Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Au Royaume-Uni comme en Irlande les abattages se redressent, permettant une hausse des exportations de viande ovine. En Espagne, l’augmentation des abattages fait face à une consommation intérieure très volatile : l’export en vif permet de dégager des volumes, ceux en viande étant limités. Le covid-19 continue de perturber les flux de viande ovine de la Nouvelle-Zélande vers la Chine.

Royaume-Uni : L’offre et les envois britanniques se rétablissent

De janvier à avril, la production abattue au Royaume-Uni a atteint 91 000 téc, progressant de +14% /2021 (creux de production post-Brexit en 2021) et de +4% /2020. Elle reste toutefois 6% sous son bon niveau de 2019.

De janvier à mars, les importations de viande ovine ont gagné +33% /2021, augmentant d’autant le disponible et libérant des volumes pour l’export, qui ont ainsi progressé de +26% au 1er trimestre.

La hausse des disponibilités début 2022 pèse sur le cours britannique de la viande d’agneau qui a chuté de -0,31 € /2021, à 7,13 €/kg en semaine 18 (trois semaines après Pâques et une après le Ramadan). La vigueur du marché mondial soutient tout de même le prix de l’agneau britannique qui s’établissait encore +1,79 € au-dessus de son niveau de 2020.

 Irlande : les agneaux de nouvelle saison ont remplacé les Hoggets

Le pourcentage d’Hoggets dans les effectifs abattus est aujourd’hui minimum, face à l’arrivée des agneaux de nouvelle saison, qui ne sont pour autant pas aussi nombreux que prévu face à une demande plutôt ferme.

En semaine 18, à 8,30 €/kg, la cotation de l’agneau de nouvelle saison était proche de son niveau de Pâques 2021 (+ 0,30 €/kg), toujours très élevée par rapport au creux de 2020 (+2,08 €/kg).

Sur les 18 premières semaines de 2022 (janvier à début mai), les abattages d’agneaux ont progressé de +20% /2021, à 854 000 têtes, grâce à de bonnes sorties d’Hoggets (agneaux de report) à partir du dernier trimestre 2021. Les abattages de réformes ont conjointement reculé, de -7% à 90 000 têtes.

Face à une offre en hausse, les exportations irlandaises de viande ovine ont aussi progressé : de +17% /2021, à 14 300 téc au 1ertrimestre, dont +60% vers le Royaume-Uni et +22% vers la France.

Espagne : des cours stables

A 6,74 €/kg en semaine 18, la cotation espagnole se situe nettement au-dessus de son niveau des années précédentes : +0,55 € /2021 et +1,60 € /2020. Elle est de plus relativement stable alors que l’offre augmente de façon saisonnière. Après avoir ralenti pour cause d’une météo peu propice aux barbecues, la demande intérieure s’est légèrement redressée en mai.

Le Ramadan passé, les exportations de vifs vers les pays tiers sont plus calmes, mais la France comme l’Italie continuent d’acheter des agneaux.

Sur le marché de la viande ovine, la demande est minimaliste : les envois espagnols ont régressé de -27% /2021 au 1er trimestre, dont- 33% vers la France. Depuis avril, ils reprendraient vers la France et les pays tiers, selon la presse spécialisée espagnole.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les éleveurs espagnols connaissent des difficultés pour s’approvisionner en matières premières pour l’alimentation du bétail. L’Ukraine est en effet l’un des principaux exportateurs de blé, de maïs (2ème fournisseur de l’Espagne), de tournesol, de farine. Des surfaces conséquentes de luzerne auraient été retournées pour produire du tournesol, ce qui réduirait les disponibilités fourragères dans les prochains mois.

Nouvelle-Zélande : des envois vers la Chine de nouveau contraints

En Nouvelle-Zélande, les restrictions sanitaires liées au nouveau variant (omicron) ont ralenti les chaînes d’abattage et de découpe, si bien que la production abattue a chuté de -29% /2021 en mars 2022, à 44 000 téc. Au 1er trimestre, les abattages d’agneaux ont moins reculé, de -17% en effectifs et -19% en volume d’une année sur l’autre.

De plus, avec sa politique « zéro covid-19 » la Chine a de nouveau confiné une partie de sa population, ce qui perturbe le fonctionnement des ports chinois : la Nouvelle-Zélande s’en détourne alors ponctuellement en faveur de l’UE à 27 et de l’Amérique du Nord.

Les exportations de viande ovine ont en conséquence chuté de -24% /2021 en mars, pour tomber à 45 000 téc, dont – 46% vers la Chine, -1% vers le Royaume-Uni, +13% vers l’UE à 27 et +53% vers l’Amérique du Nord. Les envois de laine néozélandaise vers la Chine sont aussi freinés. En parallèle, les confinements diminuent la demande des consommateurs chinois en viande d’agneau. La filière espère que les restrictions sanitaires en Chine seront rapidement levées.