renouant avec la tendance observée sur le long terme.

Le rebond des abattages en 2018 était dû à la reprise par un groupe belge d’un abattoir du Nord-Est de la France et au démarrage d’un flux de veaux finis en provenance de Belgique. Ce, alors que la production de veaux engraissés en France était en baisse de 2%. En 2019, les flux de veaux étrangers devraient rester stables alors que les effectifs engraissés en France poursuivront leur érosion.

UE-28 : La Commission européenne prévoit une stabilité de la production et de la consommation

D’après les prévisions de la Commission européenne, la production de l’UE-28 égalerait en 2019 son niveau de 2018. Les importations de viande bovine progresseraient légèrement par rapport à une année 2018 où les contingents n’ont pas été remplis. Les exportations se réduiraient légèrement. La consommation serait relativement stable.

Ces prévisions nous semblent relativement optimistes tant sur la production que sur la consommation, plusieurs grands États membres producteurs ayant annoncé des baisses de production significatives pour 2019 (France, Allemagne, Royaume-Uni, Irlande), d’autres une stabilité (Italie, Espagne). Selon les sources, la production polonaise pourrait quant à elle soit plafonner, soit augmenter encore très légèrement.