Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Le cours de l’agneau a atteint un nouveau record pour Pâques 2023. L’offre, modeste, était finalement au niveau voire légèrement au-dessus de la demande : les consommateurs étaient aux achats pour Pâques, mais dans une moindre mesure que les années précédentes. Les prochains mois pourraient s’annoncer compliqués pour les éleveurs, entre charges élevées et possible sécheresse estivale, qui pourraient conforter le phénomène de décapitalisation à l’œuvre depuis quelques mois.

Nouveau record de la cotation, malgré le contexte économique

En semaine 14 de 2023 (se terminant le 9 avril dimanche Pâques), la cotation atteignait 8,55 €/kg . Elle s’établissait tout de même +0,88 €/kg au-dessus de son niveau de l’an passé la même semaine et +0,48 €/kg au-dessus de la semaine de Pâques 2022 (semaine 15).

Depuis le début de l’année, la baisse des abattages soulage le marché, face à une demande particulièrement atone. Ils ont augmenté de façon saisonnière à l’approche du Ramadan puis de Pâques, mais sont demeurés modestes. Selon les professionnels de la filière, cette offre quelque peu restreinte aurait suffi à couvrir la demande des consommateurs pour Pâques, bien plus timide cette année.
L’IPAMPA ovin viande est quant à lui resté élevé en février 2023, à l’indice 137,8, soit 17 points au-dessus de son niveau de février 2022. La très forte augmentation des indices énergie et lubrifiants (+9% / 2022), aliments achetés (+21%), mais aussi engrais (+7%) expliquent la hausse de l’indice synthétique de l’IPAMPA.

L’offre en repli concorde avec une demande plus timide pour Pâques

Selon Agreste, les abattages d’ovins ont atteint 11 000 téc sur les deux premiers mois de l’année, en baisse de -10% /2022. La hausse des réformes de +5% (à 72 000 têtes) n’a que partiellement contrebalancé l’allègement de leurs carcasses, (-1,1 kgéc) et le net repli des abattages d’agneaux (- 11%, à 489 000 têtes). La sécheresse et l’inflation ont poussé les éleveurs à faire des arbitrages, et nombreux sont ceux qui ont choisi de réduire leur cheptel.
Les commandes aux abatteurs ont été tardives pour Pâques cette année (davantage qu’en 2022) en raison de la prudence des distributeurs confrontés à l’incertitude sur le comportement d’achat de leurs clients. Selon Ovinfos, les abattages ont décollé deux semaines avant Pâques et les volumes produits ont été inférieurs à ceux des années précédentes, en agneaux comme en ovins adultes, les réformes ayant été particulièrement dynamiques depuis le 2nd semestre 2022. Si certains abatteurs ont fini Pâques avec des frigos vides, d’autres n’ont pu écouler la totalité de leur marchandise.

Face à la baisse des achats des ménages début 2023 (traditionnelle à cette période de l’année et accentuée par l’inflation), les importations d’agneaux vivants ont légèrement baissé en janvier (-2% /2022 soit – 150 têtes), tandis que les envois d’agneaux ont dans le même temps bondi (+24% /2022, soit + 9 400 têtes).

Les importations de Nouvelle-Zélande repartent à la baisse

En janvier 2023, les importations françaises de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, mais de façon plus modérée que précédemment, de +2% /2022, à 6 000 téc. Elles sont restées ralenties, en recul de -11% comparé à la moyenne 2015-2019 (avant la pandémie de covid-19).
Les achats ont de nouveau progressé en provenance du Royaume-Uni (+6% /2022), d’Irlande (+10%) et d’Espagne (+7%), mais ont nettement chuté en provenance de Nouvelle Zélande (-33% /2022).

Le disponible français fléchit en janvier 2023

En janvier 2023, avec des abattages français en net retrait et des importations de viande ovine qui ont ralenti leur croissance, le disponible français a fléchi, de -4% /2022, et de -9% par rapport à la dernière moyenne quinquennale.