Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

La réduction des cheptels laitier et allaitant, touchant toutes les catégories de sexe et d’âge, conduira nécessairement à une nouvelle baisse de la production de viande bovine en 2020 (-2% /2019 d’après nos prévisions). La chute de la production de femelles comptera pour plus des ¾ de la baisse totale.

Moins de femelles

Les abattages de femelles baisseraient de 3% /2019.

Les réformes allaitantes seront ralenties (-3,6%) en raison du recul des effectifs de génisses de renouvellement prêtes à entrer en production. Pour autant, le cheptel poursuivrait sa baisse au même rythme qu’en 2019.

Les abattages de génisses de boucherie se réduiraient moins fortement (-2,5%) après le pic enregistré en 2018.

Les réformes laitières reculeraient de 3,4% en prenant l’hypothèse d’une érosion de cheptel sur l’année 2020 de 1%. Comme dans le cheptel allaitant, les génisses de renouvellement sont très peu nombreuses. Les éleveurs devront donc garder leurs vaches pour produire, la conjoncture laitière s’annonçant plutôt meilleure qu’en 2019.

Moins de taurillons et de bœufs

La production française de taurillons baisserait d’environ 1%.

L’engraissement de jeunes bovins de type lait poursuit son déclin. Les effectifs mis en place pour des sorties en 2020 sont ainsi toujours en baisse.

Les sorties de jeunes bovins de type viande diminueront également globalement sur l’année, quoique moins fortement. Elles pourraient rebondir durant le 1er semestre 2020 par rapport au 1er semestre 2019, particulièrement bas à la suite de la forte baisse des naissances dans le cheptel allaitant à l’automne 2017.

Après des chutes de plus de 9% en 2018 et 2019, la production de bœufs se réduira à nouveau en 2020 mais moins fortement (-3,5% /2019). En effet, le recul des effectifs de mâles de 24 à 36 mois en BDNI au 1er décembre était moindre que les années précédentes.

Moins de broutards à exporter

Les exportations de broutards baisseraient de 1% en 2020 (-12 000 têtes).

La chute des naissances allaitantes au 2nd semestre 2019 et la baisse du cheptel de mères qui induira une nouvelle baisse des naissances au 1er semestre 2020, conduiront naturellement à un repli du disponible exportable de bovins maigres en 2020.

La demande des engraisseurs français devrait rester en retrait par rapport à une demande export plus dynamique, en particulier vers l’Italie où la concurrence des autres origines est toujours plus faible et où la consommation est actuellement dynamique.

Moins de veaux de boucherie

Après une année de crise, les abattages de veaux de boucherie reprendront leur baisse (-1,5%).

2019 a enregistré un fort alourdissement des veaux en raison de la crise qui a touché le secteur et provoqué des retards de sortie jusqu’à l’automne. Suite à cette crise, les intégrateurs se montrent prudents dans les mises en place et la production abattue en 2020 pourrait baisser de 1,5% en têtes comme en tonnages. Le poids moyen se stabiliserait après la forte de hausse de 2019. Sur le long terme, l’alourdissement structurel est amené à se poursuivre.

Vers une baisse de consommation

Compte tenu de la baisse de l’offre disponible, en particulier en viande de femelles, la consommation française calculée par bilan baisserait de nouveau en 2020 (-1,7% /2019). Elle baissera toutefois moins que la production abattue, du fait du réajustement par le commerce extérieur.

Les importations de viande bovine confirmeraient leur reprise (+3%), venant compenser partiellement le recul de la production de femelles.

Les exportations de viande pourraient se redresser (+1%) grâce au développement des envois vers la Chine, qui compenserait la baisse vers les destinations historiques.

Union européenne : production et consommation en légère baisse

D’après les prévisions de la Commission européenne, la production de l’UE-28 baisserait de 0,7% en 2020. Les importations de viande bovine progresseraient légèrement par rapport à une année 2019 particulièrement basse. Les exportations progresseraient, comme en 2019, grâce au développement des envois vers l’Asie et notamment la Chine. La consommation se réduirait de 0,8%.