Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

En début d’année 2020, la production dans les principaux bassins exportateurs, Nouvelle-Zélande exceptée, est orientée à la hausse. Mais la diffusion du Covid-19 sur l’ensemble des continents et les perspectives pessimistes en Australie pourraient freiner cette dynamique.

États-Unis : poursuite de la hausse de production

En janvier 2020, la production laitière étatsunienne s’est inscrite dans la tendance haussière de la fin de l’année 2019 (+0,9% /2019) et enregistre un nouveau record en volume.

Cette progression repose d’une part sur un cheptel qui a quasiment retrouvé son effectif de l’an dernier à 6 000 têtes près (-0,1% /2019) alors que la baisse atteignait près de 1% (-89 000 têtes) 8 mois auparavant. D’autre part, sa productivité a également progressé (+1% /2019).

Si le prix du lait a enregistré en janvier un deuxième recul consécutif, à 432 $/t (389 €/t)), il reste à un niveau bien plus élevé que celui de début 2019 (+18%). La marge sur coût alimentaire a reculé en janvier (-10% d’un mois sur l’autre), mais demeure encore incitative pour les éleveurs étatsuniens (+39% /2019 à 236 $/t).

Australie : légère hausse de la production en début d’année

Contrairement à que l’on aurait pu anticiper, les feux de brousse, qui ont ravagé une partie du pays en début d’année, n’ont pas engendré, en janvier 2020, une nouvelle baisse de la production laitière en deçà du niveau déjà très faible de l’année 2019. La production australienne affiche même une légère hausse sur le premier mois de l’année (+0,5% /2019). Sur les sept premiers mois de la campagne laitière australienne, le recul demeure cependant important (- 3,7% /campagne précédente à 5,78 millions de tonnes).

La hausse enregistrée en ce début d’année tient essentiellement à la bonne dynamique dans les deux principaux États laitiers (Victoria et Tasmanie) qui surcompensent la baisse enregistrée dans le reste du pays. Plus de 100 000 ruminants (bovins et ovins) auraient péri dans les incendies. La production en Nouvelles-Galles du Sud, fortement impactée par les feux en janvier, a chuté de -3,9% /2019 et ne devrait pas se rétablir de sitôt.

Cette stabilisation ne doit pas non plus masquer les difficultés que connaissent de nombreux éleveurs, compte tenu de la hausse des coûts de production (eau, aliments du bétail), malgré un prix du lait relativement élevé. La situation économique difficile dans l’État d’Australie Occidentale semble en effet pousser un nombre croissant d’éleveurs à cesser l’activité laitière et vendre leurs animaux. Même peu touchée par les incendies, la production dans l’État du Queensland poursuit son déclin et certaines entreprises, comme Lactalis, ferment certains sites de transformation et limitent les fabrications dans d’autres.

La stabilisation de la production laitière parait fragile. Les experts laitiers australiens prévoient un nouveau recul en 2020 et 2021.

Nouvelle-Zélande : les conditions météorologiques affectent la production

En janvier, la production néozélandaise a enregistré un deuxième recul consécutif en volume (-0,7% /2019), mais poursuit sa hausse (+1,1%) en termes de matière sèche utile (MSU). Sur les 8 premiers mois de la campagne, la collecte a reculé en volume (-0,5% /campagne précédente) mais a progressé en MSU (+0,5%).

La baisse des volumes tient aux conditions météorologiques difficiles. Les précipitations se font rares dans l’île du Nord depuis de nombreuses semaines et des inondations sont rapportées dans l’île du Sud. La production devrait être affectée jusqu’à la fin de la campagne et Fonterra a annoncé une prévision de collecte de MSU en recul de -0,5% par rapport la campagne précédente.

Malgré les premiers effets du coronavirus sur les prix des produits laitiers, la Chine étant le premier client de la Nouvelle-Zélande, Fonterra n’a pas révisé à la baisse le prix prévisionnel sur la campagne 2019/2020, compte tenu du recul de production attendue : de 7,00 à 7,60 NZD / kg d’ingrédients laitiers, auquel se rajoute un dividende de 15 à 25 cents par part sociale.

Argentine : collecte dynamique

En janvier, la production argentine a enregistré un 7ème mois consécutif de hausse (+5% /2019). Les conditions météorologiques semblent favorables, de même que la hausse des cours (+3% d’un mois sur l’autre et +79% /2019 inflation comprise). Avec un prix du lait à la ferme relativement élevé et de coûts d’alimentation encore maîtrisés, la production laitière est redevenue rentable. En 2020, elle pourrait progresser de +2% /2019 selon les experts argentins.

Tirée par l’UE 28 et les États-Unis, la collecte dans les principaux bassins excédentaires aurait progressé de +1% en janvier à 25,6 millions de tonnes, soit un nouveau record historique à cette période de l’année.