Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Le Royaume-Uni et l’Irlande ont subi un été particulièrement humide qui a provoqué une baisse de la qualité des pâturages et entrainé un allongement de la durée d’engraissement des agneaux. Ce décalage des sorties explique au moins en partie la baisse de production de viande ovine observée dans ces deux pays cet automne.

Royaume-Uni : le cours recule légèrement début décembre

En semaine 48 (se terminant le 3 décembre), la cotation de l’agneau britannique s’établissait à 6,76 €/kg, soit 44 centimes au-dessus de son niveau de 2022 à pareille époque, mais 53 centimes sous celui de 2021.
Comme en Irlande, l’été pluvieux a réduit la qualité des fourrages, rendant plus difficile la finition des agneaux, de même que la récolte et les stocks. Les abattages d’agneaux ont été retardés, ce qui pourrait peser sur le prix en fin d’année.

Sur 10 mois en 2023, la production britannique a légèrement reculé d’une année sur l’autre (-1%), à 235 000 t : les effectifs d’agneaux abattus ont augmenté, de +1%, tandis que ceux des réformes ont baissé de -1%. Les poids de carcasse ont reculé : mauvaise finition à cause du manque de fourrages de qualité.
Les abattages d’octobre sont les plus faibles des cinq dernières années, ce qui indique un resserrement général de l’offre (décalage des sorties car les agneaux ont été plus longs à finir).
Malgré une production en léger repli, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi de +10% sur 10 mois en 2023, par rapport à une année 2022 marquée par des exportations modestes (post-Brexit). Elles ont progressé vers la France (+17%), l’Allemagne (+15%) et les Pays-Bas (x2), mais ont reculé vers la Belgique (-5%) et l’Irlande (-35%).
Face à une demande ralentie – les ménages britanniques achètent toujours moins de viande d’agneau (-2% de novembre 2022 à 2023, selon Kantar) – les importations de viande ovine ont chuté, de -18% /2022 sur 10 mois, dont -25% en provenance de Nouvelle-Zélande, +6% d’Australie et +1% d’Irlande. Cependant les achats des Britanniques se redresseraient toutefois depuis cet automne (+3% /2022 sur septembre à novembre 2023).

Irlande : la cotation se maintient malgré un marché encombré

La cotation de l’agneau irlandais de la nouvelle saison, à 6,68 €/kg en semaine 48, a augmenté après des semaines de stabilité, puis est repassée sous son niveau de l’an passé (-0,07 €). Malgré un marché relativement lourd, faute d’exportations suffisantes, les abatteurs maintiennent les cours (choix « politique »).

Après une hausse au 1er semestre, les abattages d’ovins se sont repliés. Au total sur 10 mois en 2023, ils ont baissé de -1% /2022, à 2,6 M de têtes (+1% d’abattages d’agneaux à 2,3 M de têtes, mais -8% de réformes, à 351 000 têtes). L’alourdissement des carcasses d’agneaux (+4%) a par ailleurs engendré une hausse des volumes de viande ovine produits sur la période (+2% /2022). Avec 57 700 tonnes cumulés de janvier à octobre, la production de viande ovine est ainsi la plus élevée de la décennie.
Avec un été pluvieux, comme au Royaume-Uni, les fourrages récoltés sont de qualité médiocre ce qui entraîne une mauvaise finition des agneaux et retarde leur sortie. La production irlandaise devrait donc logiquement augmenter au 4ème trimestre 2023 et au 1er trimestre 2024.
Malgré cette production record, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de -5% /2022 sur 9 mois, dont -7% vers la France. Elles ont en revanche faiblement progressé de +1% vers le Royaume-Uni.

Espagne : le cours décolle

Face à un recul de la production automnale plus accentué que traditionnellement, le cours espagnol a intensifié sa hausse saisonnière, pour atteindre un niveau très élevé : en semaine 48, il s’établissait à 9,24 €/kg, soit 1,36 € au-dessus de son niveau de 2022 !

En 2022, de nombreux éleveurs avaient réformé prématurément leurs brebis pour faire face à une sécheresse historique, ce qui impacte fortement l’élevage ovin en 2023. Sur 9 mois en 2023, la production espagnole de viande ovine a chuté de -9% /2022, à 82 000 tonnes.
Face à des approvisionnements amoindris, les exports d’ovins vivants espagnols ont chuté, de -10% /2022 sur 9 mois, avec une baisse de -6% pour les agneaux et de -50% pour les réformes. Encouragés par une prime de 50 €/tête allouée par le gouvernement marocain à ses importateurs, dans le but de relancer l’élevage, le marché marocain s’est ouvert à l’Espagne en mars. En six mois, d’avril à septembre, près de 204 000 agneaux espagnols y ont été envoyés (soit 20% de tous les agneaux espagnols exportés).
Les exportations de viande ovine ont elles aussi logiquement baissé sur la même période, de -7% /2022, à 35 000 téc, dont -1% vers la France et +6% vers l’Italie.

Nouvelle-Zélande : des exportations stables

De janvier à octobre 2023, la production néozélandaise a augmenté de +1% /2022, à 360 000 téc. Les effectifs d’agneaux abattus étaient stables et ceux d’ovins adultes ont reculé de -4% /2022. Les carcasses destinées à l’export, d’agneaux comme d’ovins adultes, se sont alourdies de respectivement +2% et +3%, à 19,6 kgéc et 25,8 kgéc.
Sur 10 mois, les exports néozélandais de viande ovine se sont maintenus aux niveaux de 2022, à 345 000 téc. Les volumes exportés vers la Chine ont bondi de +11% /2022, à 180 000 téc. Ils ont en revanche fortement fléchi vers le Royaume-Uni (-20%, à 28 000 téc), la Malaisie (-56%, à 4 200 téc) et l’Allemagne (-25%, à 12 500 téc). Les envois vers l’UE-27 ont augmenté de +2% /2022, en premier lieu vers les Pays-Bas et la Belgique, totalisant 58 000 téc sur dix mois.
A partir de l’hiver austral (juillet/ août), la Chine s’est en partie détournée de l’agneau néozélandais au profit de l’agneau australien, moins cher… cette baisse des envois a pour effet de peser sur le marché néozélandais et donc sur les prix des agneaux (qui restent malgré tout plus chers que les australiens).

Record des exportations de viande ovine australienne

De janvier à octobre 2023, les exportations australiennes de viande ovine ont totalisé 280 100 tonnes, un record. C’est aussi le niveau le plus élevé d’envois vers la Chine, avec 78 000 tonnes.
La recapitalisation du cheptel ovin, après les sécheresses destructrices de 2020, a entraîné un important rebond du disponible qui pèse sur le prix des agneaux devenus très attractifs.