Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

La collecte de lait en France retrouve du dynamisme en 2024 mais cette reprise reste encore limitée. Le recul du cheptel laitier continue de ralentir tandis que le prix du lait se maintient autour de 450 €/1 000l.

La collecte repart à la hausse…

Le début d’année s’est révélé plus favorable à la production laitière française, après une année 2023 en fort repli. Le mois de février a affiché une progression de la collecte, +0,5% /2023, effet année bissextile neutralisé. Sur 2 mois, la hausse de collecte reste modérée à +0,1% /2023. Ramenée en MSU, la collecte a augmenté de +0,4% /2023, grâce à l’amélioration des taux. A noter toutefois, une dégradation du taux de matière grasse en février alors que les taux en matière protéique continuent de s’améliorer.

La région Grand Est connait la plus forte dynamique positive de production avec une collecte en hausse de +3,7% /2023 sur les 2 premiers mois de l’année. Après une année en fort recul, marquée par des fourrages récoltés en 2022 très peu qualitatifs, la collecte en Pays de la Loire s’est redressée (+1,6% /2023) bénéficiant de maïs ensilage de 2023 très lactogènes. En Bretagne et dans les Hauts de France, la hausse a été plus modeste (+0,3%).

D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, la collecte en mars 2024 augmenterait de +0,8% /mars 2023. Les fortes pluies depuis octobre ont retardé la mise à l’herbe des vaches à avril. Parfois, les vaches ont été mises au pâturage plus tôt mais ont dû être rentrées en stabulation lorsque les sols n’étaient pas portants. Les parcelles qui n’ont pas pu être déprimées risquent de voir leur valeur alimentaire diminuer. Par ailleurs, ces conditions météo difficile ont conduit à une réduction des surfaces cultivées en céréales à paille, ce qui pourrait renchérir le prix de la paille en 2024.

…mais les collectes en lait bio et en lait AOP sont en net recul

Pour la première fois en 2023, la collecte de lait bio en France a sévèrement reculé (-4,5% /2022). Et sur janvier et février, la tendance se poursuit avec plus de 5% de repli, effet année bissextile pris en compte. La consommation ralentie des produits laitiers bio, les arrêts de certification en bio, l’impact du climat sur la qualité des fourrages jouent défavorablement sur le marché du lait bio.

La collecte de lait AOP serait en fort recul en 2023 (volumes en retrait de plus de 5% – Source FranceAgriMer). Et cette tendance persiste sur le début d’année avec la même dynamique de baisse (autour de -5% /2023). La diminution du cheptel laitier, affectée par la baisse démographique du nombre d’éleveurs, mais aussi la moindre productivité des vaches seraient des éléments explicatifs. La qualité des fourrages d’herbe n’a pas été bonne en 2023, caractérisée par une faible valeur alimentaire des foins. Cette qualité dégradée des fourrages continue d’affecter le niveau de collecte sur la première partie d’année.

Un repli moins marqué du cheptel

Le cheptel de vaches laitières s’est replié de -1,6% en mars 2024 /2023 et a atteint 3,34 millions de têtes. Bien que le recul persiste, il est plus modéré ces derniers mois.  Sur le début d’année, on observe une progression des entrées de génisses (+2% en janvier et +4% en février).

Le prix du lait maintient le cap à 450 €/1000 l

En février 2024, le prix du lait standard (toutes qualités) en France a atteint 453 €/1 000 l dans la continuité des mois précédents. Ce prix est inférieur de -27€ à celui de février 2023 (-5,7%). Ces niveaux de prix devraient se maintenir dans les mois à venir.

Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production), ont été quasi stables en février 2024 d’un mois sur l’autre (+0,3%) et en recul de -5,5% / février 2023. Le recul des charges alimentaires se poursuit mais une hausse des postes énergie et frais vétérinaires est à souligner.

La marge MILC, estimée à 148 €/1 000 l en février, a reculé de -2,5 € d’un mois sur l’autre sous l’effet d’un léger recul du produit lait, d’une amélioration du produit de la vente des animaux (hausse des cotations) et d’une faible hausse des charges. La MILC a reculé de -20 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a baissé de -35 €, ainsi que les co-produits viande (-7 €), mais les charges se sont aussi réduites (-22 €).