Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Les cours des veaux gras se maintiennent à de hauts niveaux depuis le début de l’année. Mais les coûts de production ne cessent de grimper : poudres de lait, céréales et gaz sont en très forte hausse ! Si la France ne dépend que faiblement des exportations ukrainiennes et russes de grains, les intégrateurs néerlandais s’inquiètent de possibles ruptures d’approvisionnement et doivent se tourner vers d’autres fournisseurs pour l’alimentation de leur bétail.

Les prix se maintiennent à des niveaux record

Le cours du veau rosé clair O élevé en atelier oscille autour de 6,50 €/kg de carcasse depuis le début de l’année, un niveau jamais égalé. A 6,54 €/kgéc en semaine 10, il a dépassé de +13% son niveau 2021 (+76 cts). Le maintien des cours à un niveau élevé est indispensable pour garantir la rentabilité des ateliers, alors que les coûts de production ne cessent de s’apprécier.

Le veau rosé clair R élevé en atelier cotait 6,88 €/kgéc en semaine 10. En légère baisse depuis le début de l’année (-7 centimes depuis la semaine 1), la cotation reste supérieure de 54 cts /2021 et de 59 cts /2020.

Pas de répit pour les coûts d’alimentation

Le cours de la poudre maigre a largement dépassé les 3 500 €/t, à 3 810 €/t en semaine 9 (+59% /2021). Quant à la poudre de lactosérum doux, elle s’est appréciée de +12% depuis le début de l’année et cotait 1 340 €/t en s9 (+51% /2021). La cotation du lactosérum s’est stabilisée ces dernières semaines, mais la forte demande chinoise dans un contexte de faibles disponibilités laitières devrait continuer de tirer les prix des produits laitiers à la hausse.

Les IPAMPA (indice mensuel des prix d’achat des moyens de production agricole) publiés par l’INSEE en janvier 2022 pour les aliments d’allaitement et des autres aliments ont poursuivi leur montée en flèche : 142 points pour les aliments d’allaitement (+29 points /2021) et 121,8 points pour les autres aliments pour veaux (+16 points /2021). Ils devraient continuer de s’apprécier en février-mars, dans le sillage des cotations. En effet, même si les intégrateurs sont peu directement dépendants du marché ukrainien pour leurs approvisionnements, ils en subiront les effets : outre la forte hausse des prix des céréales, le marché des huiles végétales, qui sont incorporées dans les aliments d’allaitement, est actuellement fortement perturbé dans la mesure où l’Ukraine et la Russie sont les premiers producteurs mondiaux de tournesol et exportent plus de 50% des huiles de tournesol et de tourteaux.

Après une hausse ininterrompue depuis mai 2021, l’IPAMPA du gaz s’était temporairement infléchi en janvier 2022. A 132,2 points, il avait baissé de -1,2 point en un mois. Dans les prochains mois, le prix du gaz pourrait être très fortement impacté si la communauté internationale décide de renforcer les sanctions économiques visant la Russie. Alors que plus de 40% des importations européennes de gaz naturel viennent de Russie (17% pour la France), certains pays européens demandent l’interdiction des importations de gaz russe. Pour le moment l’UE reste divisée sur cette question et aucune mesure n’est prévue à court terme.

Baisse de la production abattue en janvier

98 000 veaux ont été abattus en janvier 2022, en repli de -3,1% /2021 et de -12% /2020. Les mises en place de l’été dernier avaient été prudentes du fait du manque de visibilité sur l’évolution de la situation sanitaire. Le recul de la production est moins marqué (-1,2% /2021, à 14 000 téc) car les poids carcasse des animaux abattus sont restés très élevés en janvier (146 kg soit +3 kg /2021 et +3,5 kg /2020). L’âge à l’abattage était de 183,3 jours.

D’après les données Normabev, le recul des abattages s’est poursuivi en février avec 92 000 veaux abattus soit -3,8% /2021. Le poids carcasse a très légèrement reculé à 145,8 kgéc, tandis que l’âge moyen des animaux abattus progressait à 184,7 jours.

Pays-Bas : les intégrateurs redoutent des difficultés d’approvisionnements en grains

La cotation du veau de boucherie néerlandais a progressé ces dernières semaines : elle a atteint 5,73 €/kgéc en semaine 10 (+28% /2021 et +17% /2020). Les intégrateurs cherchent à maintenir les prix, face à la hausse continue des prix des matières premières ces derniers mois.

Au total, 1 398 000 veaux ont été abattus aux Pays-Bas en 2021, en recul par rapport à une année 2020 déjà marquée par une très forte contraction de la production (-1% /2020 et -6% /2019). La hausse des poids carcasse (+1% à 159 kg) a permis de maintenir la production à 223 000 téc (+0,4% /2020).

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur les importations d’aliments pour animaux inquiètent fortement la profession agricole néerlandaise, en particulier très dépendante des imports de maïs ukrainien (56% des volumes importés en moyenne sur la période 2018-2020). Les acheteurs cherchent des approvisionnements alternatifs, en provenance d’Amérique du Nord et du Sud.