Un décrochage de la collecte, qu’on pressentait, s’est amorcé en France en mars. Face à un repli du cheptel laitier si édifiant, il devenait inévitable que la collecte décline. Dans le sillage des autres pays européens, le prix du lait français a fléchi en mars.
Les exportations françaises de produits laitiers ne se portent pas mieux. En raison de moindres disponibilités laitières, les volumes exportés se sont de nouveau contractés au cours du premier trimestre 2023.
La collecte de lait en France dévisse
La collecte laitière s’est rétractée en mars de -3% /2022. Le début d’année avait déjà été marqué par un recul de -1,2% /2022, mais une chute plus prononcée est désormais observée en mars. Ce décrochage devrait perdurer en avril d’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer (-2,5 à -3% /2022). Et nos prévisions de collecte estiment des baisses similaires pour les prochains mois. Depuis 2015, on assiste à un recul du cheptel laitier avec un accroissement progressif de la perte des vaches année après année. Jusqu’à récemment, la collecte avait peu reculé. Dorénavant, la chute considérable des effectifs de vaches a un impact significatif sur le niveau de collecte.
Au 1er avril 2023, le cheptel de vaches laitières a de nouveau fléchi de -2,4% /2022. Depuis septembre 2022, la baisse des effectifs de vaches est comprise entre -2 et -2,5% par rapport à l’année précédente. En avril, les effectifs de vaches réformées ont pourtant fortement diminué (-7% /2022), mais le nombre d’entrées de génisses s’est aussi nettement réduit (-3% /2022).
La collecte de lait bio est également concernée par un repli notable : en mars, elle a baissé de -4,3% /2022. Le recul des achats des ménages de produits laitiers bio depuis 2021 oblige les collecteurs à sur-maitriser l’offre ce qui se répercute désormais sur la production nationale.
Le prix du lait amorce un repli en mars
En mars 2023, le prix du lait standard (toutes qualité) en France a atteint 470 €/1 000 l, en recul de -11€ comparé à février. Il reste toutefois plus élevé qu’un an auparavant (+63 €). Il suit avec moins d’ampleur la tendance baissière engagée depuis janvier dans l’UE. Les prix ont fortement décroché en Europe du Nord, après avoir atteint des sommets fin 2022. Les prix allemands, irlandais ou polonais se retrouvent en mars au niveau du prix français. D’après les premières estimations, le prix du lait en France aurait baissé d’environ -15 à -20 €/1 000 l entre mars et avril 2023.
Les charges en élevage ont amorcé un timide repli en mars d’après l’Ipampa lait de vache. Cet indicateur, qui n’intègre pas l’ensemble des charges, a diminué en mars de -0,4% /février 2023. Le prix des engrais recule depuis novembre 2022. Une légère baisse a été observée en mars sur le poste aliment (-0,4% /2022). Les postes énergies et aliments achetés devraient refluer dans les mois à venir. L’Ipampa lait de vache devrait ainsi poursuivre sa baisse.
Résultat : la marge MILC en France, estimée à 160 €/1 000 l en mars, a légèrement baissé, de -8 € d’un mois sur l’autre, sous l’effet de la baisse du prix du lait. Le produit des ventes d’animaux a quant à lui légèrement progressé. Les charges, comme évoqué, ont très légèrement diminué. Sur un an, la MILC a augmenté de +57 €/1 000 l. La hausse du produit lait (+67 € /2022) et celle des autres produits (+7 €) ont largement compensé l’augmentation des charges (+18 €).
Les exportations laitières françaises poursuivent leur repli
Face à des disponibilités laitières plus réduites, les volumes exportés de produits laitiers ont continué à baisser au cours du premier trimestre 2023. Excepté pour les crèmes (+14% /2022), les yaourts (+4%) et le lait infantile (+22%), les exportations de tous les autres produits ont diminué. Les exports de fromages, en tête des produits laitiers exportés, ont connu une baisse de -6% /2022 et le lait vrac de -7%. Les exports d’emmental, de fromages fondus, de Saint Paulin et de brie sont en recul. Cependant en gouda, fromages râpés et camembert, les volumes exportés ont progressé. La France ne s’inscrit pas dans la tendance européenne où une forte reprise des exportations en volume est observée, avec un mois de mars en nette hausse. Les exportations françaises ont toutefois progressé en valeur (+12% /2022 à 2,3 Mrds d’€).
Rappelons qu’en 2022, les exportations (mesurées en équivalent lait) ont fléchi en volume de -5% /2021 et ont écoulé l’équivalent de 41% de la collecte nationale de lait de vache.
Les importations ont progressé en volume sur les principaux produits importés : stable en fromages, +10% /2022 en beurre, +4% en crème et +22% en lait vrac. En valeur, les importations se sont appréciées de +17% /2022. La balance commerciale s’est établie à +826 millions d’€ sur le premier trimestre de l’année, en légère progression (+3% /2022). Corollaire de 2022, la valeur des produits exportés, composés surtout de produits finis, baisse moins vite que celle des produits importés, composés principalement d’ingrédients laitiers
Le solde est excédentaire pour tous les produits laitiers à l’exception du beurre dont le déficit commercial a bondi au premier trimestre de +39% à -183 millions d’€. Le solde commercial en laits infantiles (+248 millions d’€) s’est nettement apprécié (+66% /2022) avec la hausse des exportations.